Constat d’une explosion annoncée
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L’effet de surprise ne pourra être invoqué : il y a des mois que l’hypothèse d’une prolongation ou d’un renouvellement du mandat du président Kabila n’agite pas seulement l’opposition mais divise profondément la majorité présidentielle. Emanant de piliers du régime, les mises en garde n’ont pas manqué et les services de renseignement avaient signalé que la moindre étincelle pouvait mener à une explosion de colère populaire. La seule annonce d’un probable « glissement » de la date des élections a suffi à provoquer de violentes démonstrations à Kinshasa mais aussi à Goma et ailleurs dans le pays. Comme on pouvait le prévoir, l’opposition a appelé à manifester, mais elle s’est avérée incapable d’assurer le service d’ordre et de canaliser une foule en colère, qui s’est trouvée prise sous le feu des forces de police.
Même si la violence de l’explosion ne surprend guère, elle pose question : pourquoi un tel mécontentement, une aussi profonde aspiration au changement, alors que le pouvoir actuel est sans doute celui qui, depuis l’indépendance, a le plus œuvré pour la reconstruction et la modernisation du pays ? Certes, il y eut déficit de communication, manque de charisme et d’éloquence et les chiffres glorieux de la croissance, les références macro économiques si souvent invoquées n’ont pas masqué le creusement des inégalités, l’arrogance des nouveaux riches qui ne le cédaient en rien aux prédateurs d’hier.
A certains égards le Congo d’aujourd’hui peut faire songer à la France de Marie Antoinette : Louis XVI n’était pas le pire des rois et le peuple vivait plutôt mieux sous son règne. Mais les révolutions n’éclosent pas au fond du gouffre, au plus noir de la guerre et de la misère, lorsque le seul impératif est celui de la survie. Elles éclatent lorsque, la tête à peine sortie de l’eau, les manants découvrent que ceux qui les gouvernent vivent dans un luxe insolent et se sont enrichis au delà du raisonnable.
Au Congo aussi, les progrès ont été réels, mais très lents et ils ont creusé les inégalités au lieu de les combler ; le sentiment de pauvreté, d’exclusion s’est aiguisé, en particulier auprès d’une jeunesse qui a étudié à force de sacrifices mais sans trouver de réels débouchés.
Avec ses dix millions d’habitants soumis à des taxes et des lois nouvelles, mais sans avoir réussi à échapper à la précarité, Kinshasa, métropole en transition, représente une bombe en puissance. Pour répondre aux impatiences populaires, le régime demandait un peu de temps encore, mais la rue a donné sa réponse.
Même si la violence de l’explosion ne surprend guère, elle pose question : pourquoi un tel mécontentement, une aussi profonde aspiration au changement, alors que le pouvoir actuel est sans doute celui qui, depuis l’indépendance, a le plus œuvré pour la reconstruction et la modernisation du pays ? Certes, il y eut déficit de communication, manque de charisme et d’éloquence et les chiffres glorieux de la croissance, les références macro économiques si souvent invoquées n’ont pas masqué le creusement des inégalités, l’arrogance des nouveaux riches qui ne le cédaient en rien aux prédateurs d’hier.
A certains égards le Congo d’aujourd’hui peut faire songer à la France de Marie Antoinette : Louis XVI n’était pas le pire des rois et le peuple vivait plutôt mieux sous son règne. Mais les révolutions n’éclosent pas au fond du gouffre, au plus noir de la guerre et de la misère, lorsque le seul impératif est celui de la survie. Elles éclatent lorsque, la tête à peine sortie de l’eau, les manants découvrent que ceux qui les gouvernent vivent dans un luxe insolent et se sont enrichis au delà du raisonnable.
Au Congo aussi, les progrès ont été réels, mais très lents et ils ont creusé les inégalités au lieu de les combler ; le sentiment de pauvreté, d’exclusion s’est aiguisé, en particulier auprès d’une jeunesse qui a étudié à force de sacrifices mais sans trouver de réels débouchés.
Avec ses dix millions d’habitants soumis à des taxes et des lois nouvelles, mais sans avoir réussi à échapper à la précarité, Kinshasa, métropole en transition, représente une bombe en puissance. Pour répondre aux impatiences populaires, le régime demandait un peu de temps encore, mais la rue a donné sa réponse.