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POLITIQUE23 AVRIL 2015
M23 : la RD Congo de nouveau piégée
Des officiels congolais séjournent en territoire rwandais en vue de discuter, avec des ex-combattants de l’ex-M23 toujours réfractaires au rapatriement, des conditions de leur possible retour dans leur mère patrie, la République Démocratique du Congo. Des informations diffusées par des médias périphériques font état des préalables que brandissent de nouveau ces criminels, dont certains ont bénéficié d’une loi d’amnistie limitée dans le temps.
L’opinion interne est étonnée d’apprendre que plusieurs semaines après l’expiration du délai butoir pour les ex-rebelles éligibles à l’amnistie, ceux-là mêmes qui avaient refusé de se manifester pour en jouir, sortent aujourd’hui du bois pour réclamer une faveur bafouée pour des raisons qui leur sont propres. L’on a du mal à comprendre la présence d’une délégation officielle congolaise de l’autre côté de la frontière avec le Rwanda pour « négocier » avec des individus qui, non seulement n’avaient pas accepté de se faire rapatrier quand il était encore temps, mais surtout, avaient craché sur les déclarations de Nairobi, en refusant de participer, l’année dernière, aux séances d’évaluation programmées à Kinshasa dans le cadre de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs).
Ce nième round de contacts avec l’ex-M23 est perçu par nombre d’observateurs comme un piège tendu au pouvoir en place à Kinshasa par ses voisins qui refusent de voir mourir de sa belle mort de cet ancien mouvement rebelle. L’on se demande quels dividendes politiques ou sécuritaires la RDC va-t-elle tirer d’une démarche qui a tout l’air d’une marche- arrière dans la construction d’une paix durable dans sa partie Est. Nombre de compatriotes avaient déjà préconisé, en son temps, la paix des armes face à une rébellion qui ne respectait rien. C’est ce qui avait finalement été fait en octobre 2013, après que les décideurs politiques se sont rendu compte, sur le tard, que l’option politico-diplomatique était sans issue.
Aussi, c’est le lieu de dénoncer le double jeu consistant à clamer d’un côté que le sort des ex-combattants de l’ex-M23 non éligibles à l’amnistie devrait être réglé par les instances judiciaires nationales et, d’autre part, à prêter de nouveau l’oreille à leurs revendications contenues dans des documents dont ils n’ont jamais appliqué la moindre résolution. Bien au contraire, contrairement à leur engagement d’abandonner la lutte armée, ils préparent activement, au jour le jour, à partir de leurs camps d’entrainement en Ouganda et au Rwanda, des projets d’une nouvelle invasion militaire de la RDC.
Si Kinshasa pouvait imposer le respect à ses voisins.
Si ta réforme de l’armée nationale, telle que préconisée par les participants au Dialogue intercongolais en 2002-2003, avait obéi au chronogramme arrêté à l’époque, à savoir sa mise en œuvre en l’espace des 24 ou 36 mois de la période de Transition, sous le fameux régime 1+4, Kinshasa ne pouvait pas faire profil bas, face à des voisins éternellement belliqueux, dans la gestion des mouvements rebelles perturbateurs de la paix. Si le grand Congo pouvait disposer des « Brigades de choc », des avions de chasse « Mirage » et autres « Macchi » alias « Sukisa », des bâtiments de guerre comme à l’époque de Mobutu, dans toute sa grandeur de « gendarme de l’Afrique Centrale », la peur se trouverait dans le camp du Rwanda et de l’Ouganda, ainsi que des mouvements rebelles qu’ils instrumentalisent.
Mais à cause de l’absence d’un dispositif de défense digne de respect, notre pays donne la désagréable impression de tout faire pour éviter que Kigali et Kampala ne s’énervent. L’exhumation du dossier de l’ex-M23, que pourtant tout un peuple commençait à oublier, est un douloureux retour en arrière. C’est comme si sans un énième compromis politique avec des résidus de cette rébellion, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu ne retrouveraient jamais le chemin d’une paix durable. En tous les cas, si le prix à payer pour ce faire est d’élargir l’amnistie à d’autres criminels du M23, des millions de compatriotes souhaitent en être pleinement informée.
Mais à cause de l’absence d’un dispositif de défense digne de respect, notre pays donne la désagréable impression de tout faire pour éviter que Kigali et Kampala ne s’énervent. L’exhumation du dossier de l’ex-M23, que pourtant tout un peuple commençait à oublier, est un douloureux retour en arrière. C’est comme si sans un énième compromis politique avec des résidus de cette rébellion, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu ne retrouveraient jamais le chemin d’une paix durable. En tous les cas, si le prix à payer pour ce faire est d’élargir l’amnistie à d’autres criminels du M23, des millions de compatriotes souhaitent en être pleinement informée.
Le fâcheux précédent de la révision de la frontière
L’on ne peut pas ne pas s’agiter face à un nouveau feuilleton de « négociations » entre Kinshasa et le M23, dès lors qu’un fâcheux précédent est encore frais dans les mémoires, à savoir celui de la révision de la frontière entre la RDC et le Rwanda. En effet, des sources officielles ont indiqué, peu avant l’ouverture de la session parlementaire de mars 2015, que la Commission mixte congolo-rwandais s’était mise d’accord sur la pose de nouvelles bornes pour délimiter la frontière commune.
Lorsque l’on retourne un tel dossier dans tous les sens, la pénible leçon à en tirer est que Kinshasa a accepté la remise en question de la frontière entre les deux Etats, telle que définie à Berlin en 1885. Le retour de la RDC à la table des négociations, pour débattre d’une frontière réputée intangible, sur pied d’une vieille Résolution de l’Union africaine encore en vigueur, s’apparente à un aveu de faiblesse. Cela est d’autant troublant qu’un problème d’aussi grande importance pour la souveraineté nationale, a été traité entre « initiés », à l’insu de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Pourquoi les défenseurs de la cause du Congo dans ce dossier n’ont-ils pas sollicité les avis et considérations des députés et sénateurs ? C’est suspect… comme l’est la nouvelle main tendue en direction du M23.
Par Kimp