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Le général Alphonse BIKWETO

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Le général est mort, vive le général !
Les habitants du quartier Jamaïque dans la commune de Kintambo, au Nord Ouest de la Ville-province de Kinshasa ont passé un réveillon de Noël cauchemardesque : Un général de l’armée régulière est assassiné à quelques mètres de sa résidence : Coups de feu et tirs nourris ont fait terrer les fêtards chez eux. Qu’est-ce qui s’était vraiment passé ? Qui était ce général ? Est-on en face d’un crime crapuleux ou commandité ? Après plusieurs recoupements d’informations recueillies, les lignes qui suivent tentent d’y répondre.
 
BIK au camps tshiatshi
 
Colère, compassion et fierté. Difficile de décrire le sentiment d’un Congolais lambda, à l’annonce de l’assassinat, le 24 décembre dernier, du général Alphonse Bikweto, commandant du centre d’entrainement de Kota-koli en la province de l’équateur.  Abattu dans une rue de Kinshasa par des hommes armés non autrement identifiés, cet officier était pressenti à l’état major des forces terrestres pour organiser l’offensive contre la rébellion du M23 qui sévit dans le Nord-Kivu.
Cet assassinat soulève des inquiétudes après le discours du Président Kabila, le 15 décembre, devant les parlementaires réunis en congrès qui plaçait la défense du pays en priorité des priorités.  Comment atteindre ce but si des fins techniciens et instructeurs de la trempe des généraux comme Bikweto, Budja Mabe, Mahele et etc. qui disparaissent sans que l’on élucide les causes de leurs décès ?
Non, il n’y a pas que des mauvais chefs parmi les officiers de l’armée congolaise (FARDC). Le général Bikweto incarnait l’exception. Son cursus en témoigne : après sa formation aux Etats-Unis dans les rangs des forces spéciales (Rangers) de l’armée américaine, il a exercé en tant qu’instructeur dans plusieurs centre d’entraînement au pays.
 
Retour sur les faits
A gauche Cabine Snel, parasol bleu cambiste et à droit au coin du pavement l'endroit où il attendait la reparation du courant assit
Le lieu du crime. Devant cette boutique à la porte rouge
Lundi 24 décembre. Quartier Jamaïque dans la commune Kintambo. Il est 21 heures. Le général Bikweto est en promenade. Il revient de la commune voisine, Bandalugwa. Il est à pied sans escorte. D’habitude, il en a quatre. Ce jour-là, l’état major lui a envoyé un garde du corps. A 100 mètres de sa résidence, sur l’avenue Bompete, il fait une halte devant une boutique/bistrot. En face de lui, une cabine électrique et des changeurs de monnaie. Le quartier est dans le noir. Des bricoleurs essaient de rétablir du courant. Le général les observe, assis sur une chaise en plastique.
Soudainement, trois personnes surgissent et tentent de racketter les cambistes, juste devant l’officier. Normal, le général réagit en interpelant les malfrats : « Eh vous-là, venez par ici ! ». Refus d’obtempérer. L’un deux réplique : « Qui êtes-vous ?». L’officier ne finira pas de s’expliquer avant que l’un d’entre eux sorte son arme et tire droit sur le général.  Une balle à la jambe droite et une deuxième au niveau du thorax.  Le général Bikweto tombe à terre. Les assassins s’approchent du corps, le fouillent et récupèrent son revolver et la carte biométrique d’officier militaire. Trop tard pour le seul garde du corps commis à sa résidence d’intervenir à quelques mètres de là. Il surprend tout de même les assassins sur le lieu du crime. Ils échangent des tirs. L’un d’eux sera touché, mais vite ses compagnons – en réalité, ils étaient plus de trois car les autres sortaient de leurs cachettes – sont revenus à son secours pour le relever en tirant des coups de feu nourris, afin d’empêcher aux habitant de sortir de leurs maisons.  Le général succombera à ses blessures à 22 heures.
Les démons de la « Rwandophonie »
BIK sur terrain(2)
Bikweto, formateur de la marine congolaise
Le général défunt étant originaire du Nord-Kivu et du territoire de Rutshuru, vu le contexte politique que traverse la République démocratique du Congo, chacun a sa petite idée sur les motifs de ce crime. Les médias aussi. Certain ont avancé l’hypothèse d’un assassinat planifié, d’une exécution politique. Selon les proches du général défunt interrogés par RFI « L’assassinat viserait l’exécution de leaders hutus-congolais pour discréditer le gouvernement congolais en l’accusant de faire la chasse à tous les rwandophones ». Dans son papier du jour, le correspondant de RFI chute : « Cette stratégie devrait permettre une balkanisation de la RDC, par la création d’une province où ne vivraient que hutus et tutsis » .
Le général était-il d’expression kinyarwanda ? Faux. Né à Lubumbashi le 26 janvier 1948 au Camp Major Massart – actuellement Camp Vangu – son père, le sergent Ferdinand Bikweto est originaire de la province du Nord-Kivu, groupement de Busanza, chefferie de Bwisha et territoire de Rutshuru. Le groupement de Busanza est adossé à l’Ouganda. La langue parlée est le Kisanza, une variante du Kihutu parlé en Ouganda.
Digne fils au service de la patrie
A gauche BIK reçoit Kabila 30Juin2003 à Mbandaka
Bikweto, Recevant Joseph KABILA le 30 juin 2003 à Mbandaka
L’assassinat du général Alphonse Bikweto n’est pas à lire dans la perspective d’un officier militaire de « l’Est » tué à « l’Ouest ». Ce serait une lecture fausse et un raccourci facile  visant à la fracture inutile du pays. Le présenter comme un congolais « d’expression kinyarwanda » par le temps qui court n’est ni plus ni moins donner des armes aux rebelles du M23 qui assiègent depuis plus de neuf mois le village de la victime. C’est aussi renforcer la thèse selon laquelle, les militaires originaires de ce coin de la république seraient en insécurité et donc, impossible pour eux de quitter l’Est du pays pour aller travailler ailleurs. Présenter tel l’illustre disparu sous-entendrait aussi qu’il était de mèche avec M23 alors qu’en réalité, il n’en est rien.  Cette présentation erronée du défunt général risquerait de brouiller les pistes et ternir l’image de ce digne fils du pays qui a travaillé sous le drapeau congolais depuis  bientôt quarante six années.
Contrairement aux rebelles du M23 qui refusent de quitter le Nord-Kivu,  craignant pour  leur sécurité à l’Ouest du pays, le général Bikweto est un modèle en la matière : Il a travaillé avec bravoure partout au  Congo sauf dans sa propre province et il n’en a jamais fait un motif de la rébellion et un fond de commerce.
Crime crapuleux ou commandité?
à droite après la réunion au camps tshiatshi
Le Général Bikweto, après une réunion au Camp Tshatshi
Une chose est sûre cependant : Si ce crime est crapuleux, c’est que le général se trouvait, cette nuit-là, au mauvais moment et au mauvais endroit.  Si, par contre, il est commandité, ce crime  pourrait être  l’œuvre des certains hauts gradés de l’armée congolaise, ces ennemis de la nation qui ne veulent pas entendre parler du changement de la chaîne de commandement à l’est de la RDCongo. A voir de plus près le curriculum vitae du général défunt,  il n’y avait que les officiers de cette  trempe dpour mener à bien l’assaut en vue de libérer le territoire de Rutshuru aux mains des rebelles. Pareille nomination, si cela était en vue  – ne sait-on jamais !- pourrait susciter des jaloux au sein de la hiérarchie militaire congolaise. Le général Bikweto a formé nombre de généraux et colonels actuels de l’armée régulière qui ont suivi le cursus normal. Les jaloux seraient à compter  dans les rangs des incompétents, ces hauts gradés sans études militaires approfondies requises.
Tout compte fait, il revient maintenant à la justice militaire de faire son travail en menant à bien ses enquêtes pour éclairer l’opinion tant nationale qu’internationale sur ce crime. C’est à elle de nous préciser si l’on est en face d’un crime crapuleux ou commandité et par qui ?
Nous croyons dur comme fer que la farde de ces enquêtes ouvertes sur l’assassinat du général ne viendra pas se poser sur les piles d’autres fardes d’enquêtes ouvertes avant celles-ci.
Par Christian Muta
 
 
 
-- 
Fr Jérôme PALUKU, OCD

Tel +265 99 13 20 210 


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