Quantcast
Channel: Une nouvelle Afrique voit jour
Viewing all articles
Browse latest Browse all 7879

Les congolais de l'étranger impliquent pour l'application de l'Accord de la CENCO

$
0
0
Accord de la Saint-Sylvestre
Avis, doleances et recommandations de la CCE
aupres de la CENCO
Ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo […]
Je sais et je sens au fond de moi-meme que tot ou tard
mon peuple se debarrassera de tous ses ennemis
interieurs et exterieurs […] pour reprendre
sa dignite sous un soleil pur.

Patrice-Emery Lumumba, Derniere lettre a sa femme.


« La verite exposee au grand jour force la conviction,
et la conviction inspire les actions ».

Robespierre.


A. PREAMBULE : LES CONSIDERANTS

Nous, Congolais, membres et sympathisants de la Convention des Congolais de l’Etranger, en sigle CCE, amis du Congo, apres avoir pris acte et organise entre nous un debat a la fois police et anime sur le bien-fonde de l’Accord de la Saint-Sylvestre, du Dialogue II, conclu par les parties prenantes au Centre interdiocesain de Kinshasa sous la mediation de la Conference episcopale nationale du Congo (CENCO) notamment sous le leadership de son President et de son Vice-President ; 

1. Considerant que les pourparlers du Centre interdiocesain ont ete inities dans le but d’entrainer les Congolais a resoudre la crise politique decoulant de l’impasse electorale mettant dans l’illegitimite et l’illegalite les animateurs des institutions politiques nationales arrives fin mandat, a commencer par le sommet de l’Etat ;

2. Conscients des menaces que les divisions de la classe politique de notre pays, face aux defis de l’heure, font peser sur la paix, l’unite nationale, la cohesion sociale et l’integrite territoriale dans un Etat postconflit comme le notre ;

3. Attendu que ledit Accord a pour finalite d’arriver en fin de compte a permettre une fois pour toutes l’organisation des elections presidentielle et legislatives nationales et provinciales d’ici la fin de l’annee 2017, conformement aux nouveaux delais impartis, elections qui doivent etre « democratiques, transparentes, credibles et apaisees », selon la formule consacree ;

4. Souhaitant qu’a travers cet Accord, l’inclusivite cette fois obtenue de l’implication sur place de toutes les composantes de la societe congolaise, a savoir la Majorite politique sortante, l’Opposition et la Societe civile, degage la base d’une comprehension harmonisee des dispositions sensibles de notre Constitution, depassant les lignes de fracture ideologiques, en vue de mettre fin aux chamailleries en preservant l’interet superieur de la Nation ;  

5. Constatant malgre tout, en cette circonstance comme dans d’autres, la non-representation de la Diaspora congolaise aux pourparlers ayant debouche sur l’Accord et, par consequent, la non-consideration de sa specificite sociologique au sein de la Societe civile nationale, malgre son intention assumee et maintes fois exprimee de ne pas rester en marge de la marche de la Republique ;  

6. Considerant que, pour une paix durable, la recherche de solution a la crise politique congolaise doit se faire en harmonie avec la Constitution de la Republique, notre Loi fondamentale, l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, les resolutions du Conseil de Securite des Nations Unies sur le Congo, notamment la Resolution 2277 et d’autres instruments juridiques nationaux et internationaux pertinents ; 

7. Connaissant la mediocrite – c’est un euphemisme – de notre classe politique et le risque que nous pouvons craindre a juste titre de voir les responsables charges d’appliquer l’Accord passer le clair de leur temps a chercher a se neutraliser mutuellement plutot qu’a se preoccuper reellement de l’organisation des elections ;

8. Conscients de la responsabilite qu’il nous incombe d’assumer devant l’Histoire,  devant Dieu et devant les hommes, en notre qualite de composante a part entiere de la Nation et du peuple congolais comptable de solidarite, surtout en ce moment si crucial pour l’avenir de notre pays ; 

B. POSITION

Convenons, a l’unisson, sous cette forme declarative, eu egard a ce qui precede, de donner notre position sur l’Accord du 31 decembre 2016, sur la crise politique congolaise et les moyens d’y remedier, en ces termes, pour eclairer la lanterne de l’opinion tant nationale qu’internationale :

9. Au sein de la CCE, nous sommes tres attaches a la democratie en tant que regime politique le meilleur, ou le moins pire comme aimait le dire Winston Churchill, pouvant permettre d’organiser la vie sociale de notre pays dans la liberte, la justice, l’egalite et la solidarite, afin de le sortir du sous-developpement et de favoriser le progres social qui manque tant a notre peuple. Nous tenons au fonctionnement normal de nos institutions, a la respiration de la vie politique dans notre pays a travers l’organisation reguliere des elections, de toutes les elections, selon le rythme que seule la Constitution prevoit. C’est donc la mort dans l’ame que nous avons pris acte de l’impossibilite de tenir l’election presidentielle dans les delais legaux, a la fin de l’annee derniere 2016. Nous condamnons energiquement cette violation de la Constitution. Nous la considerons comme une faute politique gravissime a ne plus commettre dans notre pays a l’avenir. Sous d’autres cieux, la ou la democratie est deja suffisamment bien implantee, cette situation serait passible de poursuites et autres sanctions politiques.  

10. Etant donne les defauts connus de la classe politique congolaise, notamment sa corruptibilite, nous sommes en droit de nous demander – et le peuple congolais avec nous – si l’Accord politique conclu le 31 decembre 2016 sous la mediation de la CENCO est reellement un allie ou au contraire un ennemi des aspirations legitimes du peuple congolais. Nous aurions simplement souhaite avoir a sa place des elections organisees en bonne et due forme dans les delais constitutionnels. Il eut ete preferable, pour donner toutes les chances a des elections credibles, qu’il fut pilote non pas par des hommes politiques mais par des technocrates choisis pour leur expertise et leur integrite morale et ne devant pas se presenter eux-memes aux echeances electorales a venir, pour eviter les conflits d’interet, comme cela se passe partout ailleurs dans les situations semblables telles au Burkina Faso. Car nous doutons que les decisions des hommes politiques ne soient dictees par quoi que ce soit d’autre que l’interet supreme du peuple congolais et de notre cher pays. 

11. Cet Accord ne se presente donc pas pour nous comme la panacee. Au contraire, nous sommes conscients que c’est un pis-aller pour tenter de regler une situation bloquee. Ses faiblesses sont nombreuses et connues. On n’y insiste pas, par exemple, sur la neutralite des forces de l’ordre et de securite qui, chez nous, comme on le sait, se comportent comme des forces de repression parce qu’elles sont infeodees au pouvoir politique, au lieu d’avoir le professionnalisme qui leur permette de proteger d’une maniere regalienne les personnes et leurs biens. La perception de ses enjeux, objet de plusieurs lectures possibles, n’est pas de nature a faire l’unanimite dans l’opinion. Mais qu’a cela ne tienne, cet Accord peut et doit etre positivement considere comme le moindre mal cense eviter le pire a notre peuple qui s’attendait legitimement a des elections democratiques dans les clous constitutionnels a la fin de l’annee 2016.  

12. Les divisions nees de la crise politique electorale au sein de la societe congolaise etaient devenues trop exacerbees pour etre reduites autrement que par un accord inclusif, par cet Accord, sauf a emprunter d’autres voies a l’issue inconnue. D’aucuns auraient prefere, face et contre le pouvoir oppresseur en place, que notre peuple continuat le combat liberateur jusqu’a la victoire totale sur ce meme pouvoir oppresseur. Dans un pays comme le notre, nous estimons que continuer a envoyer dans la rue des jeunes aux mains nues, dans un affrontement avec les partisans du regime et les forces de l’ordre armees, sans foi ni loi, cela revient purement et simplement a les envoyer a la boucherie. Ce geste nous parait irresponsable d’autant plus que les partis politiques de l’Opposition, au Congo, ne disposent pas toujours des forces d’ordre internes bien organisees pour encadrer comme il faut les manifestions. D’autre part, cette strategie engendrerait un cercle infernal de violence dont l’issue est toujours imprevisible. Voyez ce qui se passe en Syrie, et plus pres de nous au Burundi voisin ! N’oublions pas que pour la question electorale les Congolais sont morts en fevrier 2015, en septembre et decembre 2016. Trop de sang a deja ete verse comme cela ! L’Accord conclu au Centre interdiocesain de Kinshasa est donc de nature a epargner les vies humaines s’il est applique comme il se doit. Nous voulons etre bien compris ici : que l’on comprenne que nous ne sommes pas en train de justifier pour le pouvoir le droit de tuer, ce qui serait une aberration ! Nous defendons et defendrons toujours le droit de notre peuple a developper les capacites d’une insoumission contagieuse contre n’importe quel pouvoir quand ses interets vitaux sont en jeu. Nous sommes toujours pour le developpement dans notre pays, quand il le faut, d’une grande militance contestatrice qui donne lieu a un activisme raisonnable, mais pas a n’importe quel prix. Bien entendu, tout cela releve de l’education civique et doit etre organise en amont par la Societe civile a travers le mouvement associatif par exemple et par les partis politiques dans le cadre de leurs activites reglementaires.

13. Il faut dire haut et fort que la responsabilite politique de la crise electorale dans laquelle notre pays se trouve actuellement plongee incombe au pouvoir executif dans son ensemble – President de la Republique et Gouvernement – qui, place dans l’incapacite d’obtenir par les moyens legaux et democratiques l’assurance de se perenniser ou de « glisser » – l’expression desormais consacree au Congo – au-dela du 19 decembre 2016, a voulu multiplier stratagemes et autres manoeuvres dilatoires politiciennes pour arriver au resultat souhaite. Cette situation prouve, si besoin etait, que notre Republique dit « democratique » n’est en realite pas encore une democratie a proprement parler. Nous n’avons pas encore culturellement pris la mesure du sens profond de cette estampille « democratique » qui fait partie de la denomination officielle de notre Etat et que l’on retrouve a foison au fronton de nos edifices publics. S’il convient de noter toutefois que la democratie reste un systeme de gouvernement dont les principes emancipatoires de la condition citoyenne sont consignes dans les textes, dans une Constitution, il n’en demeure pas moins qu’elle se presente avant tout comme un etat d’esprit, une intention ethique, un elan moral devant animer et soutenir l’effort collectif d’application des textes par des moeurs et des comportements consequents. Ce sont donc les mentalites et les comportements consequents qui balisent, en democratie, le chemin de la poursuite d’une destinee heureuse qu’un peuple se fixe pour objectif a atteindre. Il est donc a deplorer que dans notre pays les mentalites et les comportements sociaux n’aient pas encore evolue, qu’ils soient demeures dictatoriaux. Il est insupportable d’y voir encore un tres grand fosse entre les lois et leur application, entre la theorie et la pratique, a cause de l’absence de culture de responsabilite democratique, surtout dans le chef des gouvernants.

14. Par-dessus tout, le President de la Republique sortant, chef de l’Etat, reste sans aucun doute le premier responsable de cette crise. Car il a failli a sa mission constitutionnelle d’une maniere impardonnable, en sa qualite de premier magistrat du pays [article 69]. En tant que clef de voute des institutions republicaines issues de la Constitution du 18 fevrier 2006, adoptee massivement par le peuple congolais au referendum, le chef de l’Etat sortant a trahi son serment, trompe le peuple, deshonore la fonction presidentielle qu’il occupe, contribue au delitement de la cohesion nationale. Si les Congolais faisaient une bonne lecture de notre Constitution, ils devraient s’accorder pour qu’il soit mis definitivement hors d’etat de nuire, conformement aux articles 75 et 76 ! Helas ! Le discours mensonger et manipulateur des communicateurs de la Majorite presidentielle, repete depuis plusieurs mois sinon des annees, est destine a justifier l’injustifiable devant l’opinion : le « glissement ». Ce discours pretend que le maintien a la tete du pays du President sortant, dans la situation actuelle, se justifierait pour des raisons de continuite du fonctionnement de l’Etat [article 70-2], ce qui est faux ! En realite, la Constitution etant un tout, sa lecture doit rester fidele a une hermeneutique qui n’en detache pas la lettre de l’esprit. L’article 70-2 ne peut etre interprete qu’en correlation avec les articles 73, 75 et 76. La Constitution du 18 fevrier 2006 a prevu en son sein d’autres mecanismes et d’autres dispositions pour assurer la continuite de l’Etat en cas de necessite. Ce sont les hommes politiques qui, parce que de mauvaise foi, ne veulent pas l’entendre de cette oreille. Des lors, il nous semble donc important de noter que, s’il a ete decide que le President de la Republique sortant reste en fonction jusqu’aux elections, ce n’est pas grace aux dispositions constitutionnelles en vigueur mais plutot a cause de l’Accord politique du 31 decembre 2016 qui, en raison de son caractere inclusif, a recu une legitimite telle qu’il est a considerer desormais comme une base juridique additionnelle aux autres textes qui regissent la Republique.  

15. Depuis 2006, a cause de son calcul politicien machiavelique, le Chef de l’Etat sortant porte la responsabilite de n’avoir pas veille a l’organisation a temps du cycle electoral complet ainsi qu’a sa regularite, comme l’exige clairement la Constitution de la Republique [article 69]. Ceci merite une explication. Nous savons bien, constitutionnellement parlant, que c’est la Commission electorale nationale independante (CENI) qui est chargee, en tant qu’organe technique d’appui a la democratie, d’organiser les elections dans notre pays [article 211]. Mais le President de la Republique en exercice, en tant que Chef de l’Etat et clef de voute de nos institutions republicaines, est normalement charge, en bon pere de famille, de veiller, c’est-a-dire de donner l’impulsion necessaire au fonctionnement harmonieux de celles-ci, y compris donc de la CENI. Que l’on nous comprenne bien ici : pour respecter l’independance de la CENI garantie par la Constitution, la formule « donner l’impulsion » n’est pas synonyme de « donner des injonctions ». La-dessus, le President de la Republique sortant a completement failli a son devoir. De cette situation decoule d’ailleurs le non-renouvellement du Senat depuis 2011 et le cumul d’autres arrieres electoraux que compte le pays. Dans ces conditions ou le pays a ete mis en deficit democratique par la malveillance des hommes, il eut ete souhaitable de ne pas attribuer « une prime pour mauvaise gouvernance » au President de la Republique en place et a tous ceux qui ont gouverne autour de lui, avec lui, mettant ainsi en peril le processus electoral. Ils meritent tous un malus et non pas un bonus. Le moment venu, sur le plan politique, les auteurs de ce gravissime manquement constitutionnel meritent d’etre severement sanctionnes par le peuple dans les urnes. Ils doivent payer au prix fort leur forfaiture, pour l’exemple, afin que cela ne se repete plus jamais et serve de lecon a la classe politique congolaise.   

16. Selon la Constitution, les Cours et Tribunaux forment la 4e categorie d’institutions de la Republique [article 68]. Ils sont censes fonctionner de maniere independante vis-a-vis du pouvoir executif, car nous pretendons etre en democratie. Mais la realite de terrain est toute autre, elle prouve aux yeux de tous qu’il n’en est rien, sauf pour les chantres du regime – a commencer par le ministre de la Communication et des Medias –, habitues a parer de temps en temps leur discours d’un vernis de scientificite pour mieux en grimer la portee ideologique. Comment expliquer que dans notre Republique dite « democratique » il y ait tant de prisonniers politiques et tant de prisonniers d’opinion ? Comment expliquer qu’il y ait tant de corruption dans la magistrature, comme du reste dans tous les autres corps de metiers de notre pays, qui empeche l’eclosion de toute culture d’excellence, dans le professionnalisme et le respect de la legalite republicaine ? Au moment ou l’impasse electorale presidentielle par rapport au respect des delais legaux paraissait de plus en plus inevitable, la Cour constitutionnelle  a ete officiellement saisie par la Majorite presidentielle en interpretation de l’article constitutionnel 70-2 precite, non sans arriere-pensee politique. L’arret rendu a mis en avant le sacro-saint principe juridique de continuite de l’Etat soit-disant pour « eviter le vide au sommet » le cas echeant, sans le moins du monde prendre le soin d’examiner en profondeur les ressorts politiques de la particularite de cette situation qui exige a nos yeux une reponse inedite qui doit servir de lecon a notre classe politique tout entiere. « Aux grands maux de grands remedes », dit-on. Mais seulement voila : l’opinion a vite constate que l’arret rendu, contestable sur le fond, n’avait pas respecte les formes prescrites par le reglement interieur de la Cour constitutionnelle elle-meme. Non seulement cet arret n’etait pas le resultat d’une deliberation conforme au secret professionnel, il avait ensuite ete rendu sans que le quorum soit atteint ! Un Etat est un tout, on ne peut d’ailleurs pas etre etonne que la Cour constitutionnelle ne fonctionne pas bien quand toutes les autres institutions de la Republique ne le sont pas. Dans un pays comme le notre, ou les mentalites sont restees figees dans la culture politique de la dictature, sans evoluer avec le temps, en depit des discours aux accents democratiques prononces par le pouvoir pour amuser la galerie, et pour des besoins clientelistes, la question de la credibilite de la fameuse Cour constitutionnelle, comme d’ailleurs celle de toutes les autres institutions regulatrices de l’ordre politique republicain comme la CENI, se pose avec une grande acuite. Dans ces conditions, la nomination des 9 membres de la Cour constitutionnelle par le seul President de la Republique, reste quelque chose qu’il faudra de toute maniere revoir dans l’avenir pour garantir l’independance de cette institution indispensable a la democratie.        

17. Au Congo ce n’est pas seulement la justice qui n’est pas independante, ce sont aussi les forces de l’ordre et de securite qui ne le sont pas. Manquant de professionnalisme et de culture republicaine qui, seuls les inciteraient a proteger les citoyens et leurs biens chaque fois que cela est necessaire, elles se comportent comme forces de repression au service du pouvoir executif en place contre ceux des citoyens qui ont maille a partir avec lui ou mettent en cause, par des moyens democratiques, les politiques publiques et singulierement la maniere dont notre pays est gouverne, en violation flagrante de la Constitution [articles 182, 183, 187 et 188]. Et vous nous voyez venir : s’il existe un tel deficit de culture democratique dans le fonctionnement de la justice et au sein des forces de l’ordre et de securite (police, gendarmerie et armee), si ces institutions continuent a etre instrumentalisees a des fins partisanes, c’est d’abord et surtout parce que, au sommet du pouvoir, le Chef de l’Etat, premier magistrat du pays cense garantir le bon fonctionnement de l’ensemble des institutions republicaines et mettre les Congolais a l’abri de l’insecurite, n’a pas ete a la hauteur de sa mission constitutionnelle. Plus exactement, et en violation de la loi, il s’est servi egoistement de ces institutions a la place d’en faire un usage democratique de protection de tous les Congolais dans l’egalite republicaine. D’ou les violations de droits de l’homme massives et repetees dans notre pays, que nous deplorons tous, dont nous rendent compte en longueur de journee les experts en la matiere du monde entier, reduisant ainsi le porte-parole du Gouvernement de la Republique au seul role ridicule dont il a vraiment l’etoffe appropriee, celui d’etre bon gre mal gre le « ministre des dementis mediatiques». Avec le danger pour le peuple congolais, a force d’etre gave quotidiennement d’informations deprimantes sur l’etat du pays, de se decourager au fil du temps, de baisser la garde de son combat legitime pour l’avenement dans notre pays d’un Etat de droit, reellement democratique, soucieux d’egalite et de justice, ou il fait bon vivre pour tous.                

18. A l’heure ou nous ecrivons ces lignes, le Gouvernement dit d’union nationale devant principalement faciliter et accompagner l’organisation des elections prevues pour la fin de cette annee en vertu de l’Accord signe, n’est pas encore officiellement sorti, parce que les negociations en vue de sa formation achoppent sur les « arrangements particuliers » entre les hommes politiques, signe que ceux-ci, patauds, visiblement preoccupes dans un « entre-soi » par la defense de leurs interets partisans et personnels beaucoup plus que par la recherche du bien du peuple congolais, n’ont cure de la notion de temps qui passe ! Nous reprochons a l’Opposition politique – ou aux Oppositions, car elles sont plurielles – d’avoir largement et subrepticement accompagne la manoeuvre du « glissement », a cause de sa cacophonie, sa division, de l’opportunisme patente au sein de ses rangs, et a cause de toutes les autres tares dues a son manque de culture democratique aussi, qui l’empechent de se constituer en alternative credible pour la promotion du bien public au Congo. Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement doit savoir qu’en acceptant aujourd’hui la cogestion du pays jusqu’aux elections, il sera desormais responsable et comptable de la reussite ou de l’echec de ces memes elections aux yeux du peuple congolais tout entier. Il a aujourd’hui le vent en poupe, beneficie de l’etat de grace dans l’opinion ; mais il doit se detromper car le peuple congolais reste vigilant, et cet etat de grace, si le resultat n’est pas au rendez-vous, ne sera pas appele a durer. Il doit donc faire tres attention ! En faisant confiance jusqu’a present au Rassemblement dans sa tres large majorite pour incarner ses aspirations de changement en vue d’un avenir meilleur, le peuple congolais ne lui a pas signe un cheque en blanc. 

19. Gare a l’Opposition, surtout a l’Opposition majoritaire regroupee au sein du Rassemblement, plateforme en qui notre peuple, dans sa tres large majorite aujourd’hui, a place sa confiance !  Elle doit savoir qu’elle jouit juste d’un sursis aux yeux de l’opinion. Elle ne doit pas oublier que nous la tenons en partie pour responsable, a cause de ses manquements en matiere communicationnelle et de ses insuffisances programmatiques en matiere d’education des masses a la citoyennete, d’avoir contribue a ses depens a « normaliser » ou a faire accrediter dans l’opinion l’idee meme de « glissement » tant redoute soi-disant pour assurer la continuite de l’Etat sans creer de vacance au sommet. Des lors que le pays a ete mis deliberement dans l’impossibilite d’organiser l’election presidentielle dans les delais prevus par la Constitution – car cette election, contrairement a toutes les autres, est la seule dont les dates sont contraignantes [article 73] – il nous parait injuste et incomprehensible que le President de la Republique sortant soit le beneficiaire politique du chaos qu’il a lui-meme largement contribue a creer, n’en deplaise a ses thuriferaires et autres collaborateurs zeles qui usent et abusent des arguties juridico-politiques pour plaider son maintien au pouvoir au nom soi-disant du sacro-saint principe de la continuite de l’Etat. Leur lecture tres interessee de l’article 70-2, qui stipule qu’ « a la fin de son mandat, le President de la Republique reste en fonction jusqu’a l’installation effective du nouveau President elu », nous parait erronee, car ils confondent carrement « un nouveau President elu » avec « un nouveau President a elire » ! Si les seides du regime feignent d’ignorer cette nuance semantique, c’est parce que, chez eux, la mauvaise foi tient lieu d’argument scientifique, dans leur logique immorale ou la fin justifie les moyens. Ayant termine son second et dernier mandat constitutionnel a la tete du pays, son successeur n’ayant pas ete elu faute d’avoir eu l’organisation des elections, le President de la Republique sortant doit savoir qu’il est dans le « glissement » non pas en raison des dispositions constitutionnelles, comme son camp le pretend, mais a cause du compromis politique trouve, symbolise par l’Accord de la Saint-Sylvestre arrache par la CENCO, a qui nous rendons au passage un hommage appuye. De ce fait, etant donne que nous nous trouvons dans une situation politique inedite, il ne jouit pas d’une legitimite qui lui confererait le droit d’avoir une emprise sur les ministeres regaliens. Dans notre entendement, tous les ministeres de souverainete, dans ce Gouvernement d’union nationale impatiemment attendu, doivent faire l’objet de l’inclusivite refletant la philosophie de l’Accord signe lui-meme. Le Chef de l’Etat du « glissement » doit etre un homme charge d’expedier les affaires courantes de l’Etat, point final. Gare au Rassemblement s’il se fait pieger a ce niveau !   

20. Pour etre surmontee d’une maniere apaisee, quelles que soient les modalites techniques d’application de l’Accord conclu, la crise politique profonde de notre pays consecutive a la non-tenue de l’election presidentielle dans les delais legaux, ne saurait faire l’economie d’une lecture attentive et suggestive de notre Constitution dans le strict respect de son esprit et de sa lettre. L’article 75 en donne le et la. Il stipule qu’ « en cas de vacance pour cause de deces, de demission ou pour toute autre cause d’empechement definitif, les fonctions de President de la Republique, a l’exception de celles mentionnees aux articles 78, 81 et 82 sont provisoirement exercees par le President du Senat ». L’element operatoire, le plus parlant de cet article, qu’il convient de relever ici est : « … ou pour tout autre cause d’empechement definitif ». A la lumiere des considerations qui precedent, sa bonne interpretation, a notre sens, cadre parfaitement avec le contexte, auquel il donne du relief par ailleurs. En situation normale, cette disposition fait logiquement du President du Senat l’homme de la situation pour resoudre la crise. Sauf que, dans ce cas de figure, a cause de l’illegitimite decoulant du depassement de son mandat pour des raisons d’arrieres electoraux, le President du Senat actuel ne peut d’aucune maniere pretendre assurer l’interim de la Presidence de la Republique, quand bien meme cet interim serait ici limite a l’expedition des affaires courantes jusqu’a l’election et l’entree en fonction du nouveau President de la Republique. 

C. ENGAGEMENT EN GUISE DE CONCLUSION

Forts de tout ce qui precede, et en guise de conclusion, ayant fait le tour d’horizon de la situation que traverse notre pays, nous, membres de la Convention des Congolais de l’Etranger, nos amis, nos allies, tous ceux qui sont sensibles a la cause congolaise et aux meurtrissures de notre peuple, tous les hommes de bonne volonte, nous nous engageons energiquement desormais a poser les actes que voici en vue de contribuer a faire evoluer positivement la situation bloquee du pays afin que triomphe a jamais, au Congo, la recherche de la culture de l’interet general : 

21. Diffuser notre position et la faire partager le plus largement possible dans l’opinion tant nationale qu’internationale interessee par la question congolaise.Cette position consiste en un message de soutien a l’Accord politique global et inclusif du 31 decembre 2016 conclu au Centre interdiocesain de Kinshasa sous la mediation de la CENCO. Ce message peut etre resume par quelques mots qui reprennent l’essentiel de ce que nous avons developpe dans le present propos. Le peuple congolais etait en droit de s’attendre a l’election presidentielle en bonne et due forme a la fin de l’annee 2016, en raison de son chronogramme precis constitutionnalise ; cette election n’a pas eu lieu a cause de l’egoisme et de l’irresponsabilite des gouvernants, preoccupes par leur maintien au pouvoir par tous les moyens, helas ! Attaches que nous sommes a la democratie, et a la democratisation reelle de notre pays, nous aurions tous voulu avoir les elections prevues organisees dans les regles de l’art. Mais comme ce n’est pas le cas, nous soutenons l’Accord de la Saint-Sylvestre pour les organiser, Accord qui a tout pour etre considere, dans la situation presente du pays, comme le moindre mal. Nous tenons a souligner que notre soutien n’a rien d’un soutien beat, naif ; c’est un soutien de raison, un soutien vigilant. Cet Accord merite a nos yeux d’etre soutenu plus que tout parce qu’il est fragile, il est plombe par les non-dits, par les suspicions reciproques.  

22. Manifester notre soutien a l’Accord de la Saint-Sylvestre y compris par une contribution financiere symbolique pour l’organisation effective des elections dans notre pays a la fin de cette annee 2017. Dans notre pays ou la notion de temps n’est pas encore integree dans la culture de gestion de la chose publique, nous deplorons le fait que le comportement irresponsable des hommes politiques aux commandes ne nous fasse pas tenir, une fois de plus, les nouveaux delais electoraux, car ils sont malheureusement completement empetres dans des manoeuvres dilatoires pour la conservation de leurs postes et de leurs privileges, au detriment de l’interet general. C’est pourquoi la Convention des Congolais de l’Etranger, par des cotisations,  entend collaborer de toutes ses forces avec d’autres mouvements associatifs diasporiques pour poser un geste symbolique de contribution financiere aux elections. Dans notre entendement, ce geste aura valeur de pression pour que les nouveaux delais soient respectes.

23. Nous constituer en groupe de pression pour peser de tout notre poids en vue d’obtenir dans notre pays l’organisation effective des elections a la fin de cette annee comme prevu dans l’Accord politique global et inclusif. Nous entendons unir nos forces, nous remobiliser au sein de la Convention des Congolais de l’Etranger, en partenariat avec les amis du Congo, la Societe civile nationale, les autres structures diasporiques concernees par la question du Congo, pour constituer par tous les moyens un vrai groupe de pression, qui doit etre une arme redoutable, en mettant tout notre poids dans la balance pour que les elections desesperement attendues par notre peuple aient enfin reellement lieu. Nous devons nous battre pour que leur chronogramme soit precise et pour qu’il soit respecte cette fois-ci. Fiere de notre appartenance a part entiere a la Societe civile congolaise, nous ferons desormais tout ce que qui est en notre pouvoir pour que cette vigilance, au-dela du cadre des elections, soit permanente. Car une chose est sure : dans la vie des hommes, des nations et des peuples, la politique est une chose beaucoup trop serieuse pour etre laissee seulement dans les mains des hommes politiques professionnels. Il s’agit donc la pour nous, bien que loin du Congo, de peser aussi sur les evenements a cote d’autres forces vives du pays, ce qui est notre droit le plus absolu, d’eviter simplement que les contours du destin national soient dessines pour nous par les autres, toujours les memes, sans nous.

24. Nous battre pour que, dans les elections a venir, l’exercice des droits civiques soit accorde une fois pour toutes aux membres de la diaspora congolaise, en tant qu’electeurs et candidats eligibles, conformement aux resolutions des Concertations nationales tenues en septembre 2013 et a toutes les promesses faites par les autorites depuis. On peut certes vivre en dehors du Congo, dans un autre pays, comme c’est notre cas, on peut malignement nous exclure momentanement de participer a la definition commune du destin de notre pays, comme c’est encore notre cas, mais on ne pourra jamais nous empecher a vie d’apporter notre pierre a l’edifice de la reconstruction nationale, car on ne peut et ne reussira jamais a retirer en chacun le Congo qui est en nous, le Congo profond de nos ancetres qui nous habite, accompagne notre vie et nous englobe. Nous considerons aujourd’hui que les entorses faites a notre patriotisme ont atteint leurs limites. Nous devons nous lever comme un seul homme contre cette injustice dont nous sommes victimes, car elle n’a pas lieu d’etre et a assez dure. Le principe de la non-alienation de la nationalite congolaise d’origine en faveur de la diaspora doit sans tarder trouver son application.  

25. Lutter de toutes nos forces a notre niveau, en tant que diaspora et citoyens congolais a part entiere, pour l’instauration reelle d’une democratie et d’un Etat de droit dans notre pays. Au Congo on emprisonne, on torture, on viole les femmes, on tue a tour de bras, en toute impunite. La vie humaine a perdu sa valeur sacree. Les principes ethiques de nos traditions ancestrales seculaires, ni les valeurs chretiennes dont pourtant nos dirigeants se reclament, ne semblent avoir plus aucun impact sur leurs comportements. Faire de la politique est devenu le seul moyen par lequel on accede facilement a la richesse dans notre pays, en detournant les deniers publics. La valeur cardinale de solidarite, fondatrice de la cohesion sociale dans la culture africaine en general et congolaise en particulier, est bafouee au pied de la lettre. Il nous faut donner un coup de pied dans cette fourmiliere infernale. La diaspora doit se lever comme un seul homme et agir avec determination, en communion avec toutes les forces vives du Congo, et avec tous les hommes de bonne volonte, pour contribuer au changement des mentalites dans notre pays, condition sans laquelle l’avenement d’une reelle democratie et d’un Etat de droit, que nous appelons de tous nos voeux, serait hypotheque encore pour longtemps. L’entree en democratie exige de nous, Congolais, aux mentalites longtemps faconnees par la dictature, une veritable reconversion de culture citoyenne dont nous n’avons ni a redouter ni a regretter l’effort. Les Congolais veulent vivre dans un pays ou les libertes fondamentales sont effectivement garanties dans le respect des lois. Ils aspirent a un Etat de justice, de paix et de travail pour tous. Sachons ensemble oeuvrer pour donner du sens a notre devise nationale !

Que Dieu benisse le peuple congolais !
Vive, vive a jamais le Congo de nos aieux !

                                                      Fait a Geneve, le 13 janvier 2017

Pour la Convention des Congolais de l’Etranger (CCE),


          la Presidente
Severine TSHIMINI MBUYI

Viewing all articles
Browse latest Browse all 7879

Trending Articles