Réflexion sur un événement politisé à outrance…
16 FEVRIER : patrimoine national ? Ou patrimoine de la classe politique !
· Non à la récupération ; non à l’instrumentation et non à la dénaturation politique…
Le 13 février 2013, en la salle des conférences de Notre Dame de Fatima, à Kinshasa/Gombe, la section kinoise de l’Entente Inter-Provinciale (EIP) a organisé un point de presse animé par son président, en la personne de Ntantu Mey. Ce dernier m’a fait l’honneur de m’y associer pour une intervention. Voici dans son intégralité le texte de ma communication introduite par le rappel du témoignage poignant de Rigobert Minani Bihuzo, Représentant du Groupe Jérémie et Permanent du Rodhecic, fait le 16 février 2002 à l’occasion du 10èmeanniversaire de la Marche des Chrétiens organisée par l’antenne de Kinshasa du Centre d’Information et d’Animation Missionnaire, CIAM en abrégé.
« Disant la messe de 9 h 30 à Saint Joseph tous les dimanches depuis cinq ans, je m’y suis rendu le dimanche 16 février malgré les difficultés prévisibles, car l’église se trouve précisément au rond-point Victoire à Matonge. Arrivé à Saint Joseph, j’ai déposé le livre des monitions à la sacristie et me suis ensuite rendu devant l’église, comme je le fais d’ordinaire, pour parler avec les gens qui viennent pour la messe de 9 h 30 et attendent à l’extérieur la fin de la messe des enfants.
« La situation était déjà très tendue : une foule compacte chantant en agitant des branchettes était bloquée par les Gardes civiles un rien à gauche de l’Eglise vers le rond- point Victoire. J’ai vu de mes yeux les Gardes Civiles venir décharger leurs armes en l’air presque à bout portant, un mètre devant les manifestants. Ensuite la DSP est arrivée, elle a fait reculer la Garde Civile et s’est mise à tirer sur les manifestants. Ce que j’ai vu et entendu, c’est une avalanche de balles qui semblaient venir de toutes les directions et une fuite éperdue des manifestants. L’un d’entre eux est tombé la face contre terre juste à la grille de la parcelle. Je suis allé vers lui ; le sang coulait abondamment de la tête ; il avait été atteint d’une balle à hauteur de la lèvre, en plein visage. C’était une balle tirée pour tuer. Des hommes de bonne volonté l’ont ramassé et transporté sous le porche de l’église. A ce moment aussi la manifestation restait toujours pacifique : de multiples appels « bofinga bango te » (ne les insultez pas) étaient adressés aux plus excités.
« Peu après, un second corps a été amené, venant du côté de Matonge. Il a été déposé à côté du premier devant l’église. Sur le côté gauche de l’église, près de la porte de la chorale, deux hommes furent encore atteints par une même balle au moment où ils se jetaient par terre le long du mur de l’église. On les transporta vers l’arrière, entre l’église et le presbytère. Quand l’église a été ouverte, les corps des deux premiers tués ont été portés à l’intérieur et couchés par terre au pied du chœur.
« Tous les quarts d’heure environ jusqu’aux environs de midi, on a apporté d’autres corps, jusqu’à en avoir 7 couchés côte à côte. Il était difficile de tenir l’ordre dans cette chapelle ardente improvisée, surtout à chaque arrivée d’un nouveau corps. Mais de multiples personnes s’y sont employées à tour de rôle, animant au micro des chants, récitant le chapelet ou donnant des instructions pour orienter le cortège des personnes qui voulaient défiler devant les victimes. Ce défilé n’était pas inutile, car peu de morts avaient des papiers sur eux. Ce sont des personnes qui les connaissaient qui ont identifié les autres. Sur chaque corps, on put ainsi déposer un carton portant son nom et son adresse. Beaucoup de personnes ont copié ces informations et une série de photos et même de films ont été pris.
« Tous les morts étaient touchés par balle au visage ou à la poitrine et saignaient abondamment. Plusieurs visages étaient horribles à voir. Un drap a été mis sur certains. Il y avait parmi les victimes un enfant de cinq ou six ans et un autre de douze à quinze, dont le papa s’est présenté et a placé le corps sous la protection de l’Eglise. On avait en effet vu des hommes en tenue de Croix rouge se faufilant dans les rues autour de l’église et très tôt il était certain pour tous qu’ils étaient le service de croix rouge de la DSP et non celui de la zone ou de la ville. On craignait dès lors qu’ils ne fassent disparaître les corps, comme après le massacre des étudiants de l’université le 4 juin 1969.
« Vers 14 h, les environs de Matonge étaient vides et contrôlés par la DSP et les Gardes Civiles. Mais il y avait encore environ 2000 personnes dans l’église et dans la parcelle qui l’entoure. Il était clair que les militaires cherchaient à les disperser. Il était peut-être 14 h 45 quand le dernier drame s’est produit. Un soldat, grimpé sur le toit de la salle paroissiale, a jeté à l’intérieur de l’église une grenade lacrymogène à travers les claustras. Je l’ai vue tomber, elle a éclaté et dégagé une fumée suffocante. Pris dans la densité des gaz, c’est sur tout le corps qu’on ressent assez rapidement des picotements. Ce fut une panique affreuse : les gens se sont rués les uns sur les autres, écrasant tout ce qui résistait, renversant l’orgue, les fleurs autour du tabernacle, arrachant les rideaux et tentures. Des gens ont escaladé la cloison arrière du chœur pour se retrouver bloqués dans le corridor étroit qui se trouve derrière : ils ont alors brisé une série de vitres translucides donnant sur l’extérieur.
« Beaucoup se sont jetés sur la vasque des fonts baptismaux et la sacristie, dans le souci de mouiller leur mouchoir pour se protéger les yeux. Que de casse en quelque minutes par un acte irresponsable, sans avertissements ni sommation !
« Pour ajouter d’ailleurs à la panique, les militaires se mirent à tirer en l’air en rafales pour achever de disperser ceux qui sortaient en courant de l’église. Vers 15 h 20, on vit s’avancer des hommes en tenue de croix rouge autour de l’église et deux corbillards. Nous ne pouvions pas accepter qu’on prenne les corps sans ordre de mission et une décharge indiquant où on les conduisait. Une discussion s’éleva entre les militaires, leurs croix rouge, le commissaire de zone et nous-même. Le commissaire de zone donna l’ordre de prendre les corps de force, malgré notre protestation. Le parent d’une des victimes qui était dans l’église laissa alors éclater sa douleur en criant qu’il n’appartenait pas à ceux qui avaient tué ces hommes de les emporter sans l’accord de leurs familles. Le commissaire de zone demanda à deux soldats de le saisir. Mais l’homme, par la force du désespoir, réussit deux fois à les jeter par terre. Ce fut une course affreuse dans l’église. Finalement, l’homme se cramponna à l’autel. Il en fut enlevé avec brutalité : le cierge électrique fut lui-même arraché, la nappe déchirée et l’eau du vase de fleurs renversée sur l’autel.
« A ce moment, il y avait tout un groupe de militaires en armes et sans aucun respect dans l’église. Pendant ce temps, les croix rouges enlevaient les corps sans ménagement et sans même prendre la peine de noter leur identité. Les ayant chargé dans deux corbillards amenés près de la porte latérale située du côté de la chorale, ils partirent avec sirènes précédés d’une jeep de la DSP avec drapeau de la croix rouge. Il était 15 h 48 quand tout fut fini. Avec les trois abbés de la paroisse, nous nous sommes alors rendus chez le Cardinal pour lui faire rapport sur ce qui s’était passé depuis le matin. Après avoir écouté notre récit, il tint à prier un chapelet à la chapelle, puis nous accompagna à Saint Joseph pour voir l’endroit où les morts avaient reposé et l’état dans lequel se trouvait l’église. Il en fut très peiné et partit ensuite visiter les blessés qui se trouvaient à l’hôpital Saint Joseph à Limete ».
« PLUS JAMAIS DE 16 FEVRIER DANS CE PAYS ! »
Il est important de le souligner d’emblée : le Cardinal cité dans ce témoignage a pour nom Frédéric Etsou. Pour la vérité de l’Histoire, ce prince de l’Eglise catholique romaine venait de rencontrer quelques jours plus tôt le maréchal Mobutu au monastère d’Iyonda, dans la périphérie de Mbandaka, en province de l’Equateur, en vue d’obtenir la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) fermée par le Gouvernement Nguz-a-Karl-I-Bond issu des Accords du Palais de Marbre II.
Au terme de la rencontre d’Iyonda, le Cardinal Frédéric Etsou va lancer en direction des Organisateurs de la Marche des Chrétiens un message les dissuadant du maintien du programme de la Marche. A-t-il été entendu ? Ne l’a-t-il pas été ?
Par souci d’honnêteté et par devoir de conscience, il est indiqué de rappeler qu’à l’occasion de la célébration du 1er anniversaire de la Marche des Chrétiens le 16 février 1993, un autre prince de l’Eglise catholique romaine, en la personne du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, alors Monseigneur et Archevêque de Kinshasa, va interpeller l’opinion en déclarant : « Plus jamais de 16 février dans ce pays ! ».
Dans la compréhension que l’on peut se faire de cette interpellation, on peut supposer que le prélat doit avoir obtenu sur ces entrefaites des informations compromettantes sur la politisation d’une initiative relevant pourtant de la Société civile. D’aucuns diraient – et ils n’ont pas tort – qu’il y a eu sacrifice délibéré des compatriotes.
Car, les victimes – entendez les personnes décédées, les personnes blessées, grièvement ou légèrement, ainsi que leurs proches – n’appartiennent pas qu’à l’Eglise Corps du Christ. En plus, elles ne sont pas toutes de l’Eglise catholique romaine, de l’Eglise du Christ au Congo, de l’Armée du Salut, de l’Eglise kimbanguiste, de l’Eglise du Réveil ou de la Communauté islamique. Figurent aussi parmi elles des non croyants.
Les victimes n’appartiennent pas non plus toutes aux partis politiques, entendez, dans le contexte de l’époque, au Mpr, à l’Udps, au Pdsc, au Pri ou au Fp, moins encore aux Fdu ou à l’Union sacrée, pour ne pas citer la Mouvance présidentielle ou l’Opposition radicale. Figurent aussi parmi elles des non politiques.
Les victimes n’appartiennent pas toutes aux organisations syndicales ; elles ne sont pas toutes membres des ONG, pas plus qu’elles ne font partie des auditeurs ou des lecteurs médias alors actifs dans l’exercice des libertés fondamentales. Figurent aussi parmi elles des sans-emplois et sans-voix.
Les victimes n’appartiennent pas toutes à une partie seulement à la division « géopolitique » définie à l’époque, c’est-à-dire à l’Ouest et à l’Est, dans un Zaïre dit utile ; ce qui, par définition, établit aussi l’existence d’un Zaïre utile.
Bref, les victimes sont, pour reprendre une expression consacrée, « Monsieur tout le monde ». C’est vous, c’est nous ; c’est elle, c’est lui, c’est toi, c’est moi. L’autre dirait, et il a parfaitement raison, c’est le peuple…
Que s’est-il alors passé pour que la date du 16 février devienne moins la date du peuple congolais que celle de la classe politique et de divers Comités Laïcs de l’Eglise Corps du Christ ; le « mariage » étant par moments contre-nature ?
L’illustration parfaite de cette expropriation ou cette appropriation – c’est selon – a été livrée à l’opinion le 16 février 2012. Le Centre pastoral diocésain Lindonge, le Groupe Amos et le Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques Congolais ont projeté à cette occasion non pas une Marche des Chrétiens mais une Marche des Croyants avec pour objectif clair l’annulation pure et simple des élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011 en plus de la démission du Bureau de la Céni.
Paradoxalement, les organisateurs vont recevoir le soutien de l’Udps et de l’Opposition radicale qui ne jurent, elles, que par la « vérité des urnes », c’est-à-dire la reconnaissance de la victoire électorale de M. Etienne Tshisekedi.
Or, tout le monde a conscience à ce moment-là du fait que l’annulation de l’élection présidentielle, ne consacre pas pour autant la fin du mandat de M. Joseph Kabila car, aux termes de l’article 70 de la Constitution, il est clairement dit ceci : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu ».
Concrètement parlant, l’annulation de l’élection présidentielle telle que réclamée par les Laïcs Chrétiens et l’Opposition entraîne ipso facto la disqualification de la victoire électorale attribuée au Candidat n°11.
Cette confusion résulte certainement de la politisation à outrance de la Société civile avec, au final, des dégâts collatéraux sur l’Eglise Corps du Christ.
DEMONSTRATION DE LA RECUPERATION-INSTRUMENTALISATION-DENATURATION
Y aurait-il eu Récupération, Instrumentation et/ou Dénaturation de l’Initiative du 16 FEVRIER ? La recherche de la réponse constitue la trame de mon intervention.
RECUPERATION
Selon « Le Petit Robert 2012 », « Récupération » veut dire aussi « Action de récupérer ce qui serait inutilisé ou perdu » ou « fait de récupérer ou d’être récupéré ». « Récupérer » veut dire « Rentrer en possession », « Retrouver, reprendre une chose prêtée ou perdue », ou encore « Détourner de l’orientation initiale pour utiliser à son profit ».
Dans le cas précis de la date du 16 FEVRIER, il revient en toute logique aux Comités Laïcs de l’Eglise Corps du Christ et à l’Opposition radicale – Udps en tête – de fixer l’opinion sur l’identité de la personne physique ou de la personne morale qui a lancé la première l’initiative de l’organisation de la Marche des Chrétiens. Car si l’initiative fait l’objet d’une récupération, la conséquence normale ne peut en être que l’instrumentalisation.
INSTRUMENTALISATION
Selon « Le Petit Robert 2012 », « Instrumentalisation » est le fait d’« utiliser à des fins détournées » quelqu’un ou quelque chose.
Dans le cas précis de la date du 16 FEVRIER, l’instrumentation est tout ce qu’il y a d’évident au regard de la sarabande qui s’observe dans la classe politique et dans l’Eglise à l’approche de cet événement, chaque année. Tout est surenchère politicienne autour du 16 FEVRIER. Il s’observe même que lorsqu’elles ne coalisent pas autour de l’organisation des manifestations commémoratives, la classe politique et les Comités Laïcs de l’Eglise s’en disputent la programmation. Résultat : la dénaturation.
DENATURATION
Selon « Le Petit Robert 2012 », « Dénaturation » veut dire « Action de dénaturer une substance, d’en changer les caractéristiques ». Le verbe « Dénaturer » veut dire « changer, altérer la nature de quelque chose » ou « déformer, fausser » ou encore « contrefaire, défigurer, déformer, travestir ».
L’une des preuves de la dénaturation est la mutation des bourreaux d’hier en victimes d’aujourd’hui. Sans s’amender ni se repentir, ceux qui ont appuyé hier Mobutu, Nguz, Ngbanda etc. dans la répression sanglante de la Marche des Chrétiens s’affichent ostensiblement aux côtés des Comités Laïcs de l’Eglise Corps du Christ et aux acteurs politiques pour se proclamer du Peuple, mais en réalité pour faire avancer leurs revendications politiques.
Pourtant, il est de notoriété publique que les signataires du 1er Communiqué annonçant la tenue de la Marche des Chrétiens le 16 février 1992 sont notamment Pierre Lumbi et José Mpundu (en vie).
Ouverte le 31 juillet 1991, soit près de trois semaines avant le premier pillage du tissu économique et social de septembre de la même année – pillage qui conduira à la désignation d’Etienne Tshisekedi au poste de Premier ministre dans le cadre des Accords du Palais de Marbre I alors que le lider maximo venait de rejeter sa nomination au même poste le 22 juillet, la Conférence Nationale Souveraine porte les espoirs de la Majorité du Peuple, fatiguée d’une longue dictature.
Dans cette majorité se retrouvent, tout naturellement, Croyants et Non Croyants, Politiques et Non Politiques, Employés et Sans-Emplois etc. D’où l’adhésion des Non Catholiques, au nombre desquels des Protestants, des Salutistes, des Kimbanguistes et des Musulmans.
Partant, la Marche du 16 février est une Œuvre Commune. Elle est censée la rester. Le 16 FEVRIER est donc un Patrimoine national.
Le drame intérieur que vit cependant cette Œuvre Commune, c’est l’infiltration politique ayant pris corps dès le 24 avril 1990 lorsque l’annonce de la fin du règne du MPR-Parti Etat incite bon nombre d’acteurs politiques un nouveau positionnement, alias « repositionnement ». Certains créent des partis politiques, d’autres rejoignent les Organisations de la Société civile idéologiquement proches des partis. On voit ainsi des ONG – particulièrement celles de défense des Droits de l’Homme – proliférer en même temps que des syndicats, des médias etc. qui vont ouvertement s’aligner telle personnalité ou sur telle formation politique. C’est au sein de l’Opposition, singulièrement de l’Opposition radicale, que cet attelage va se matérialiser. On se souviendra, par exemple, de la mise sur pied d’une famille politique appelée « Union sacrée de l’Opposition radicale, Alliés et Société civile »(USORAS) pro-Tshisekedi, issue successivement de l’Union sacrée (Us) et de l’Union sacrée de l’Opposition radicale (Usor), avant de faire doublon avec l’Union sacrée de l’Opposition radicale et Alliés (Usoral) pro-Kengo et Kamanda.
Bon nombre d’acteurs politiques qui bénéficient directement ou indirectement de l’apport de la Société civile pour l’avènement du 16 février 1992 sont encore opérationnels.
Au cours de ces 21 dernières années (16 février 1992-16 février 2013), certains ont eu à exercer des fonctions officielles dans les Institutions du pays au niveau soit national, soit provincial, soit territorial, d’autres y sont. Ce petit exercice de rappel est édifiant, en ne prenant quelques acteurs parmi les plus en vue aujourd’hui dans l’Opposition :
- après le 16 février 1992, Etienne Tshisekedi a exercé les fonctions de Premier ministre, donc de gouvernant, à deux reprises. D’abord comme Premier ministre élu à la CNS en août de la même année, ensuite comme Premier ministre désigné en avril 1997. Il a même failli devenir Vice-Président de la République dans le cadre du schéma « 1+4 » issu du Dialogue intercongolais s’il ne s’était pas désisté en dernière minute ;
- Après le 16 février 1992, Joseph Olenghankoy a exercé des fonctions ministérielles dans le cadre du schéma « 1+4 », entre 2003 et 2005 ;
- Après le 16 février 1992, Léon Kengo wa Dondo a exercé les fonctions de Premier ministre entre 1994 et 1997 ; depuis 2007, il est à la tête du Bureau du Sénat ;
- Après le 16 février 1992, Vital Kamerhe a exercé des fonctions ministérielle dans le cadre du schéma « 1+4 » avant de devenir Président du Bureau de l’Assemblée nationale entre 2006 et 2009 ;
- Après le 16 février 1992, Joseph Diomi Ndongala a exercé des fonctions ministérielles dans le cadre du schéma « 1+4 », entre 2003 et 2005 ; il est maintenant député national ;
- Après le 16 février 1992, Jean-Paul Lisanga Bonganga a exercé des fonctions de Député national sous la législature « 2006-2011 » ;
- Après le 16 février 1992, Martin Fayulu a exercé les fonctions de Député provincial sous la législature « 2007-2012 » ; il est aujourd’hui Député national.
Si le 16 FEVRIER est le patrimoine de l’opposition, la question à se poser est de savoir ce que représente pour toutes ces personnalités cette date dès lors qu’à un moment ou à un autre de leur carrière politique, ils auront gouverné ! Doit-on comprendre que le 16 FEVRIER n’a d’importance que lorsqu’ils sont à l’Opposition extra-institutionnelle et non lorsqu’ils sont aux affaires ?
La même question se pose aux acteurs politiques les plus en vue de la Majorité, c’est-à-dire du Pouvoir.
- Après le 16 février 1992, Edouard Mokolo wa Mpombo exerce les fonctions de Vice-Président du Bureau du Sénat alors que hier il était parmi les proches collaborateurs du maréchal Mobutu ;
- Après le 16 février 1992, Modeste Mutinga exerce les fonctions de Rapporteur au Bureau du Sénat. Il est même membre du MSR (Majorité présidentielle). Hier, son journal « LE POTENTIEL » était foncièrement pro-tshisekediste ;
- Après le 16 février 1992, Pierre Lumbi exerce les fonctions de Conseiller spécial du Président Joseph Kabila Kabange en matière de sécurité après avoir été ministre ; on lui doit même la programmation des 5 Chantiers. Hier, il était membre actif de la Société civile (il est pour beaucoup dans l’organisation de la Marche des Chrétiens du 16 février 1992) ;
- Après le 16 février 1992, Lambert Mende Omalanga exerce des fonctions ministérielles. Hier, il était parmi les têtes pensantes de l’Union sacrée, de l’Union sacrée de l’Opposition radicale et de l’Union sacrée de l’Opposition radicale et Alliés anti-Mobutu ;
- Après le 16 février 1992, Raymond Tshibanda exerce des fonctions ministérielles d’abord dans le cadre du régime « 1+4 », ensuite sous la mandature 2006-2011 et enfin sous la mandature actuelle. Hier, il était de l’Opposition.
- Après le 16 février 1992, Tryphon Kin-kiey Mulumba exerce des fonctions ministérielles. D’abord sous le régime Mobutu, aujourd’hui sous le régime Kabila. Il a été au Rcd entre 1998 et 2003.
- Après le 16 février 1992, Modeste Bahati Lukwebo exerce des fonctions ministérielles après avoir été député national. Hier, il était de la Société civile proche de l’Opposition ;
- Après le 16 février 1992, Baudouin Banza Mukalayi exerce des fonctions ministérielles. Il a été au Rcd entre 1998 et 2003. Mais, auparavant, il était 1er vice-président du Mpr Fait privé sous le régime Mobutu ;
- Après le 16 février 1992, José Endundo Bononge va exercer des fonctions ministérielles sous le régime Kabila. Il est membre de la Majorité présidentielle. Avant de rejoindre le Rcd puis le Mlc, il a été Pdg de l’Office des routes sous le régime Mobutu ;
- Après le 16 février 1992, Gabriel Kyungu wa Kumwanza exerce les fonctions de président du Bureau de l’Assemblée provinciale du Katanga. Hier membre cofondateur de l’Udps, il sera aux côtés de Nguz pour créer l’Uféri sous le régime Mobutu. Il dirige maintenant l’Unafec ;
- Etc.
Comme on bien s’en rendre compte, après le 16 février 1992, certains acteurs, hier de l’Opposition, sont devenus gouvernants pendant que d’autres, hier aux affaires, ont rejoint l’Opposition. Il y en a même quelques-uns qui s’étaient affichés Mobutistes à cette date précise. Curieusement, ils s’affichent aujourd’hui Tshisekedistes et font de cette date un fonds de commerce.
ALTERNATIVE HYPOTHEQUEE
A supposer alors que le 16 FEVRIER soit un patrimoine de l’Opposition, posons-nous maintenant cette question élémentaire : qu’adviendrait-il de cette date le jour où l’alternance démocratique se produira au pays, c’est-à-dire le jour où l’Opposition radicale prendra le pouvoir, pour autant que la conquête du pouvoir soit son objectif ? Devrait-on comprendre que la Nouvelle Opposition s’approprierait cette date jusqu’au jour où la Nouvelle Majorité reprendrait son statut au nom de la même l’alternance ?
A moins, alors à moins que l’Opposition radicale actuelle ait opté pour le schéma de rester éternellement dans l’Opposition !
Dans ce cas, elle s’explique bien, elle se comprend parfaitement, cette incongruité ayant consisté, comme rappelé plus haut, à soutenir les Organisateurs de la Marche du 16 février 2012 réclamant l’annulation des élections du 28 novembre 2011 – donc par effet d’entraînement l’annulation de la victoire électorale de M. Etienne Tshisekedi !
DATE A LIBERER OU A RESTITUER
Certes, la genèse de la journée du 16 FEVRIER fait que cette date soit intimement liée à celle de la création de l’Udps le 15 février 1982. C’est ainsi que l’Udps annonce pour le 15 février 2013 l’organisation des festivités commémoratives de son 31ème anniversaire.
Les observateurs avertis sont conscients du fait que la date du 16 février 1992 est tombée un dimanche, tandis que la date anniversaire du 10ème anniversaire de l’UDPS est tombée un samedi.
On peut alors supposer que ne pouvant faire mettre dans la rue les Chrétiens un samedi, l’Udps ait peut-être suggestionné la date du dimanche 16 février 1992 pour obtenir un succès politique et médiatique retentissant.
Est-ce cela qui s’est réellement passé ? La réponse appartient à ceux des témoins encore en vie, présents dans la Haute Hiérarchie de l’Udps ou dans le Groupe Amos, premier organisateur de la Marche des Chrétiens en 1992.
Le Peuple Congolais a le droit d’être édifié sur l’option définitive à lever par rapport à une date qui est soit à libérer de la politisation, soit à restituer à la politique, à défaut d’être une date à se réapproprier pour la placer aux côtés du 4 janvier et du 30 juin.
Et pour cause !
4 JANVIER ET 30 JUIN
Le 4 janvier est érigée en journée de souvenir aux Martyrs de l’Indépendance. Le 4 janvier 1959 a vu, principalement dans la ville de Kinshasa alors Léopoldville, des Congolais sans distinction d’appartenance ethnique ou tribale, d’origine familiale, de condition sociale, de résidence, d’opinions ou de convictions politiques, religieuses ou culturelles mourir ou être blessés…
Le 30 juin est érigée en Fête d’Indépendance. Ont accédé à la souveraineté nationale et à la souveraineté internationale les Congolais sans distinction d’appartenance ethnique ou tribale, d’origine familiale, de condition sociale, de résidence, d’opinions ou de convictions politiques, religieuses ou culturelles…
Le 16 FEVRIER mérite de figurer aux côtés de celles du 4 janvier et du 30 juin pour autant qu’elle soit un patrimoine national n’ayant aucun lien direct ou indirect avec une classe politique ou un comité laïc identifié, à la différence des dates commémoratives comme le 16, le 17 et le 26 janvier, le 15 février, le 17 et le 20 mai, le 24 juin, le 8 juillet, le 11 Août et le 24 novembre qui sont liées à des personnalités ou à des formations politiques.
Pour l’instant, contentons-nous de l’interpellation du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya du 12 février 1993 : « Plus de 16 février dans ce pays ! ». Entendez plus jamais d’une date « victime » de récupération, d’instrumentalisation et de dénaturation politiques.
Omer NSONGO DIE LEMA