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Pour rappel... Le président Yoweri Museveni a rencontré la délégation du M23

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Joseph Shambuyi
9 février 2013
(Kampala. Correspondance particulière)

Le locataire de « House state » a profité de cette rencontre pour témoigner de sa grande connaissance de l’histoire congolaise, son souci de voir la RD Congo s’engager sur la voie du développement comme les autres pays de la région. Il s’est inquiété de voir ce grand pays trainer les pattes dans son décollage socioéconomique, suite à un leadership qui abandonne ses prérogatives aux impérialistes. Mais l’objectif majeur de cette importante rencontre consistait à discuter sur la suite du dialogue, après trois principaux événements. Le fiasco d’Addis-Abeba où Joseph Kabila a connu l’un des échecs le plus cuisant de la diplomatie congolaise. La signature des conclusions de l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009 où il ressort que le gouvernement congolais n’a réalisé que 18% des prescrits. Enfin, il fallait aborder la question relative à la suite du dialogue, notamment les questions sécuritaires et les questions Sociales, Politiques et Economiques. D’autant plus que la délégation gouvernementale ne se montre pas pressée à voir aborder les cas des violations des droits humains et la brulante question des élections calamiteuses.

Sur le fiasco d’Addis-Abeba

Le président Yoweri Museveni est resté dans la logique de la CIRGL et de la SADC, à savoir : « Les responsables des Nations Unies sont venues avec des solutions prêts-à-portées, sans tenir compte des réalités africaines et sans associer les Africains. » A ce sujet, le président Congolais voulait jouer un dangereux double jeu : s’appuyer sur ses relations personnelles avec les responsables onusiens à travers le représentant de l’ONU en RD Congo qui est devenu un ami personnel et un fervent défenseur du régime de Kinshasa. Ensuite, il a voulu rouler ses pairs africains dans la farine « comme il le fait en RD Congo. » Un pays considéré comme étant vendu aux impérialistes et où le sens du patriotisme n’existe pratiquement pas. Chacun travaille pour son ventre et préfère investir à l’étranger qu’au pays. Pour le président ougandais, les autorités congolaises ont hypothéqué leur souveraineté aux impérialistes. Elles abandonnent leurs responsabilités, laissant ainsi à la communauté internationale le soin de faire le boulot à la place des nationaux. Conséquence : la RD Congo est le maillon faible de la région des Grands Lacs, source d’instabilité pour elle-même et pour ses voisins. Il était donc impensable que les africains se laissent tromper par un Joseph Kabila à la source de ses propres malheurs. Le plan de paix devrait être préparé par des experts africains qui connaissent bien le terrain, ensuite présenté à l’ONU. Mais c’est le contraire qui s’est passé. Le Président congolais ne peut donc pas constamment tromper les Africains au profit des impérialistes. L’échec était inévitable !

Sur l’évaluation des accords du 23 mars 2009

Il ressort de cette évaluation que le gouvernement n’a réalisé que 18% de l’accord signé avec le CNDP en mars 2009. En clair, sur 35 dispositions, seules 15 ont été considérées comme réalisées et 20 non réalisés. Notons cependant que beaucoup de zones d’ombres entourent lesdites réalisations. C’est le cas de l’intégration dans la police où le gouvernement souligne avoir intégré 234 officiers, alors que le CNDP n’en comptait pas autant. On peut aussi noter le cas de la nomination de François Rucogoza au poste de Ministre provincial de la justice. Une nomination qui se passe le 15 février, alors que l’accord n’est signé que le 23 mars 2009. A suivre de près les pseudo-réalisations de l’accord par le gouvernement, il ressort dans l’ensemble que rien n’a été fait.

Ayant réussi à intégrer les unités du CNDP au sein des FARDC, il n’y avait plus aucun moyen de pression. S’estimant hors du danger, le gouvernement a cru se permettre de violer les dispositions de l’accord comme il le fait pour la Constitution. Mais il s’est fait rattraper par l’histoire. Le M23 n’envisage donc plus d’intégrer son armée au sein des FARDC. Il faudra d’abord que toutes les dispositions de l’accord de Kampala soient épuisées avant d’envisager une quelconque collaboration avec l’armée de Kabila qui n’existe pratiquement pas. La conclusion de la facilitation est sans appel : « il est nécessaire de mettre en place un mécanisme de suivi indépendant ». Peut-on mettre en place un comité de suivi pour un accord bien réalisé comme le prétend le gouvernement ? Seul les Congolais naïfs peuvent encore se laisser berner dans ce genre d’histoires. En définitive, le M23 avait raison de prendre les armes pour dénoncer ces manquements graves aux accords du 23 mars 2009. Pour le président ougandais, le gouvernement congolais doit être conséquent avec les accords qu’il signe. Il en va de sa survie. La signature par le gouvernement, des conclusions étalant la non application des accords du 23 mars est à considérer comme une capitulation face au M23.

Concernant la suite du dialogue

Le président Yoweri Kaguta Museveni a été très clair sur la suite du dialogue. Tous les points à l’ordre du jour seront traités. Il a souhaité que les délégués du M23 insistent sur les violations des droits humains, les tueries et assassinats et les enlèvements arbitraires des opposants. Selon lui, il est clair : « un régime qui veut l’avenir de ses concitoyens ne peut pas régler tous les problèmes par la torture, les assassinats et les enlèvements. » Cela doit changer. 

Quant au gouvernement qui voulait s’en arrêter là et rentrer à Kinshasa, obligation lui a été faite de rester, contre son gré, pour épuiser tous les points inscrits à l’ordre du jour. Si les délégués du gouvernement quittent la table du dialogue sans aucune conclusion, ils seront tenus pour responsables de l’échec des négociations de Kampala. Ainsi, ils auront donné au M23 le feu vert afin de poursuivre sa marche sur Goma, Bukavu, Uvira, Butembo etc. Ils n’auront plus nulle part où aller pleurnicher. Kabila aura lui-même scié l’arbre sur lequel il s’est appuyé : la CIRGL. Selon le président ougandais, le dialogue ira jusqu’à son terme. Un accord sera signé et un mécanisme de mise en œuvre sera instauré, n’en déplaise aux Kabilistes. Dans ses agissements à fuir la table des négociations, le gouvernement se retrouve dans une totale confusion ! Quant à la question budgétaire soulevée par les délégués du gouvernement,le président Museveni a été clair : les Congolais n’ont pas la notion de temps. Ils tirent tout en longueur. 

Pour résoudre la question, il propose que les deux délégations élaborent un calendrier précis des travaux pour finir le plus tôt possible et dépenser le moins d’argent possible. Espérons que le gouvernement saisira la balle au bond en accélérant les travaux pour parvenir à un accord dans un bref délai et éviter des inutiles dépenses supplémentaires. Tout compte fait, le M23 est prêt à poursuivre sa marche, si le gouvernement ne répond pas favorablement à ses « revendications légitimes ».
 
 
Distribué par:
Mwalimu Kadari M. Mwene-Kabyana, Ph.D.

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