Jean-Marie Runiga et Sultani Makenga, à sa droite, lors des obsèques à Rutshuru d'un officier tué dans un échange de tirs entre deux factions rivales du M23, le mardi 26 février 2013.
RFI
Le Nord-Kivu est dans la tourmente. Des combats se sont encore déroulés en plusieurs points de cette province de l'est du Congo. A Rutshuru, les milices maï-maï qui avaient pris le contrôle de la ville s'en sont retirés, tandis qu'à quelques kilomètres de là, deux factions opposées du M23 se sont affrontées. Enfin, dans la zone du Masisi, des combats entre les forces congolaises et les miliciens de l'APCLS, une milice maï-maï, auraient fait au bas mot 50 morts selon la Monusco.
C'est dans les collines du parc des Virunga que les hommes du Mouvement du 23-Mars (M23) sont en train de régler leurs comptes. Les combats s'y sont déroulés toute la nuit de jeudi à vendredi, avant de s’arrêter vendredi 1er mars en milieu de journée.
Les hommes du général Sultani Makenga disent désormais vouloir mettre la main sur le général Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), et neutraliser l'aile dissidente emmenée par Jean-Marie Runiga, jusqu'alors figure politique du mouvement.
La guerre interne du M23 a poussé les militaires du mouvement à quitter un certain nombre de localités, que se sont immédiatement disputées des milices maï-maï mais aussi des miliciens FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda).
Un temps occupée par les Maï-Maï, Rutshuru est désormais libre. Mais chacun redoute que les hommes du M23 et les forces congolaises ne se disputent à nouveau le contrôle de la ville.
Dans le Masisi, et plus précisément à Kitchanga, la situation demeure confuse. Dans cette zone, les combats entre une milice locale d'un côté, l'APCLS, et les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) de l'autre, ont provoqué une hécatombe en ville.
Au moins 50 personnes ont été tuées et 3 500 habitants se sont réfugiés dans la base de la Monusco.
Au moins un quart de la ville a été détruite par des incendies allumés par des miliciens. Quant aux obus échangés par les belligérants, ils ont touché l’hôpital Saint-Benoît, blessant patients et personnels soignants.
Dans le Rutshuru, la confusion persiste depuis les affrontements entre clans rivaux du M23. La rébellion rend le gouvernement responsable de cette situation. Kinshasa, de son côté, promet que l'ordre sera bientôt rétabli. Les FARDC ont violé le cessez-le-feu qui avait été unilatéralement décrété par le M23 avant les pourparlers de Kampala. C’est le porte-parole de la rébellion qui le déclare. En effet, par la bouche du colonel Vianney Kazarama joint par RFI, le M23 met en garde le gouvernement de Kinshasa sur les conséquences de l’occupation de Kiwanja par l’armée gouvernementale. Demande est ainsi faite au gouvernement de réitérer ses troupes et de les ramener sur leurs anciennes positions. Le chef de la rébellion Sultani Makenga invite aussi tous ses fidèles ayant fait défection à rentrer dans les rangs et à se désolidariser du groupe de Bosco Ntaganda. La guerre au sein du M23 a contribué à la confusion dans le Rutshuru. Aujourd’hui, on ne sait plus qui se bat contre qui et pour le compte de qui. Mais Lambert Mendé, le porte-parole du gouvernement, annonce que l’ordre reviendra dans les heures qui viennent. |