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Crise au Nord Kivu : Des accusations graves contre Didier Etumba

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Sécurité nationale :
Crise au Nord Kivu : Des accusations graves contre Didier Etumba
 
 
Le général Didier Etumba (à gauche) en compagnie du général rwandais James Kabarebe, alors chef d’état-major de l’armée rwandaise. 
Dans son édition datée du vendredi 1er février, le quotidien bruxellois «Le Soir» publie, sous la plume de Colette Braeckman, un long dossier sur la situation sécuritaire et socio-économique au Congo démocratique. La journaliste belge revient sur la débâcle de l’armée congolaise (FARDC) face aux rebelles du M23. Il faut dire que des commandos congolais formés par des instructeurs belges ont participé aux combats. Deux officiers livrent leurs témoignages. Il s’agit des colonels Fabien Dunia et Olivier Hamuli respectivement commandant du bataillon para-commando basé à Kindu et porte-parole des FARDC. Chef d’état-major général de l’armée congolaise, le général Didier Etumba Longila est mis en cause. Il est présenté comme étant l’homme qui donnait des «ordres contradictoires» aux troupes déployées sur le théâtre des opérations. Des accusations graves qui appelent des éclaircissements de la part de l’intéressé. Au nom du droit de l’opinion à savoir la vérité.
Saura-t-on la vérité sur les causes profondes de la déroute des Forces armées congolaises face aux "mutins" du Mouvement du 23 mars ? Lors des affrontements en octobre et novembre dernier, des sources militaires ont fait état des «ordres» et «contre-ordres» qu’une autorité supérieure non-identifiée se plaisait à donner aux «commandants». Il semble que ces instructions intervenaient généralement lorsque les forces loyalistes semblaient prendre un avantage décisif sur l’ennemi. A Kinshasa, le ministre de la Défense nationale, le pharmacien Alexandre Luba Ntambo, n’avait pas vu la nécessité de mener des investigations sur ces "révélations". Préférant la facilité, il avait balayé ces «rumeurs» d’un revers de la main.

«Ordres contradictoires» 

La journaliste belge note, en liminaire, qu’au lendemain du déclenchement de la mutinerie des éléments des FARDC, étiquetés CNDP, les commandos formés à Kindu …par des instructeurs belges avaient réussi à cerner le «général» Bosco Ntaganda dans sa ferme à Masisi. Fabien Dunia raconte : «Nous les avions coincés, Bosco et les siens ont fui la ferme où ils étaient retranchés. (…) ». Subtile, Braeckman de relever les mots qui suivent sans les mettre dans la bouche d’un de ses interlocuteurs : «Alors que les forces gouvernementales étaient à deux doigts d’arrêter Bosco Ntaganda, un ordre émanant du général Etumba, commandant en chef de l’armée, les surprit : il fallait observer cinq jours de cessez-le-feu. Un délai qui permit à Bosco Ntaganda et à ses acolytes de fuir en direction de la frontière rwandaise en traversant le parc des Virunga ». Questions : Didier Etumba a-t-il effectivement donné ces «ordres contradictoires»? Pourquoi? Quelqu’un voulait-il «sauver» Ntaganda ? Qui ? Etumba a-t-il agi à titre personnel où transmettait-il des directives venues d’une «autorité supérieure» ? Laquelle ?

A en croire le colonel Dunia, les troupes congolaises envoyées au combat ont reçu des informations délibérément erronées. «On nous a envoyés, a-t-il déclaré, sur des collines où il n’y avait personne, où nous étions exposés aux tirs ennemis, sans ravitaillement ni munitions». Qui a donné ces informations erronées? Comme pour confirmer la participation de l’armée rwandaise aux combats, côté M23, l’officier d’ajouter : «Lorsque les mutins se sont rapprochés de la frontière rwandaise, ils étaient moins de 600, en débandade, 300 d’entre eux s’étaient déjà rendus. Nous les avons vus revenir à 6.000, bien équipés, dotés d’uniformes neufs…Tout avait changé». Dunia ne s’arrête pa là. Il épingle également l’armée ougandaise qui avait, selon lui, «coupé la route» pour empêcher la progression des soldats congolais. 

Le colonel Olivier Hamuli, lui, explique la défaite des FARDC par le sous-équipement de l’armée nationale et la faiblesse de la puissance de feu de celle-ci. Signalons que les forces rebelles possédaient notamment le système de vision nocturne. «La victoire de nos adversaires a été acquise grâce à leur puissance de feu supérieure : nous nous battions avec des kalachnikovs, ils nous ont attaqués avec des lance-roquettes, des mitrailleuses lourdes. (…) », dit-il. Bref, les FARDC souffrent d’une grave carence en logistique mais aussi en renseignements.

«Désinformation» 

Le 3 décembre dernier, le ministre de la Défense nationale, le pauvre pharmacien Alexandre Luba Ntambo, a été auditionné au Sénat, dans le cadre d’une «Question orale» initiée par le sénateur Florentin Mokonda Bonza. A l’ordre d’ordre du jour notamment les ordres contradictoires reçus par les forces loyalistes. Sans avoir fait ouvrir une enquête sur ces allégations, Luba Ntambo, en parfait irresponsable, s’est empressé de qualifier celles-ci de «désinformation». De la désinformation orchestrée, selon lui, par le Rwanda de Paul Kagame «pour nous affaiblir». Et d’ajouter : «Au cours des combats que nous avons eus, des militaires ont prétendu qu’un ordre de trêve, de cessez-le-feu a été donné. Il y a même des gradés d’armée, des supérieurs qui l’ont affirmé». Il poursuit : «Mais un ordre donné par qui ?». Le ministre Luba qui semble être le seul à ignorer qu’il ne fait que de la figuration en tant que ministre de la Défense de conclure : «Il y a un militaire nationaliste qui m’a appelé et m’a posé la question de savoir si j’avais donné un ordre de cessez-le-feu. Mais de quel droit ? En vertu de quelles compétences puis-je décréter un cessez-le-feu? C’est de la rumeur.» De la Rumeur? 

Concluant cette question orale, le sénateur Mokonda Bonza n’avait pas hésité à mettre le doigt là où ça fait mal en déclarant notamment : « (…). Qui nomme les généraux et les officiers supérieurs ? Tient-il compte de la compétence réelle de ces officiers ? Pourquoi a-t-on nommé des étrangers dans notre armée ? Le cas de Bosco Ntaganda en est un. Cette année, on a trouvé des officiers et hommes de troupes rwandais dans notre armée. Est-ce normal ? Que fait-on de la souveraineté de notre pays ? Peut-on s’étonner qu’aujourd’hui les armées étrangères connaissent parfaitement nos insuffisances quand le commandement militaire intègre des étrangers dans les FARDC ? (…) ? (…) ». Et de conclure : «Messieurs du gouvernement, vous avez-vous-même préparé le terrain à l’agression et à la déstabilisation. Vous devez rendre compte au peuple congolais. Les accords secrets que vous signez affaiblissent notre armée. Une ARMEE que le Constituant et l’ensemble du peuple congolais veulent nationale et républicaine. De la santé de ce corps dépendent l’indépendance, la souveraineté et l’avenir de notre pays, l’Unique que nous avons hérité de nos ancêtres qui, dans ses frontières du 30 juin 1960, doit demeurer un Etat de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible.(…) ». 

Les déclarations des colonels Fabien Dunia et Olivier Hamuli contredisent les propos rassurants du ministre de la Défense. Les deux officiers indiquent que les «mixages» et les «brassages» ont transformé l’armée congolaise en un "grand bazar". Une pétaudière. De même, les FARDC sont infiltrées par des agents au service de l’ennemi. Il faut espérer que le ministre Luba Ntambo aura à cœur de faire ouvrir une enquête serrée sur les déclarations du colonel Dunia. Il va sans dire que les faits décrits ci-dessus disqualifient non seulement «Joseph Kabila» et son ministre de la Défense Luba Ntambo mais aussi le général Didier Etumba pour avoir trahi la nation congolaise.
Baudouin Amba Wetshi 
© Congoindépendant 2003-2013

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