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L'opposition congolaise démasquée

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Lu pour vous,

Yvon Ramazani

L’OPPOSITION ALIMENTAIRE

L’évolution sur la scène politique des membres de l’opposition congolaise esquisse des tendances pour le moins intrigantes qui laissent pantelants les observateurs et qui posent tous les problèmes du rôle d’une opposition dans une République démocratique.

Si, en théorie, l’objectif d’une opposition est de s’opposer aux faits et gestes d’un pouvoir à la dérive c’est-à-dire qui ne respecte pas la Constitution et qui mène une gestion opaque de la chose publique et que dans une démocratie les règles d’actions et les procédures pour influer sur le pouvoir sont définies dans la Constitution, il est évident qu’une opposition n’opère pas n’importe comment dans l’aire ou l’arène politique. Les lois, en effet, fixent les attributions ainsi que les modes de fonctionnement de l’opposition. Il y a aussi l’honnêteté et l’élégance intellectuelles, l’orthodoxie, le code pénal en cas de débordement ou d’atteinte à la personnalité de ceux qu’on combat sous le prétexte d’exercer l’opposition, la décence et que savons-nous encore. Comme pour dire qu’un opposant n’est ni immunisé contre les poursuites judiciaires en cas d’infraction avérée ou de débordement, ni ne dispose d’un statut spécial, ni ne peut se permettre n’importe quoi sous la couverture de l’opposant. L’opposition joue donc le contrepoids et la sonnette d’alarme pour baliser la gouvernance performante et républicaine dans les strictes limites fixées par la loi ainsi que dans l’honnêteté, l’élégance intellectuelle et l’orthodoxie.
Un opposant ainsi donc n’opère que parce que motivé par l’intérêt suprême de la nation toute entière, sa bonne santé multisectorielle ainsi que le bon fonctionnement des institutions étatiques. Il ne crée pas de problèmes artificiels à la nation et n’est pas un chipoteur politique au service des causes et intérêts étrangers. C’est un pédagogue politique suffisamment outillé et animé des idéaux supérieurs et positifs et dont l’action ne commence qu’en cas du déraillement du train du pouvoir. Il appuie au besoin le pouvoir lorsqu’il fait bien son travail. Un bon opposant est ainsi, tout compte fait, celui qui ne se laisse pas guider par la maxime jésuite « La fin justifie les moyens » pour se lancer à la conquête du pouvoir en faisant usage de n’importe quel moyen. Même opérant au sein d’un parti politique, le rôle d’un opposant n’est pas une conquête aveugle et irresponsable du pouvoir. Ceci est particulièrement délicat pour un pays comme le nôtre qui revient de longues années de déchirement et de prédation étrangère et qui doit impérativement renforcer ses institutions étatiques, poursuivre le travail de reconstruction et continuer les réformes progressistes.

Les mentalités sur le banc des accusés.

D’aucuns croient, et ils sont de plus en plus nombreux à être abreuvés par cette philosophie, que si un Congolais donné a pu avoir le pouvoir, donc lui-aussi peut briguer le pouvoir. Ainsi tout le monde veut être Chef ou Président en RDC.
En plus, les Congolais ont acquis la conviction, triste héritage des années mobutiennes, que c’est seulement la carrière politique qui paie le mieux et rend possible un enrichissement rapide ou par enchantement. Alors des Congolais de plus en plus nombreux vont à la politique par rêve ou par l’ambition de goûter à ce miel onctueux et abondant de surchoix.

C’est ainsi que, égocentrisme et jalousie aidant, des Congolais de plus en plus nombreux s’engagent dans la carrière politique de façon si décidée et ne donnent aucune chance à ceux qui peuvent constituer un obstacle à leurs yeux vers la concrétisation de leurs visées politiques.

Le tribalisme et le régionalisme aussi compliquent davantage cette équation congolaise en ce que ceux qui en sont mus se livrent aux actes séditieux réalisés sournoisement ou non, d’eux-mêmes ou par le concours des étrangers pour fragiliser la situation politique du pays afin qu’ils en tirent les dividendes liées à leurs convoitises du pouvoir. Doit-il en découler qu’on vote une loi en vertu de laquelle successivement les provinces fourniront des Présidents en RDC de façon continuelle avec des garde-fous puissants contre les dérives tribalistes, régionalistes ou népotiques ?

Le constat réalisé

Le constat réalisé est, hélas, tel que très rares sont les opposants qui le sont par profession de l’humanisme ou par motivation républicaine pure. De nombreux opposants congolais font preuve d’un mimétisme crève-cœur au gré de leurs visées égocentriques de gloire ou d’enrichissement. Selon ce qu’ils visent, ils prennent position pour telle ou telle autre cause, ils concluent telle ou telle autre alliance. Ainsi est née la locution opposition alimentaire pour désigner les opposants à options politiques mutables ou flexibles selon les axes des intérêts personnels. A cette classe d’opposants appartiennent des personnalités comme Roger Lumbala, Mbusa Nyamwisi, Vital Kamerhe et qui savons-nous encore, même si le degré de ce mal n’est pas uniforme chez tous ces opposants.

Les interrogations qui s’imposent

A quelle école appartiennent ces politiques ? Que retient-on de leur parcours politique ? Sont-ils de l’opposition, du pouvoir ou sont-ils à cheval entre les deux ?

Au cas par cas

Il semble que Vital Kamerhe ait toujours été de la majorité présidentielle. Au lendemain de sa brouille apparente avec Kabila, il a multiplié les déclarations et accru le nombre d’initiatives pour faire voir qu’il avait vomi la plateforme Palu-Udemo-Amp. Boudé par les autres opposants particulièrement les partisans de Tshisekedi, Kamerhe a fait usage de méthodes « tshisekedistes » pour se confirmer opposant et se faire accepter par les autres opposants qui le donnaient pour un espion kabiliste. Il a appelé à l’union des opposants et a instruit, à la Cours Suprême de Justice, un dossier en contestation des résultats du scrutin présidentiel alors que c’était plutôt Etienne Tshisekedi qui était autorisé par la loi électorale à entreprendre une telle démarche. Manifestement du zèle même avec l’absurdité rien que pour se faire accepter dans la famille des opposants. C’est comme si, par moments, il doute de l’aboutissement heureux de ses démarches ou efforts comme il milite pour sa propre visibilité politique et celle d’autres opposants même ceux qui ne sont pas au bon parfum avec la population. Vital Kamerhe, est-il convaincu d’être lui-même le prochain possible Président de la RDC ou se fait-il encore valet astucieux de Tshisekedi ? Il accepte l’idée des concertations nationales alors que Tshisekedi décrie cette initiative venue de Joseph Kabila.

Roger Lumbala, ne parlons plus de lui car son affairisme et son opportunisme politiques sont évidents aux yeux de tous les Congolais !

Tshisekedi lui-même n’exhale pas l’odeur de sainteté dans cet contexte. Autrefois, ami de Mobutu qu’il a accompagné dans son parcours politique totalitaire, son opposition à Mobutu n’apparaît, tout compte fait, que comme un chantage pour se faire soudoyer par celui-ci pour pouvoir se couler la vie douce. Après Mobutu, il s’allie avec les Rwandais du RCD/Goma qu’il estimait en position de force pour briguer le pouvoir en RDC. Après sa récente maladie qui l’a fait séjourner longtemps en Belgique, il prend gueule avec les néocolonialistes dans une voyoucratie lamentable et traitre pour se faire aider à supplanter Joseph Kabila. Après son fiasco électoral, de nombreux analystes attribuent ses contestations constantes à son dada ou son obstination à se faire soudoyer pour qu’il accepte de se taire. Et il continue à faire son théâtre politique tant qu’il ne s’estime pas au niveau voulu soudoyé. 

Mbusa Nyamwisi avait pris contact avec Kinshasa depuis longtemps s’étant rendu compte qu’il ne se retrouvait pas dans le RCD/Goma. N’ayant jamais travaillé pour les intérêts du peuple, il est resté longtemps mécontent d’avoir hérité, à la première mandature de Joseph Kabila, d’un ministère sans trop de frais, à savoir le ministère de la décentralisation. A un mois de la fin effective ou constitutionnelle de la première législature de Joseph Kabila, il a rejoint tambour battant l’opposition jusqu’à se remettre de nouveau sous tutelle de Kigali en œuvrant dans le M23. Il a estimé que c’est là que ses intérêts seraient bien garantis.

Les perspectives

Le Congo court de gros risques dont l’étendue peut a priori être mesuré d’avance pour invectiver les opposants congolais incriminés à changer à l’avenir pour laisser se  réaliser le programme d’émergence de la RDC d’ici l’horizon 2030 tel que préconisé et enseigné dans le programme dit « Révolution de la modernité ». Ce programme est pour les intérêts de toute la nation congolaise et est à continuer par les successeurs de Kabila après 2016. Il est bien de nourrir des ambitions hautes mais ces ambitions doivent être en harmonie avec les lois de son pays et les droits de ses compatriotes. Mettre le pays à feu ou à sang pour tirer son épingle de chaque combine politique fragilise le pays et l’astreint au statisme général. Ce n’est plus une lacune cognitive dont souffrent les Congolais mais il est plus question d’éthique pour que les opposants alimentaires cessent leurs sortilèges qui condamnent le pays à la fragilité dont profitent tous ses prédateurs acharnés et méthodiques. Ce qui doit les amener à se résigner devant l’acceptation de l’alternance constitutionnelle et à la mise à profit de leurs ressources à une opposition constructive et républicaine pour que la RDC cesse d’être le substrat des trophismes divers des faucons mondiaux, évite les risques de balkanisation  et fende le firmament de l’émergence possible sous peu.
Samy BOSONGO


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