by Guylain Gustave Moke Munsche Mvula |
Les autorités russes ont fait irruption mercredi dans le bureau moscovite de l'ONGHuman Rights Watch basée à New York, dans le cadre d'une vaste campagne de vérification des ONG qui se poursuit en dépit des critiques de l'Union européenne.
La directrice de HRW pour l'Europe et l'Asie centrale, Rachel Denber, a indiqué dans un mail à l'AFP que trois responsables du parquet et un représentant du fisc russes avaient entamé mercredi une "inspection non prévue" dans les locaux de l'association à Moscou.
Les bureaux des ONG Civic Assistance (aide aux réfugiés) Transparency International(lutte contre la corruption) et Agora (défense des droits de l'homme) ont également fait l'objet de contrôles inopinés mercredi, a-t-elle ajouté.
"Cela s'inscrit dans le cadre d'une vague énorme et sans précédent d'inspections d'ONG en Russie, qui accentue la pression sur la société civile à la suite de l'adoption l'an passé d'une série de lois restrictives" sur le plan des libertés, a souligné la responsable de HRW.
"Cela s'inscrit dans le cadre d'une vague énorme et sans précédent d'inspections d'ONG en Russie, qui accentue la pression sur la société civile à la suite de l'adoption l'an passé d'une série de lois restrictives" sur le plan des libertés, a souligné la responsable de HRW.
Ces contrôles sont liés à une loi entrée en vigueur fin 2012, quelques mois après le retour au Kremlin de Vladimir Poutine pour un troisième mandat de président.
C
C
e texte oblige les ONG bénéficiant d'un financement étranger et ayant une activité politique à se faire inscrire sur un registre "d'agents de l'étranger" et à se présenter en tant que tel dans toute activité publique.
Les autorités russes ont entamé la semaine dernière une série d'inspections d'ONG parmi lesquelles la principale ONG des droits de l'homme en Russie, Memorial, ainsi que l'antenne moscovite d'Amnesty International.
Plusieurs ONG telle Memorial refusent de se faire enregistrer en tant qu'"agent de l'étranger", un qualificatif qui à l'époque stalinienne était appliqué aux "ennemis du peuple" envoyés dans les camps ou fusillés.
Un tel refus est passible pour les responsables d'ONG d'une peine de deux ans de camp.
Un tel refus est passible pour les responsables d'ONG d'une peine de deux ans de camp.
Une centaine d'organisations non gouvernementales aux activités diverses (droits de l'homme, défense des homosexuels, écologie), de Moscou à l'Extrême-Orient russe en passant par Saint-Pétersbourg et la Tchétchénie ont été visées jusqu'ici par ces contrôles perçus comme des mesures d'intimidation et qui ont suscité des inquiétudes à l'étranger.
La représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, s'est déclarée "préoccupée" par cette campagne contre les ONG.
"Les inspections et perquisitions menées en vertu de fondements juridiques flous sont inquiétantes car elles semblent être destinées à fragiliser les activités de la société civile" en Russie, a déploré Mme Ashton dans un communiqué publié mardi soir. "Ces actes, qui s'ajoutent à la récente série de lois restreignant les libertés civiles de la population russe, à l'accroissement de poursuites visant des militants, aux procès politiques, ainsi qu'à l'absence de réactions dans certaines affaires de violation des droits de l'homme, constituent une évolution profondément troublante", a-t-elle ajouté.
Mardi, plusieurs bureaux de l'Alliance française en Russie ont été contrôlés par les autorités, de même que les locaux à Moscou de la fondation allemande Friedrich-Ebert, la plus importante d'Allemagne, et ceux de la fondation Konrad-Adenauer à Saint-Pétersbourg.
L'Allemagne a réagi en convoquant mardi au ministère des Affaires étrangères à Berlin le numéro deux de l'ambassade de Russie pour exprimer son inquiétude. "Notre partenariat avec la Russie repose en partie sur l'attente d'un respect envers la société civile et les ONG", avait indiqué auparavant le ministère allemand des Affaires étrangères, réclamant que les ONG soient "traitées équitablement".
Le dirigeant de l'ONG russe Pour les droits de l'homme, Lev Ponomarev, a indiqué mercredi avoir été convoqué au parquet à la suite d'une inspection lundi dans les locaux de l'association qu'il a qualifiée d'"illégale".
De son côté, Memorial a indiqué sur sa page Facebook que lors d'un contrôle dans ses locaux à Saint-Pétersbourg, les inspecteurs avaient été jusqu'à réclamer les carnets de vaccination contre la rougeole du personnel et les certificats concernant la dératisation des locaux.
Par Guylain Gustave Moke
WordPress/AFP