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Les faux milliards de Joseph Kabila

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Date de publicationÉcrit par Pascal Debré Mpoko
Sous prétexte de déballer le Président congolais et sa famille par des allégations d’un enrichissement insolant, Richard Miniter, un journaliste américain d’investigation au service de l’hégémonie américaine, est mis en service pour intimider Joseph Kabila en prévision du sommet Amérique – Afrique qui se tient début août prochain à Washington. La machine néoconservatrice américaine cherche à se frayer, de force, une place au sein des économies africaines après avoir longtemps guerroyé contre les terroristes pour se réveiller sur une invasion du continent par les asiatiques.
Mais, n’en déplaise à l’hégémonisme américain, le monde a bien changé pendant ces années et la RDC, qui connaît bien la valeur de la souveraineté, est la dernière à se laisser faire par ce genre de méthode d’une autre époque…
Un journaliste américain a enrichi le Président Kabila de plusieurs milliards de dollars. 15 milliards exactement. Richard Miniter, puisque c’est de lui qu’il s’agit, affirme dans un article paru sur le site de forbes le 30 juin dernier, que le Chef de l’Etat congolais s’est constitué cette fortune, logée dans des comptes aux Iles vierges britanniques, avec le pétrole et les mines du Katanga.
Dans cette même production, le journaliste parle aussi d’un enrichissement des frères et sœur du Président Kabila, soit par un détournement de l’argent du Trésor public, soit par l’accaparement de tous les marchés des imprimés de valeur.
Sur le volet politique, Richard Miniter n’y va pas de main morte pour traiter Kabila de pire chef d’Etat de toute l’Afrique. Pour cela, il engage Barack Obama a tout faire pour le départ de Kabila du pouvoir, au besoin par voie des armes, s’il résiste.
On est très peu habitué à ce genre d’articles caustiques sur la RDC dans la presse américaine. En effet, la RDC est si lointaine de la puissante Amérique que personne ne saurait dire avec exactitude ce qu’il y a outre pacifique. En sorte que l’on pourrait dire que l’article sous examen ne serait d’aucun attrait pour son public cible. Forbes est, en effet, une puissance médiatique ciblant la haute société américaine, celle des influents et des décideurs.
Seulement voilà. Après avoir longtemps guerroyé contre le terrorisme, les Américains se sont réveillé un matin presque sans aucune présence économique sur le continent africain envahi de plus en plus par le vague asiatique (indien et chinois). Un sacrilège pour la plus grande puissance mondiale que de perdre son ancrage sur ce marché en plein émergence qu’est l’Afrique, aussi bien en termes d’investissements que de débouché. C’est de là que part l’idée d’Obama qui a invité certains de ses homologues africains, dont Joseph Kabila au sommet Afrique – Amérique qui se tient début août prochain à Washington. François Hollande aurait-il ainsi fait des émules ?
Mais au-delà des discours que les convives d’Obama auront à échanger, il sera nettement question de projets concrets. Puisque les USA accusent un train de retard dans l’économie africaine, il faut aussi jouer des coudes pour se frayer une place.
Du mensonge pour intimider Kabila
On comprend, dès lors, le soubassement de l’offensive de Richard Miniter sur forbes, qui pouvait, pourtant, faire plus mouche avec d’autres titres américains et anglo-saxons en général qui s’intéressent souvent à l’Afrique. Nous sommes là en face d’une opération d’intimidation des partenaires afin de leur arracher des accords d’investissement. Ni plus ni moins. Car, comment comprendre autrement qu’un journaliste d’investigation de la trempe de Richard Miniter s’adonne à une telle campagne de mensonges ?
Au sujet de la fortune de Joseph Kabila, Jeune Afrique avait publié  récemment un palmarès des Chefs d’Etat africains les mieux payés. Kabila n’y figurait pas. Une fortune provenant du pétrole ? Plusieurs sociétés pétrolières sont présentes en on comme en off shore en RDC. Toutes ces sociétés sont, pour la plupart, des sociétés de droits britanniques ou américains très bien connu, jusque dans leur capital. Aucun d’entre elles ne compte un actionnaire nommé Joseph Kabila.
Et que dire des mines du Katanga ? Idem pour la multitude des sociétés, pour la plupart chinoises, qui y sont établi et dont le renom est aujourd’hui indéniable à travers le monde.
De plus, l’ITIE vient de réadmettre la RDC parmi ses membres après près d’une année de suspension en raison de divergences de vues dans l’évaluation d’une société minière. La transparence qu’impose cette institution de renommée mondiale, où les grandes économies du monde ne sont pas présentes, permet de connaître jusqu’au dernier des actionnaires de ces industries lourdes.
Par ailleurs, le grand intérêt que l’Occident porte sur la personne de Kabila ne les aurait pas fait oublier d’aller lui chercher des poux dans ces fameux avoirs, notamment en scrutant les capitaux des entreprises installées en RDC. Dans la même logique, Kabila, qui se sait le mal aimé des Occidentaux en général, serait le dernier à aller exposer sa fortune aux Iles vierges où n’importe qui pourrait l’identifier.
Quant à l’implication de ses frères dans une « kleptocratie » familliale, on se demande comment une personne qui ne fait partie d’aucune institution publique peut détourner des fonds du Trésor public. Lorsque l’on sait que le détournement de fonds est l'appropriation frauduleuse de fonds par quelqu'un pour son propre intérêt, on doit aussi savoir que pour se l’approprier, il faut disposer d’un statut pouvant permettre que ces fonds vous soient confiés. Or, le Président de la République n’a aucun frère dont le statut pourrait le mettre en rapport avec le Trésor public d’une manière ou d’une autre.
Pour le reste, il est connu en RDC que la production des imprimés de valeur se fait par voie d’adjudication. Très régulièrement, les journaux de Kinshasa publient des appels d’offre pour ce faire et plusieurs imprimeurs de la place remportent ces marchés qui se passent publiquement. C’est le cas, notamment de Label Print, Kin Press, etc. qui, d’ailleurs, détiennent des créances sur le Trésor public après avoir fourni ces imprimés de valeur.
Quand les néoconservateurs américains sortent les griffes
Autant d’éléments donc pour indiquer que Richard Miniter a été embarqué dans une fausse campagne de dénonciation pour, en fait, soit intimider Kabila, soit le faire chanter en prévision du sommet prochain de la Maison Blanche. Nous sommes là en face du pure néoconservatisme américain qui se déploie dans toute sa diabolique splendeur. 5 principes guident les néoconservateurs, à savoir :
  • refus du déclin de la puissance américaine parce qu'elle est la première puissance démocratique du monde ;
 
  • empêcher l'émergence d'une puissance rivale ;
 
  • revalorisation de l'outil militaire pour répondre aux agressions ;
 
  • fin de la « complaisance » envers les dictatures ;
 
  • clarté morale et hégémonie bienveillante.
Par ailleurs, le néo-conservatisme s'appuie sur six caractéristiques principales, qui se recoupent en grande partie dans :
  • une tendance à percevoir le monde en termes binaires (bon/mauvais) ;
 
  • une faible tolérance pour la diplomatie ;
 
  • la volonté d'employer rapidement la force militaire ;
 
  • une insistance sur la nécessité pour les États-Unis d'agir de manière unilatérale ;
 
  • un dédain pour les organisations multilatérales ;
 
  • une focalisation sur la protection d’Israël et donc le Moyen-Orient.
On comprend, dès lors, pourquoi Richard Miniter évoque ce courant politique et y confine Barack Obama. On comprend aussi pourquoi il conjure celui-ci de faire pression sur Joseph Kabila, au besoin par des moyens militaires. De l’hégémonisme américain grandeur nature ! Mais on ne conquiert pas la confiance des partenaires par force et par intimidation. Les Africains ne sont pas l’annexe des Etats-Unis pour subir leurs dictats. Et la RDC est certainement parmi les pays africains qui connaissent le sens de la souveraineté des Etats après des décennies d’agressions et de menaces de balkanisation.
Si les USA ont des valeurs à défendre, ils doivent savoir que la vie de la communauté internationale a aussi ses valeurs dont le respect mutuel
Pascal Debré Mpoko

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