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Jammeh : 22 ans de règne sans partage

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Le 22 juillet 1994, le monde découvrait la fine silhouette d’un jeune lieutenant de 29 ans autoproclamé président de la Gambie.
Image copyright
Par un coup d’Etat, Yahya Jammeh venait ainsi mettre fin au règne de Dawda Jawara, président depuis l’indépendance de ce petit pays niché au cœur du Sénégal.
Rien ne prédestinait ce fils de paysan, né en 1965 à Kanilaï, un village situé à la frontière avec le Sénégal, à occuper de telles fonctions.
Mais deux ans après sa prise du pouvoir, Yahya Jammeh abandonne le poste de Président du Conseil des Forces armées et prend le titre de chef d’Etat le 28 septembre 1996.
En 22 ans de règne sans partage, l’homme qui se fait appeler par ses concitoyens Sheikh Professor Alhaji Doctor Yahya Abdul-Aziz Awal Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen Babili Mansa Jammeh , a fait de la Gambie un pays avec une opposition sans envergure et une société civile réduite à sa plus simple expression, terreur des organisations de défense des droits de l’homme.
Sous son règne, la Gambie est constamment épinglée par les ONG pour des violations de droits de l’homme.
Disparitions forcées, assassinats, exécutions extra-judiciaires et harcèlement de la presse et des défenseurs des droits de l’Homme sont souvent répertoriés en Gambie. Curieusement l’Institut africain pour les droits humains a son siège sur le territoire gambien.
De Deyda Haidara à Solo Sandeng

A la Une: Clinton et Trump, vainqueurs des primaires dans l’Etat de New York

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A la Une: Clinton et Trump, vainqueurs des primaires dans l’Etat de New York

mediaHillary Clinton célèbre sa victoire aux primaires de l’Etat de New York.REUTERS/Adrees Latif
Clinton et Trump sont les grands vainqueurs des primaires dans l’Etat de New York
Hillary Clinton et Donald Trump étaient les deux favoris et ils l’ont emporté haut la main lors des primaires dans l’Etat de New York. L’ex-première dame a réussi à réunir 57,9% des voix, contre 42,1% pour le sénateur du Vermont, Bernie Sanders. Côté républicain, le milliardaire Trump l’a emporté avec 60,5% des suffrages.
Pour le New York Times, la victoire des deux prétendants à l’investiture a été « facile ». Mais dans un éditorial, le journal écrit aussi que ni le démocrate Sanders ni le républicain John Kasich ne doivent abandonner. « M. Kasich n’est pas un candidat excitant, ni même un politicien modéré » mais c’est celui qui offre aux républicains mesurés une « alternative acceptable »Pour Sanders, la conclusion est la même : il doit rester car le candidat a amené des thématiques importantes comme les inégalités de richesse, le coût de l’enseignement supérieur ou encore le prix de la mondialisation. Sanders a permis d’élever le débat, et c’est « la meilleure préparation pour l’élection générale », conclut le journal.
Sa rivale, Hillary Clinton a gagné haut la main mais son image n’est pas très positive auprès des électeurs, comme le souligne le Washington Post. Pour le journal, elle est clairement favorite face à Donald Trump ou à Ted Cruz. Mais son image est plus faible comparée à celle d'anciens candidats à la présidentielle. Alors que Sanders réussit « à générer de l’enthousiasme », Hillary Clinton, elle, ne parvient pas à « capitaliser sur ses avantages » et sur son expérience. 
Obama, l’Arabie saoudite et les armes américaines
Le président américain est arrivé ce mercredi 20 avril en Arabie saoudite. Une contribution signée William Hartung dans le New York Times met en garde Barack Obama. Pour ce membre du Centre de politiques internationales, Obama ne doit pas vendre davantage d’armes aux Saoudiens. Pendant les six premières années de sa présidence, les Etats-Unis ont déjà passé des accords avec le royaume pour 50 milliards de dollars d’armes. Mais au-delà de la lutte antiterroriste, ces armes ont tué des civils au Yémen. L’article met aussi en lumière les risques pour la sécurité des Etats-Unis, car ses ventes d’armes ne freinent en rien l’influence des groupes jihadistes dans la région.

Au Brésil, la procédure de destitution se poursuit pour Dilma Rousseff
Ce mercredi, la justice va trancher sur le sort de l’ancien président Lula. L’actuelle présidente Dilma Rousseff voulait en effet intégrer son mentor à son gouvernement. Mais comme l’explique La Folha de São Paulo, la décision de faire entrer l’ex-président au gouvernement avait été suspendue à la demande d’élus de l’opposition, qui y voyaient une irrégularité et une manière pour Lula d’échapper à la justice dans l’affaire Petrobras. Cette décision de la cour pourrait retarder la procédure de destitution de Dima Rousseff, précise le journal.

Cette procédure, justement, est loin d’être finie. Le Correio Braziliense détaille le programme de ces prochains jours : lundi 25 avril seront choisis les membres de la commission du Sénat qui analyseront le dossier de Dilma Rousseff. Ils auront ensuite dix jours pour rendre un avis et laisser la place au vote des sénateurs. D’après le journal, la date du vote serait fixée au 10 mai. Ce jour-là, il faudra 41 votes pour l’ouverture de la procédure de destitution. Le journal O GLobo estime à 46, soit cinq de plus, le nombre de sénateurs qui seraient en faveur de l’ouverture de la procédure contre Dilma Rousseff.

D’après un éditorialiste de Globo toujours, « Dilma profitera de son voyage aux Etats-Unis (ce week-end, NDLR) pour dénoncer à l’étranger ce qu’elle nomme un coup d’Etat ». Le journal estime par ailleurs que la presse étrangère a, depuis cette semaine, un meilleur traitement vis-à-vis de la présidence que les journalistes brésiliens. Une journaliste brésilienne, de La Folha de São Paulo, signe une tribune dans le New York Times. Pour elle, la procédure de destitution n’est pas un coup d’Etat mais une opération de maquillage pour masquer le vrai problème : le fait que la totalité du système politique brésilien est en ruine, gangréné par la corruption.
Au Venezula, Maduro vent debout contre l’opposition
Nicolás Maduro, le président vénézuélien, l’affirme : la destitution de Dilma Rousseff est un coup d’Etat et une menace pour toute l’Amérique. A mi-mandat, le successeur de Chávez semble avoir retrouvé son énergie. Ce mardi, lors de la journée de commémoration de la lutte pour l’indépendance, il a déclaré qu’une nouvelle étape s’ouvrait, comme le raconte le journal El Universal. Il s’est montré très offensif et a fustigé l’opposition. Cette dernière a, de son côté, mobilisé des milliers de partisans à Caracas, avec un slogan « Personne n’arrêtera le changement ». La coalition de l’opposition, la MUD, majoritaire à l’Assemblée depuis les dernières élections, souhaite la tenue d’un référendum révocatoire à l’encontre du président. Mais pour l’organiser, il faudra au moins quatre millions de signatures.

Près 500 naufragés en Méditerranée

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Près 500 naufragés en Méditerranée

  • 20 avril 2016
Le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a indiqué mercredi que près de 500 migrants se seraient noyés en Méditerranée.
La porte-parole du HCR pour l'Europe du Sud basée à Rome, Carlotta Sami, qui a fait cette déclaration a cité des rescapés qui sont parvenus à Kalamata (Grèce).
Au moins 40 personnes, originaires de Somalie, du Soudan et d'Ethiopie ont été secourues.
Le naufrage a eu lieu lorsque les passeurs ont essayé de faire monter d'autres migrants sur un bateau déjà surchargé.
Les rescapés ont raconté avoir assisté à un naufrage qui pourrait être le plus grand drame survenu en Méditerranée.

Messi a 500 buts à son compteur

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Image copyrightGetty
L'attaquant du FC Barcelone Lionel Messi a franchi dimanche la barre des 500 buts depuis ses débuts professionnels en 2004.
L'attaquant du FC Barcelone Lionel Messi a franchi dimanche la barre des 500 buts depuis ses débuts professionnels en 2004.
Le quintuple Ballon d'Or a marqué le but qui a permis au Barça de réduire le score à 2-1 face à Valence en Championnat d'Espagne.
Le 29 mars, Messi avait inscrit son 50ème but avec la sélection argentine sur penalty contre la Bolivie (2-0).
Le but marqué face aux Valenciens est son 450ème depuis ses premiers pas sous le maillot du FC Barcelone.
Lionel Messi est le meilleur buteur de l'histoire du FC Barcelone (450 buts) et de l'histoire du championnat d'Espagne (309).

LDC : le TP Mazembe éliminé

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Le club congolais TP Mazembe a été sorti lors des 1/8 de finale de la Champions League.
Les Corbeaux de Lubumbashi n'ont pas pu refaire leur retard sur le Wydad Casablanca au match aller.
Les Marocains sont même parvenus à arracher un match nul (1-1) après leur victoire (2-0) à domicile.
Le Wydad disputera les phases de poules de la compétition.
Le TP Mazembe jouera de son côté un match de barrage en vue d'un reversement en Coupe de la Confédération.

Togo : rencontre avec des "sorciers"

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  • 29 mars 2016
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La région de Kara dans le nord du Togo est culturellement et traditionnellement très riche. Réputée, nous apprend l’histoire, pour la bravoure de ses paysans et de ses guerriers, elle a une autre caractéristique: la danse traditionnelle dénommée Habiè.
Il s’agit d’une danse qui a lieu tous les cinq ans et qui regroupe uniquement les initiés en sorcellerie.
Un rendez-vous où chaque sorcier vient démontrer le degré de sa puissance.
Image copyright
"Des sorciers, il en existe aussi dans presque toutes les contrées du sud Togo ; mais ici, ceux qui détiennent ce pouvoir n’acceptent pas s’afficher ou à être désigné comme tels, surtout, en public"», indique Botso Malbada, un natif de la région.
Chef traditionnel du village de Kéta-Assoukopé situé à une cinquantaine de kilomètres à l’Est de Lomé, Togbé Kpalikpatcho III nous reçoit à son domicile, assis sur un siège les deux pieds posés sur une peau de bête étendu devant lui.
Il affirme avoir tranché déjà des litiges relatifs à la sorcellerie dont il a même déjà fait les frais dans sa vie.
Image copyright
Arouna Djaffo Agbanin est aujourd’hui l’une de ces rares personnes qui avouent publiquement leur sorcellerie. Je suis allé à sa rencontre au quartier Agoè à Lomé dans une maison dont la vaste cour est dominée par l’ombre des manguiers qui s’y trouvent.
"Je suis sorcier, mais un sorcier positif, qui utilise sa puissance pour combattre les sorciers qui font du mal", indique le professeur Agbanin, qui fait paraitre désormais au Togo, un journal titré Afrique Tradition et qui parle exclusivement de la sorcellerie et de l’ésotérisme.
Le dernier numéro de ce magazine est consacré à un sujet concernant un missile traditionnel.
Image copyright
Parmi les milliers de fidèles qui fréquentent aujourd’hui les églises charismatiques au Togo, nombreux sont ceux qui le font pour se mettre à l’abri de la sorcellerie.
Réalité bien connu des pasteurs qui sont aussi nombreux à proposer le salut de leur église.
Malgré la multiplication de ces églises et le contrepoids que représente l’action bienveillante d’autres sorciers, la sorcellerie reste une puissance très redoutée, du fait de sa capacité présumée de nuisance, une croyance fortement ancrée chez une bonne partie de la population.
Nicolas AGBOSSOU
BBC Afrique

Zambie : deux personnes brûlées vives

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Deux personnes ont été brûlées vives lundi à Lusaka lors d'émeutes xénophobes visant des commerçants rwandais soupçonnés de crimes rituels, a rapporté la police zambienne mercredi, sans pouvoir préciser la nationalité des victimes.
Image copyright
"Le nombre officiel de personnes tuées depuis le début des troubles lundi est de deux morts. Les deux personnes ont été brûlées vives le 18 avril 2016 à Kanyama", un bidonville de Lusaka, a déclaré la porte-parole de la police, Charity Chanda, dans un communiqué.
Après deux jours de violences, lundi et mardi, la situation était relativement calme mercredi matin dans la capitale zambienne.
Les émeutes ont éclaté lundi et se sont propagées le lendemain dans plusieurs quartiers pauvres de Lusaka, après la découverte récente de sept cadavres, amputés de plusieurs organes (oreilles, coeur, pénis, ...).
Mardi, des centaines de personnes avaient caillassé des maisons et des commerces soupçonnés d'appartenir à des Rwandais.
Effrayés, des ressortissants rwandais avaient trouvé refuge dans des commissariats.
Jusqu'à présent, la police a procédé à onze arrestations liées aux crimes rituels supposés et à 256 interpellations liées aux émeutes.
Cette vague d'attaques xénophobes intervient à quatre mois de l'élection présidentielle qui doit se tenir le 11 août dans ce pays d'Afrique australe en pleine crise économique.

Les filles de Chibok, 2 ans après

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  • 14 avril 2016
Image copyright
Deux ans après leur kidnapping, 219 des 276 lycéennes enlevées à Chibok dans l'Etat de Borno au Nigéria, seraient toujours en vie selon une vidéo du groupe Boko Haram diffusée mercredi par la chaîne américaine d'information CNN.
Voici le portrait de cinq filles toujours portées disparues.
Le soir où Jumai a été enlevée de l'école secondaire de filles Government Girls à Chibok, elle a appelé son père.
Elle se trouvait à l'arrière d'un camion, avec ses camarades de classe, et des hommes munis de fusils les ont forcées à partir.
Son père, Daniel, lui a dit de sauter de la camionnette - mais la ligne s’est déconnectée et la communication s’est arrêtée.

Government Girls, École secondaire de filles, Chibok, Nigeria

276 filles kidnappées
le 14 avril 2014
219 portées disparues
    GETTY IMAGES
    Il a couru hors de la maison pour essayer de trouver un signal. Lorsqu’il a réussi à rappeler, c’est un homme qui a décroché en disant : "Arrêtez d'appeler, votre fille a été enlevée". C’est à ce moment que Daniel comprit que son sort était "entre les mains de Dieu". Le lendemain, il a essayé d'appeler à nouveau, mais la ligne ne fonctionnait plus.
    Même si certaines familles des jeunes filles disparues ont accepté de communiquer leurs noms et photos, le nom des Jumai et de son père ont été changés pour protéger leur identité.
    Avant leur kidnapping, les alentours de Chibok étaient relativement calmes. Le groupe islamiste Boko Haram avait attaqué des villages plus au nord et à l'est, mais cette ville animée avait jusque-là échappé à tout assaut.

    Ville fantôme

    Jumai est de Mbalala, une ville à environ 11km au sud de Chibok et l'une des plus touchées par l'enlèvement. Quelque 25 jeunes filles ont disparu de Mbalala.
    Image copyrightAFP
    C’était autrefois un petit bourg animé où les commerçants venaient de villes aussi éloignées que Kano pour acheter des haricots et du bétail. Mais aujourd’hui, les étals sont vides.
    L’armée a limité toute activité, les habitants ne peuvent pas acheter de la nourriture en gros, ni même de l’huile de cuisson, les générateurs ne peuvent pas tourner la nuit, forçant la population à marcher dans l'obscurité.
    Sans écoles et sans travail, les jeunes préfèrent quitter la ville quand ils le peuvent. Les garçons s’en vont à la recherche de travail tandis que les filles en âge de se marier partent dès qu’elles en ont l’occasion.
    Les femmes vendent des collations maison dans des bacs en plastique sur le bord de la route pour se faire un peu d’argent.
    Quand elle n'avait pas école, Maryam Abubakar aidait sa mère qui vendait des collations, des gâteaux aux haricots et des nouilles. Le jour où Maryam a été enlevée, juste avant qu'elle se rende à l'école, elle aidait sa mère.
    "Elle avait vendu pour 50 $," dit sa mère. "C’était une grande femme d'affaires. Elle était très paresseuse au champ, mais elle était très douée avec les clients."
    Ce fut le dernier moment que mère et fille ont passé ensemble.
    Image copyright
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    Eléments d’information apportés par Aboku Samson

    Exclu RFI] Didier Drogba: «Je ne comprends pas ce qui m’est reproché»

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    Exclu RFI] Didier Drogba: «Je ne comprends pas ce qui m’est reproché»

    mediaL'Ivoirien Didier Drogba sous le maillot de l'Impact de Montréal.Mandatory Credit: Ray Carlin-USA TODAY Sports
    Le Daily Mail a récemment accusé la Fondation Didier Drogba d’avoir utilisé une petite partie seulement des 2,1 millions d’euros récoltés à Londres pour des œuvres caritatives en Afrique. Le footballeur ivoirien, qui attaque le quotidien britannique en diffamation, se défend ce 18 avril 2016 sur RFI. Il assure que sa priorité était de récolter un maximum de fonds et que ses premières réalisations devraient voir le jour très prochainement, grâce à cet argent notamment.
    RFI : Qu’est-ce que l’on reproche exactement à votre fondation ? De ne pas avoir reversé tout l’argent levé à Londres pour des œuvres caritatives en Afrique ?
    Didier Drogba : C’est exactement ce qui m’est reproché. Ce qu’ils [les journalistes du Daily Mail, ndlr] ne comprennent pas, ou peut-être que si, c’est le côté complexe de la fondation.
    Ce côté complexe, c’est qu’on opère en Afrique, qu’on a un siège là-bas. La Fondation a en effet été créée à Abidjan en 2007. On a des statuts et on est reconnu par l’Etat ivoirien.
    D’un autre côté, on a créé un bureau à Londres, parce qu’on voulait organiser des galas pour récolter des fonds. Ces galas nous permettent d’avoir des revenus.
    Durant cette période [de collectes], on a quand même effectué des opérations et on a quand même été actifs. […]
    Et comme je l’ai expliqué dans un communiqué, j’ai aussi des contrats de sponsoring en Afrique.
    Ces contrats vous ont donc permis d’avancer les fonds pour la réalisation des projets de votre fondation ?
    En 2010, pour inciter les gens à donner, j’ai voulu montrer que je contribuais aussi à l’avancée de ma fondation. Je l’ai fait de ma propre initiative. Personne ne m’a poussé à le faire. Ce projet et la Fondation me tiennent à cœur. J’ai voulu montrer aux gens que c’était quelque chose de très sérieux.
    Tous nos projets en Côte d’Ivoire ou dans d’autres pays tels que le Sénégal ont été financés à partir de l’Afrique. Donc, pourquoi utiliser l’argent qui est à Londres alors qu’on a déjà des sommes conséquentes qui sont déjà à notre disposition ? Des sommes qui nous permettent d’opérer, de travailler.
    Dans le fonctionnement de votre fondation, les fonds levés à Londres servent donc à alimenter la fondation en Afrique mais aussi à organiser de nouvelles collectes d’argent. C’est bien cela ?
    Oui, sachant que les galas dont on parle, si on veut y attirer du beau monde, c’est difficile de les organiser à Yopougon [quartier d’Abidjan, ndlr]. Un gala, pour y attirer des personnalités, ça doit être prestigieux et ça nécessite donc un investissement.
    Je ne comprends pas ce qui m’est reproché. Ce qui m’est reproché, c’est d’avoir dépensé seulement 1% des fonds levés. Mais les gens devraient s’estimer heureux. Car malgré tout l’argent qui reste, on a quand même fait des opérations, on a travaillé.
    Pouvez-vous nous en dire plus sur ces réalisations ?
    Si ces personnes [les journalistes du Daily Mail, ndlr] étaient venues à mes galas, elles auraient compris ma démarche.
    A la base, je voulais faire construire cinq cliniques en Côte d’Ivoire. Puis il y a eu le contexte politique qui a freiné ce projet.
    Cette situation m’a alors poussé à réfléchir à un projet alternatif. A ce moment-là, je me suis dit : « D’ici cinq ans à dix ans, je vais arrêter de jouer au football. Il va falloir  trouver d’autres moyens de lever des fonds. Parce que les sponsors ne vont plus continuer à être présents comme à la belle époque où je jouais… »
    Donc, j’ai réfléchi à un moyen de garder ces cliniques fonctionnelles. Je me suis alors dit que ça ne servait à rien de faire cinq cliniques, mais qu’il valait mieux en créer une à Abidjan et trouver un autre moyen d’aller vers les gens. C’est là qu’est venue l’idée d’une clinique mobile.
    Cette clinique mobile est donc en fonction depuis le début de l’année ?
    On a commencé à faire du screening [dépistage] en décembre, durant deux jours. Une équipe médicale doit prochainement s’installer et faire des campagnes de dépistage. […] Notamment en matière de maladies cardio-vasculaires et infantiles.
    On reproche aussi le fait que la clinique près d’Abidjan ait été construite il y a longtemps et qu’elle ne soit toujours pas fonctionnelle. Que pouvez-vous répondre à ça ?
    On travaille avec le ministère de la Santé ivoirien. Il a fallu qu’il nous fasse un rapport. Ce rapport nous dit comment il faut aménager telle ou telle pièce. Il y a encore des choses à faire.
    Je ne vais pas ouvrir une clinique juste pour que les gens viennent la voir ! Je veux qu’elle soit fonctionnelle. Je m’installe dans la durée. Je ne veux pas monter un projet juste pour dire que j’ai fait construire un hôpital et basta ; que tout s’arrête dans un an. Je prends donc mon temps. Et lorsque je serai prêt, je vous le dirai. Est-ce qu’il y a une urgence ?
    […] Bien sûr qu’on veut ouvrir ! Mais ça prend du temps, parce qu’il y a pas mal de détails à régler. Une fois que ces détails seront réglés, on va ouvrir. On a le matériel qui est là et qui attend d’être installé.
    Quelles sont les prochaines étapes de votre projet ?
    La prochaine sera la plus importante : l’ouverture de la clinique. C’est ce que tout le monde attend, apparemment. […] J’espère qu’on sera opérationnel d’ici deux ou trois mois.
    […] Le projet suivant, ce sera de dupliquer la clinique mobile, si ça fonctionne bien. Et je pense que ça va bien fonctionner. Avec ce système, on pourra alors se balader dans la sous-région et travailler un peu partout.
    Ce genre de projets est plus facile à mettre en place lorsque tu es disponible. D’ici peu, j’aurai davantage de temps à consacrer à la fondation. Je m’y impliquerai alors à 200 %.
    Mon grand challenge reste l’éducation, de faire construire des écoles. C’est quelque chose qu’on veut faire avec mes partenaires et collègues de la fondation.
    Craignez-vous que cette affaire ait jeté une ombre sur votre fondation et qu’elle puisse freiner de nouveaux investisseurs ?
    Bien sûr ! A partir du moment où l’on insinue le doute dans la tête des gens… Ils ont appelé tous mes sponsors. Mais moi, j’ai la conscience tranquille.
    Vous avez entamé des poursuites judiciaires contre le Daily Mail. Est-ce que vous maintenez ces poursuites ?
    Oui, on est obligé parce que c’est diffamatoire ! Ils nous ont envoyé un document avec seize questions, il y a une dizaine de jours. On a répondu à toutes leurs questions. Mais malgré ça, ils ont quand même publié [l'article]. Si on sort gagnant de cette procédure, ça ne pourra faire que du bien à la fondation.
    Propos recueillis par Edouard du Penhoat,

    IBK rassure les Maliens sur sa santé

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    Le president malien, Ibrahim Boubacar Keita, hospitalisé à Paris, a tenu à rassurer son peuple sur son état de santé dans un discours à la nation.
    Image copyrightAP
    Il n'a pas pour pour autant preciser la date de son retour.
    Lors de cette première prise de parole depuis son opération, il a remercié l’ensemble de ses compatriotes pour l’élan de solidarité à son endroit.
    Ibrahim Boubacar Kéita a rassuré les uns et les autres du bon déroulement de cette intervention chirurgicale et demandé à tous les Maliens de se donner la main pour que notre pays retrouve la place qu’il mérite au concert des Nations.
    M. Keita a été opéré mardi de l'adénome de la para-thyroïde, c'est-à-dire au niveau du cou.

    Militaires disparus au Tchad: l’angoisse des familles grandit

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    Militaires disparus au Tchad: l’angoisse des familles grandit

    (Image d'archive) Soldats tchadiens devant le tribunal de Ndjamena.
    © Thomas SAMSON/Gamma-Rapho via Getty Images
    Au Tchad, l'inquiétude grandit chez les familles des membres des forces de sécurité dont on est sans nouvelle depuis l'élection présidentielle. L'opposition parle d'une soixantaine de personnes qui manquent à l'appel, avec un point commun : ils n'auraient pas voté pour le président sortant Idriss Déby à la présidentielle. Les familles s'inquiètent, les associations des droits de l'homme interpellent les autorités. Le ministre de la Communication a expliqué sur RFI que tous ceux dont les noms ont été évoqués sont bien vivants et à leur poste. Ce qui est loin de rassurer leurs proches.
    Voilà un homme qui préfère taire son nom. Son frère a disparu le 9 avril, le jour où il a voté. Pendant 72 heures, son téléphone commence par sonner dans le vide, puis il se met sur répondeur. Son frère figure sur la liste établie par le candidat de l’UNDR.
    Ce document, affirme Saleh Kebzabo, recense les militaires jetés en prison, portés disparus ou tués pour avoir voté contre le président sortant Idriss Déby, le 9 avril. Le gouvernement tchadien assure que les militaires qui manquent à l’appel sont simplement en mission.
    Le témoin contacté par RFI crie au mensonge. « C’est un pur mensonge de dire que la personne est en mission et ne peut pas décrocher les appels. Ce ne sont pas des propos à tenir. Ça, ce sont des propos qui offensent vraiment et qui agacent les parents des victimes », lâche-t-il.
    Un lien avec l'élection ?
    Notre interlocuteur est persuadé que son frère a été tué pour avoir coché la mauvaise case le jour du scrutin. Aujourd’hui, il réclame aux autorités qu’elles restituent le corps de son frère. « Nous avons d’abord effectué des démarches dans des morgues. Mais dans les morgues, on nous laisse entendre qu’aucun corps n'est arrivé à leur niveau. Qu’on nous remette simplement le corps de notre parent, c’est tout. On a seulement besoin que leur corps soit enterré ».
    D’autres familles de disparus joints par RFI conservent l’espoir de retrouver leurs proches, mais leur angoisse grimpe au fil des heures.
    Chronologie et chiffres clés

    Guinée : la villa en décrépitude de Myriam Makeba

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    La villa de Myriam Makeba, star planétaire sud-africaine, à Dalaba en Guinée, son pays d’adoption, est à l’abandon.
    Image copyright
    Myriam Makeba a vécu la moitié de son exil en Guinée.
    Dans ce pays, elle était tombée sous le charme de la ville de Dalaba où elle avait construit sa résidence privée.
    Bâtie sur un domaine luxuriant au décor féerique avec des fleurs roses, la "Villa Makeba", quoiqu'en décrépitude de nos jours, laisse entrevoir des signes qui montrent que celle qu'on appelle "Mama Africa" avait un amour certain pour la nature.
    Dans la villa, des objets laissés par la chanteuse sont intacts mais en mauvais état.
    Des photos témoignent des longues années qu’elle a vécues en Guinée sous Sékou Touré.
    Sous la protection de Sékou Touré
    Image copyrightAFP
    Image captionSékou Touré, père de l'indépendance de la Guinée
    Le gardien de la résidence, Oumar Téli Diallo, a bien connu Myriam Makaba.
    Il était en charge de tous les travaux dans la villa lorsque la chanteuse, contrainte à l’exil par le régime de l'Apartheid à cause de ses chansons engagées, séjournait dans sa villa.
    Elle y passait des jours entiers de repos après ses tournées internationales.
    Mais, c'est aussi dans le jardin de cette villa que la chanteuse sud-africaine préparait ses concerts internationaux.
    C’est en 1968 que Myriam Makeba qui se trouvait dans une délégation officielle que conduisait l'ancien président guinéen Sékou Touré, foule le sol de Dalaba.
    La Sud-africaine ne tarda pas à tomber amoureuse de cette petite ville au climat exceptionnel et à la végétation attrayante.
    Aussitôt elle émet le souhait d'y couler des jours tranquilles loin du vacarme de la capitale Conakry.
    Sékou Touré présente la Sud-africaine à Mamadou Alpha Bah, le responsable en charge du patrimoine bâti de Dalaba de l’époque en demandant à ce dernier de trouver un terrain et d'y construire une villa pour Makeba.
    Il avait supervisé la construction de la villa Makeba.
    Image copyright
    Aujourd'hui âgé de 70 ans, il témoigne de sa première rencontre avec la star.
    "Le Président m'a appelé, il m'a dit « Bon, cette dame est venue à Dalaba. Elle a choisi Dalaba. Donc, on vous la confie. Il faut chercher un lieu pour construire sa villa. Elle était satisfaite de l'accueil, sur tout. Elle venait avec ses amis, l'orchestre qui l'accompagnait, elle faisait les répétitions ici. C'est elle-même qui faisait la cuisine. Pour servir tout le groupe. Les pommes de terre, les choux. Comme il y a des légumes à Dalaba, elle se contentait de cela. A de rares occasions, elle préparait du riz", témoigne M. Ba.
    Selon le retraité, Myriam Makéba était une femme simple.
    "Elle n'a jamais accepté le maquillage. Très simple, son teint est resté tel. Elle a dit qu'elle est noire et elle aime sa couleur. Que c'est Dieu qui lui a donné ce teint et qu'elle s'en contente" ajoute-t-il.
    Lieu de pèlerinage
    Image copyright
    Depuis la mort de la diva, sa villa est en décrépitude.
    Elle a été pratiquement abandonnée.
    Quelques rares touristes s'y rendent pour visiter les lieux.
    Mais, souvent quand ils arrivent, ils sont partagés entre joie et regret.
    La joie de faire ce petit pèlerinage mais le regret de voir que cette villa jadis resplendissante se meurt progressivement
    El hadj Thierno Habib, le maire de la commune urbaine de Dalaba se dit préoccupé par l'état de décrépitude avancée de la « Villa Makeba ».
    C’est un ancien ami de la famille Makeba.
    A l'époque, il jouait au basket avec Stockely Carmichael des Black Panthers, le mari de Makeba qui était aussi refugié en Guinée.
    "Cette villa a été construite pour elle et elle y a habité, elle y préparait ses concerts. Après son départ, il y a eu sa fille ou sa petite fille Bongui qui y a habité. Celle-ci partie, la villa est tombée en ruine. C'est même alarmant. La Préfecture a voulu restaurer, mais on a dit que ce n'était pas un patrimoine de la préfecture, que ça appartenait à Myriam Makeba", indique-t-il.
    Selon lui l’espoir est permis car des démarches sont entreprises pour la réhabilitation de la villa.
    "Nous avons profité la dernière fois de l'arrivée d'une mission de touristes envoyées par le président de la République pour leur expliquer l'état de cette maison qu'ils ont vu. Et je crois que c'est tombé dans de bonnes oreilles parce que tout récemment, nous avons reçu une mission de l'ambassade de l'Afrique du Sud spécifiquement pour voir l'état de cette maison. C'est sûr qu'elle va la restaurer. Ou à défaut nous allons demander à la préfecture de saisir le Ministère de l’Administration du Territoire (MATAP) pour qu'on nous autorise à restaurer ce bâtiment. Nous allons nous battre, requérir même l'apport des ressortissants pour restaurer ce bâtiment" ajoute-t-il
    Une diva au grand coeur
    Image copyrightinternet
    En attendant une rénovation qu'ils souhaitent de tout cœur, les habitants de Dalaba et les inconditionnels de Makeba ne ratent pas l'occasion de se rendre à la terrasse de la villa Makeba pour respirer le parfum des fleurs et pour écouter les chants d'oiseaux.
    C'est leur façon à eux de revivre les bons moments de Myriam Makeba à Dalaba.
    Ils aiment répéter, avec un éclat de lumière dans les yeux et un ton teinté de mélancolie qu'entre Myriam et Dalaba, c'est une histoire d'amour éternel.
    En fait c'est à juste raison que Dalaba continue de pleurer Mama Africa.
    « À l'époque des ballots, chaque année, elle faisait venir de friperie. Elle envoyait des habits presque à la moitié de la ville. Elle chantait et les fruits de ses chansons, elle les dédiait à Dalaba, elle les donnait aux enfants de Dalaba, l'équipe sportive, les jeunes, tout le monde. Elle faisait attention à tout le monde. Nous avons le cœur serré ici quand nous pensons que « maman Myriam » a disparu », regrette El Hadj Ibrahima Bah, un natif de Dalaba
    Si Makeba a disparu, les habitants de Dalaba ne veulent pas voir mourir l'unique symbole de la présence de la chanteuse sud-africaine dans leur ville.

    Recours en annulation de nouveaux Gouverneurs

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    L’apprentissage de l’État de droit commence par le respect de la Constitution. Or, les dernières élections des Gouverneurs n’ont pas respecté la Loi Fondamentale dans la mesure où ils ont été élus par des députés provinciaux qui fonctionnent sans mandat électif depuis 2012. Ces élections constituent désormais un précédent fâcheux qui doit être rapidement corrigé car elles établissent une illégalité constitutionnelle qui aura des conséquentes négatives que les citoyens-électeurs ne pourront plus corriger, dans la mesure où ces nouveaux Gouverneurs élus illégalement éliront les Sénateurs qui, à leur tour, seront illégaux. Notre République aura ainsi, à tous les niveaux, des institutions dirigées par des « élus » illégaux.
    Pour éviter que la chaîne de l’illégalité ne s’installe définitivement dans le fonctionnement de nos institutions, je demande aux partis politiques de l’opposition d’introduire à la Cour Constitutionnelle un recours en annulation de tous les nouveaux Gouverneurs ainsi que la suppression de la CENI qui n’a pas respecté la Constitution dans l’organisation de ce scrutin.
    Avec les élections provinciales, la CENI a clairement montré sa partialité et son manque de neutralité vis-à-vis de la mouvance présidentielle (PPRD et alliés). Comme elle ne peut plus garantir la transparence nécessaire pour les élections futures, elle doit être dissoute et remplacée par une CENI composée de Congolais qui ont une moralité « saine ». La nouvelle CENI devra fonctionner sur une répartition équitable (égalité de voix) entre la majorité, l’opposition et la société civile.
    Qu’un groupe de juristes chevronnés rédigent un recours en annulation et qu’il l’introduise rapidement à la Cour constitutionnelle. Même si on suppose que la réponse de cette Cour est connue d’avance, il est nécessaire de la pousser au ridicule en montrant publiquement sa partialité et son manque de neutralité, comme dans le cas de la CENI.
    À l’avenir, il sera nécessaire d’initier une loi au Parlement pour que les Gouverneurs de provinces soient élus au suffrage universel direct par les habitants de chaque province afin que chaque Gouverneur gouverne selon les promesses qu’il aura tenues pendant la campagne électorale et afin qu’il ait des comptes à rendre à ses électeurs.
    Agissons positivement pour l’amour de la République.

    Fweley Diangitukwa

    RDC : le Soudan du Sud implante son drapeau en territoire d’Aru

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    Radio Okapi, mercrdi 20 avril 2016
     
    Le chef de district de Morobu du Soudan du Sud, accompagné d’une dizaine de militaires soudanais, ont traversé lundi 18 avril, la frontière congolaise pour hisser le drapeau de leur pays dans la localité d’Okaba en chefferie de Kakwa en territoire d’Aru(Ituri).
     
    L’administrateur du territoire d’Aru, Henri Vénant Nkosi Palama, rapporte que le chef de district de Morobu a menacé le chef de la localité d’Okaba et certains éléments de la police qui étaient sur place avant de descendre le drapeau congolais. Il a ensuite exigé à la population locale de vider ce village frontalier qui fait, selon lui,  partie intégrante de la république du Soudan du Sud. Cette autorité de district de Morobu a promis de revenir dans ce village pour installer son administration, renseigne la même source, qui indique que certains habitants, pris de panique, ont quitté le milieu. L’administrateur du territoire d’Aru et les autres membres du comité local de sécurité se sont rendus, mardi 19 avril, à Okaba, hisser  nouveau le drapeau congolais.
     
    Henri Vénant Nkosi Palama dénonce le manque de respect de l’intangibilité des frontières congolaises et qualifie cet acte de provocation diplomatique. Le Commandant second du secteur opérationnel des FARDC en Ituri affirme avoir déployé des militaires qui sont en état d’alerte pour protéger la souveraineté de l`Etat. De son côté,  l’Administrateur du territoire encourage les habitants qui avaient fui de regagner le village pour vaquer librement à leurs occupations.

    L’armée rwandaise sur le sol congolais à la recherche des FDLR

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    L’armée rwandaise sur le sol congolais à la recherche des FDLR
    Radio Okapi, mardi  19 avril 2016
     
     
    « L’armée rwandaise a bel et bien été en territoire congolais », a confirmé mardi 19 avril le directeur de la presse de la 34e Région militaire des FARDC, le capitaine Guillaue Ndjike Kaiko. Il présentait à la presse les résultats de l’enquête de la délégation de l’armée effectuée dans matinée dans les localités de Kabagana 2 et Chegera, en groupement de Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu).
     
    Cette délégation avait pour mission d’enquêter et recueillir les témoignages de la population et ses chefs sur les allégations de la présence des militaires rwandais sur le sol congolais.
     
    A en croire les témoignages de la population, des centaines de militaires de l’armée rwandaise ont fait incursion sur le territoire congolais par la borne de délimitation des frontière N°123 samedi 16 avril dernier.
     
    D’après la population et ses chefs, ces militaires rwandais ont exploré la zone congolaise à plus ou moins 2 kms jusqu’à l’Ecole primazire P Amour et Paix du village Chegera, à une trentaine des km au nord de Goma. Ces militaires de l’armée rwandais sont  « à la recherche des rebelles rwandais des FDLR dans une école du groupement Buhumba », précisent les témoins. La population renseigne également que ces militaires rwandais disaient que l’EP Amour et paix serait la base des FDLR. Alors que la population déclare n’avoir jamais vu un seul FDLR dans la région.
     
    Le directeur de la presse de la 34e région militaire et porte-parole des opérations Sokola2, le capitaine Ndjike Kaiko Guillaume assure que la zone est maintenant sécurisée. « Nous avons contenu l’armée rwandaise à un certain niveau pour qu’elle ne puisse pas avancer et par après on s’est rendu compte que l’ennemi est rentré chez lui. Mais parce qu’il y a un mécanisme de vérification, nous donnons le temps au temps mais juste après les résultats, nous en tirerons toutes les conséquences possibles », a-t-il indiqué.

    Présidentielle en RD Congo : Lambert Mende répond au sénateur américain John McCain

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    Présidentielle en RD Congo :

    Lambert Mende répond au sénateur américain John McCain


    Jeune Afrique, 20 avril 2016
     
    Quatre jours après la lettre de John McCain à l'ambassadeur de la RD Congo à Washington, portant sur le processus électoral en panne dans le pays, Kinshasa a réagi mardi soir, reprochant au sénateur américain de défendre ceux qui prônent un "schéma de l'instabilité chronique [des] institutions" congolaises.
     
     

    Que dit la lettre du sénateur américain McCain ?
     
    À l’instar des autres officiels américains, démocrates ou républicains, qui appellent tous à l’organisation de la présidentielle congolaise dans les délais constitutionnels, soit d’ici fin novembre, John McCain a adressé une lettre, datée du 15 avril, à François Balumuene, ambassadeur de la RD Congo à Washington.
     
    « En affaiblissant le processus démocratique et en restreignant le champ politique ces deux dernières années, le président [Joseph] Kabila semble manœuvrer pour éviter la tenue des élections nationales », écrit le sénateur américain qui se dit « profondément inquiet du climat de plus en plus répressif et de la détérioration de la situation des droits de l’homme en RD Congo ».
     
    Joseph Kabila a l’occasion de cimenter son héritage.
     
    Et de prévenir : « Avec les menaces grandissantes dans la région [des Grands Lacs], nous ne pouvons pas nous permettre de mettre en péril le partenariat [entre la RD Congo et les États-Unis] avec des actions qui pourraient ébranler la sécurité et la stabilité de la RD Congo à long terme. »Allusion faite aux tensions qui surgiraient inévitablement dans le pays si Kabila se maintenait au pouvoir au-delà de son second mandat constitutionnel.
     
    Pour McCain, Joseph Kabila a réussi a préserver une certaine stabilité en RD Congo et « a aujourd’hui l’occasion de cimenter son héritage en s’inscrivant le pays sur la voie de la démocratie et de la prospérité ». Un appel limpide à ce qui serait la première alternance démocratique dans l’histoire du pays.
    À lire aussi :
     

    La réponse de Kinshasa à McCain

     
    « Au nom du gouvernement [congolais] », c’est Lambert Mende qui se charge, comme très souvent, de la réplique à donner à ceux qui critiquent le régime de Kinshasa. Dans sa correspondance adressée lundi à McCain, dontJeune Afrique a reçu copie, le porte-parole du gouvernement congolais regrette d’abord que la correspondance du sénateur américain, qui a fuité sur les réseaux sociaux, ait été « publiée dans les médias avant livraison à son destinataire ».
     
    Qu’à cela ne tienne, le ministre congolais rappelle au sénateur américain les contraintes techniques et financières qui ne permettent pas la tenue des élections dans les délais constitutionnels en RD Congo. En cause notamment, la problématique de la révision du fichier électoral – une note interne de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) indique que le processus doit prendre au minimum 13 mois et 10 jours – mais aussi le financement même des scrutins à venir, « dans un contexte de rétrécissement des ressources budgétaires du fait de la chute des cours des matières premières (…) et des promesses d’appui non tenues de la communauté internationale », États-Unis compris, rappelle Lambert Mende. Que les États-Unis viennent concrètement au chevet du processus électoral en RD Congo
     
    Le porte-parole du gouvernement congolais explique également à son interlocuteur que le dialogue politique préconisé par le président Kabila voudrait « trouver des solutions idoines aux problèmes soulevés par le processus électoral que tout le monde souhaite transparent, démocratique et surtout apaisée »Il regrette également que McCain« [s’inscrive], sur la base d’informations délibérément biaisées, dans la défense de thèses de ceux qui ne fondent leur existence politique que sur le schéma de l’instabilité chronique [des] institutions » de la RD Congo. Et conclut en invitant les États-Unis à « [venir] concrètement au chevet [du] processus électoral [congolais] avec des appuis financiers au lieu de se cantonner dans des anathèmes et des menaces d’une époque révolue ».

    RDC : conséquences de la dépréciation du Franc congolais sur le panier de la ménagère - surchauffe de prix!

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    Kinshasa: la dépréciation du franc congolais occasionne la hausse des prix
    Radio Okapi, mercredi, 20 avril 2016
     
    La dépréciation du franc congolais face au dollar américain a entraîné l’augmentation du prix de certains produits sur le marché de Kinshasa, notamment le riz, l’huile végétale, le lait,  le sel, la farine de maïs, a constaté un journaliste de Radio Okapi.
    Un gobelet (Sakombi) de riz est passé de 500 francs (0.54 USD) à 600 francs (0.65USD). Un bidon d’huile végétale se vend à 9500 francs (10.35 USD) contre 9650 francs (10.51 USD) par le passé. Un petit bassin des chinchards est passé de 7000 francs (7.63 USD) à  12000 (13.07USD). Les prix de certains produits en provenance de Lufu au Kongo-Central (frontière avec l’Angola) restent par contre inchangés. Certains d’entre eux ont même connu une légère baisse.

    «J’achète mes articles à Lufu. Auparavant, j’achetais le carton du lait à 80 dollars, maintenant je l’achète à 70 dollars. Ça me permet de maintenir le prix. La boite de lait Nido de 2500g que je vendais à 19 500 francs (21.24USD), je le vends maintenant à 18500FC (20.16)», a témoigné un commerçant en provenance de Lufu.
     
    La dépréciation de la monnaie nationale est aussi à la base de la hausse des prix constatée depuis la semaine dernière chez certains revendeurs des cartes prépayées de téléphonie mobile. Les cartes de 50 unités se vendent à 600 FC (0.65 USD), contre 500 FC (0.54 USD), depuis plusieurs années. « Le taux de dollar américain a varié et tout a augmenté. Par rapport aux unités, les prix sont en hausse, depuis la dépréciation du franc congolais face au dollar américain. C’est pourquoi nous avons revu à la hausse le prix des unités», a déclaré un revendeur des crédits de communication.
     
    Les prix en hausse à Kisangani et Beni
     
    Les prix des certains produits de première nécessité ont galopé à Kisangani (Tshopo). Des sources locales indiquent qu’un carton de savon brillant est passé de 7 000 FC (7.64 USD) à 8 000 FC (8.73 USD) ; un sac de ciment de 50kg de 15 000 FC (16.36 USD) se vend aujourd’hui à 16 000 FC (17.45 USD).
     
    L’on signale également la hausse des prix des cartes prépayées de téléphonie mobile et les consommateurs s’en plaignent. Le responsable de la division provinciale de l’Economie, Basile Ayane, dit n’est pas être informée sur une quelconque augmentation de prix des produits sur le marché de la ville.
     
    A Beni (Nord-Kivu) une course de taxi- moto se négocie  à 700 FC (0.76 USD) au lieu de 500 FC (0.55 USD) il y a plusieurs mois.  Selon le président de la Fédération des entreprises du Congo (Fec)à Butembo, Polycarpe Ndivito, cette hausse  des prix touche également les produits importés des pays voisins, notamment de l’Ouganda et le Kenya .
     
    M. Ndivito parle entre autres du carburant qui se vend actuellement par les revendeurs   communément appelés « Kadaffi » en moyenne à 1 500 FC (1.64 USD) le litre au lieu de 1 100 FC (1.20 USD).
     
    Au grand marché de Kinshasa, "même le prix du piment a augmenté"
    AFP, 19 avril 2016
     
    "Ici, les prix ont vraiment grimpé depuis cette affaire du taux de change qui augmente chaque jour", remarque Sandra Umba sur le grand marché de Kinshasa. Chez le grossiste, "un sac de choux est passé de 25.000 à 55.000 francs congolais" en conséquence de quoi "un chou que je vendais à 500 francs (un peu plus d'un demi dollar naguère, NDLR) est passé à 1.500 francs" en moins d'un mois, explique cette vendeuse de légumes.
     
    Depuis février, le cours du franc congolais glisse par rapport au billet vert après plusieurs années d'une stabilité remarquable autour de 920-930 francs congolais pour un dollar. Chez les changeurs de la rue Lukusa, référence dans le nord de la capitale de la République démocratique du Congo, la baisse s'est amorcée dans les derniers mois de 2015 pour s'accélérer en février et s'accentuer nettement depuis quelques jours.
     
    Lundi, certains établissements proposaient jusqu'à 977 francs congolais pour un dollar tandis que des commerçants pratiquaient un taux à "nonante-huit" (980 francs pour un dollar). Dans un pays où la plupart des produits de première nécessité sont importés, les variations de change perturbent vite les prix à la consommation, ce qui vient ajouter aux difficultés d'une population vivant largement dans la très grande pauvreté. "Regardez, un kilo de carottes de 2.000 francs se vend aujourd'hui à 4.000. On ne peut pas continuer à cette allure", se plaint une cliente, "même le prix du piment a augmenté".
     
    Premier ministre du président Joseph Kabila depuis bientôt quatre ans, Matata Ponyo, qui fut ministre des finances de 2010 à 2012, vante régulièrement la "stabilisation du cadre macroéconomique" congolais comme sa grande réussite. Selon le Fonds monétaire international (FMI), l'inflation, qui dépassait 46% en 2009 a été ramenée autour de 1% de 2013 à 2015. Dans le même temps, la croissance économique du pays, premier producteur africain de cuivre et premier producteur mondial de cobalt, a atteint en moyenne de 7,7% par an sur la période 2010-2015. Elle a néanmoins fortement ralenti en 2015, frappée par la baisse des cours des matières premières, et se fait rudement sentir sur les finances de l’État qui voit fondre ses recettes fiscales.
     
    - Spectre de l'hyperinflation –
     
    La chute du franc congolais par rapport au billet vert semble pour l'instant limitée à Kinshasa : à Lubumbashi (sud-est), la deuxième ville du pays, ou à Goma (est), les changeurs continuent de pratiquer un taux aux alentours de 920 francs congolais pour un dollar. Mais comme à Kinshasa, la recharge de 100 unités de crédit téléphonique a bondi de 20% avec le week-end : 1.200 francs lundi contre 1.000 vendredi.
     
    L'économie congolaise est dollarisée à plus de 85%, mais la plupart des salaires sont définis en francs congolais. Fragilisée par une crise de liquidités depuis la fin du mois de mars, la BIAC, une des plus grandes banques du pays, continue de bloquer les retraits en dollars, qui se font rares dans la capitale.
     
    Le 7 avril, les services du Premier ministre s'étaient réjouis qu'une injection sur le marché bancaire de 50 millions de dollars réalisée en février par la banque centrale et diverses "mesures" gouvernementales aient permis de stabiliser le taux de change entre 955 et 960 francs pour un dollar. Mais c'était avant que la monnaie nationale ne reprenne sa glissade et plusieurs opérateurs économiques s'inquiètent désormais que l’État n'ait plus les moyens de contenir un recul plus marqué du franc.
     
    Matata Ponyo, qui a longtemps répété que la RDC n'avait pas besoin de l'aide du FMI, a rencontré sa directrice générale Christine Lagarde il y a quelque jours à Washington. Alors que règne un climat d'incertitude politique lié à la quasi-certitude du report de la présidentielle censée avoir lieu avant la fin de l'année, certains dans la capitale, commencent à redouter un retour à l'hyperinflation du début de la décennie 1990. "On a connu ce genre de perte de la valeur de notre monnaie à l'époque de Mobutu (1965-1997). Curieusement, c'est maintenant que cela arrive", dit un fonctionnaire sous couvert d'anonymat. Mais "jusque-là, se rassure-t-il, le prix du carburant à la pompe n'a pas bougé".
     
    RDC : dans l’ex-Katanga, le prix de la farine de maïs flambe, la colère gronde
    Afrik.com,  19 avril 2016
     
    Dans l’ex-Katanga, la colère gronde. Le prix du sac de farine de maïs, ingrédient alimentaire de base des populations, flambe. Les autorités congolaises – le Président Joseph Kabila et son Gouvernement en tête – ont tenté de réagir face à la gravité de la situation en se rendant, cette semaine, à Lubumbashi pour trouver une solution. A contretemps sans doute, car faute d’avoir fait preuve du même sens de la prévision que les autres pays de la sous-région, qui sont confrontés au même problème, les autorités congolaises paraissent démunies face à la situation, sauf à recourir à de coûteuses solutions. Déjà, nombreux sont ceux, à Lubumbashi, comme ailleurs dans l’ex-Katanga, à regretter l’époque du dernier Gouverneur de la province, Moïse Katumbi, qui avait mis en place une série de politiques pour prévenir ce genre de déconvenues… malheureusement prévisibles.
     
    « Gouverner, c’est prévoir ».
     
     Manifestement, si l’on suit la maxime d’Emile de Girardin, le Président congolais et son Gouvernement ont, semble-t-il, failli à leur mission. Dans la province de l’ex-Katanga, la plus importante au Congo-Kinshasa sur le plan économique, la population est en colère. Le motif de ce courroux ? Ni l’arrivée de nouveaux chars à Lubumbashi, ni même les manœuvres du pouvoir pour repousser la date des élections. Non, il s’agit en l’espèce du sac de farine de maïs, qui constitue la base de l’alimentation des familles, dont le prix a littéralement flambé en l’espace de quelques semaines. Il a même doublé en quelques jours et se négocie aujourd’hui à près de 35 000 francs congolais les 25 kg. « La situation est dramatique. Je n’arrive même plus à assurer un repas par jour », témoigne, paniquée, Marcelline, une mère de famille originaire de la Kenya, une commune située au sud de Lubumbashi.
     
    Jusqu’à 35 000 francs congolais pour un sac de maïs de 25 kg
     
    Face à la gravité de la situation, les autorités congolaises n’ont eu d’autres choix que de sonner le branle-bas-de-combat. Elles se sont déplacées en masse, cette semaine, à Lubumbashi. Le Président en personne, Joseph Kabila, accompagné de pas moins de huit ministres de son Gouvernement, mais aussi d’une bonne partie des responsables de la haute administration congolaise (le Directeur général des Finances, celui des douanes, le directeur de l’Office congolais de contrôle, etc.), tous étaient présents dans la capitale du Haut-Katanga.
     
    Clou de ce déplacement, une grande réunion, à laquelle ont participé toutes les parties prenantes et présidée par le chef de l’Etat lui-même, a eu lieu, mercredi 13 avril 2016, à l’hôtel Grand Karavia à Lubumbashi. Un point unique à l’ordre du jour : la farine de maïs. Lors de cette réunion, le Consul général de Zambie, pays d’où est traditionnellement importée une partie de la farine de maïs consommée dans l’ex-Katanga, a été convoqué afin de tenter de trouver une solution au problème rencontré dans la province de l’Est congolais. Mais peine perdue. Celui-ci a, à cette occasion, brandi une lettre signée de son Gouvernement stipulant l’interdiction temporaire d’exporter la farine de maïs au Congo comme ailleurs, y compris en Afrique du Sud, en raison des risques de pénurie pour son propre pays.
     
    La situation étant au point mort, les autorités congolaises ont alors fait appel au Consul général d’Afrique du Sud. Mauvaise pioche également. Celui-ci, après s’être enquis de la position de son Gouvernement, a répondu par la négative en se fondant sur le même motif que son homologue zambien : son pays connait des ruptures de stock au point d’avoir lui aussi recours à l’importation de farine en provenance des Etats-Unis. Cette année, fait exceptionnel, les autorités sud-africaines ont même accepté d’importer de la farine jaune, en lieu et place de la traditionnelle farine blanche, pour faire face à la pénurie.
     
    Incurie des autorités, désarroi des populations
     
    Mais beaucoup, dans l’ex-Katanga, pointent du doigt l’incurie et la légèreté avec lesquelles les autorités ont abordé la situation. « Tout cela était malheureusement prévisible », déplore un professeur d’économie de l’’Université de Lubumbashi. Un ministre en particulier cristallise la colère de la population : le titulaire du portefeuille de la Santé, Félix Kabange Numbi, président de l’ECT, qui était ministre provincial des Sports au Katanga, durant ces dernières années. « En sa qualité d’ex-membre du Gouvernement provincial, il connaissait parfaitement le problème et, surtout, les solutions mises en œuvre à l’époque pour y remédier. Mais il n’a rien dit et rien fait. Pourquoi ? », s’interroge, Lucien, cadre commercial dans une grande banque de la ville. « C’est soit de l’incompétence, soit de l’inconscience. Dans les deux cas, c’est très grave », conclut-il, dépité.
     
    « Moïse Katumbi, lui, agissait »
     
    « La grande différence avec les années précédentes, c’est que les choses étaient anticipées, bien en amont, et les pouvoirs publics agissaient dès le mois de novembre-décembre », analyse un ex-ministre du Gouvernement provincial. De fait, dans les rues de Lubumbashi, un nom revient en permanence dans la bouche des populations : celui de Moïse Katumbi Chapwe. Le dernier Gouverneur de la province cuprifère avait mis en place une série de dispositifs pour éviter pareille situation, avec un succès évident. « Chaque mois de décembre, Moïse prenait son avion pour aller approvisionner la province en farine. Le Gouv prévoyait de stocker dès ce moment-là car, après la saison des pluies, le prix augmente. Son sens de l’anticipation permettait d’éviter les crises du type de celle que nous connaissons à l’heure actuelle », explique un ex-ministre du Gouvernement provincial, ajoutant que « tout le monde le savait, puisque quand le Gouverneur revenait de ses déplacements dans la sous-région, que ce soit en Zambie, en Afrique du Sud ou ailleurs, il en rendait compte à l’ensemble du Gouvernement provincial. Cette situation aurait donc pu être évitée, même si visiblement le Gouvernement central ne s’y est jamais intéressé », conclut-il.
     
    Evitable, cette situation l’était d’autant plus que ce problème de pénurie de maïs, dont la culture consomme beaucoup d’eau, concerne l’ensemble de la sous-région. La quasi-totalité des pays de l’Afrique Australe sont en effet touchés par ce phénomène (Afrique du Sud, Zambie, Zimbabwe, Namibie, Malawi, etc.), qui puise ses racines dans le réchauffement climatique en cours sur toute la planète et qui n’épargne pas – loin s’en faut – le continent africain. Conséquence : le désert a tendance à s’étendre et à mordre les flancs nord et sud de l’Afrique Centrale, rendant ainsi plus compliquée la culture de la terre. « La grande différence entre le Congo et les autres pays est qu’ailleurs, il n’y a pas de crise car les gouvernements concernés ont anticipé une situation qui se reproduit chaque année à la même période. Auparavant, la carence du Gouvernement central congolais était palliée par le Gouverneur Katumbi. Maintenant qu’il est parti, la province se retrouve dans de graves difficultés », analyse un professeur en Sciences politiques de l’Université de Lubumbashi.
     
    En son temps, en effet, l’action déterminée du dernier Gouverneur du Katanga avait manifestement porté ses fruits. Quand Moïse Katumbi est arrivé à la tête du gouvernorat, en 2007, 90% du maïs consommé dans la province provenait de l’extérieur. Le nouveau Gouverneur avait alors décidé de mettre en place une politique agricole ambitieuse, avec comme priorité la production de maïs, l’ingrédient de base de la nourriture des populations, afin de tendre vers l’autosuffisance. Parmi toutes les mesures volontaristes mises en place à l’époque pour inciter au développement de l’agriculture, celles imposant – par un arrêté datant de 2008 – aux sociétés minières implantées dans la province d’aménager au minimum 500 hectares de terres cultivables– ce qui permettait de produire pour la consommation locale – est peut-être la plus emblématique.
     
    Autre dispositif déployé à l’époque, la mise à disposition systématique d’engrais et de semences améliorées pour les cultivateurs, une mesure indispensable afin qu’ils puissent se procurer les intrants nécessaires. Cette politique volontariste mise en place au Katanga est connue sous l’expression « cuivre vert ». « Moïse Katumbi a incité tout le monde à reprendre la direction des champs, en commençant par lui-même », commente un ingénieur agronome, qui cultive son proche champ dans la « commune annexe », située dans la ceinture verte de Lubumbashi. L’ensemble de ces efforts ont porté leurs fruits : le taux d’importation de maïs consommé au Katanga, qui atteignait 90% à son arrivée à la tête de la province en 2007, est tombé à moins de 25% en 2015 au moment de son départ. Et mécaniquement, sur la même période, le prix du sac de maïs est passé de 40 à 9 dollars.
     
    Finalement, une solution pourrait, bon an mal an, être trouvée. « Mais à quel prix ? », s’interroge notre économiste. « Alors qu’en faisant preuve d’un peu d’anticipation, toutes ces souffrances et toute cette gabegie auraient pu être épargnées aux populations », conclut-il. Et cette solution pourrait être rendue possible grâce à un dispositif mis en place en son temps par… Moïse Katumbi.
     
    Désormais, le seul recours possible semble, en effet, passer par la Tanzanie. Mais celle-ci n’a, à sa disposition, qu’un stock de maïs en graine. Il faut donc que les autorités congolaises trouvent maintenant les moulins pour moudre lesdits grains et les transformer en farine commercialisable… Au final, le coût total de cette opération s’élèverait à 12 millions de dollars, somme que le Président et son Gouvernement ont péniblement accepté de débloquer lors de la réunion du mercredi 13 avril pour faire face à la situation. « C’est ubuesque. Et dire que Moïse Katumbi a géré tout cela de main de maître, huit années durant. Avec le Gouvernement, au moindre problème, c’est la panique. Voilà ce qui arrive quand on ne fait pas preuve de sens de l’anticipation. Vous imaginez le surcoût pour les finances publiques, auquel il faut ajouter les frais d’accueil et de déplacement de tout cet aéropage présidentiel et gouvernemental… », déplore Christian, un fonctionnaire provincial. Il est vrai qu’ailleurs, dans la sous-région, les gouvernements ont anticipé pour faire face à la situation. Mais quid du Congo-Kinshasa ? Beaucoup s’interrogent en effet et évoquent, nostalgiques, les années Katumbi.
     
    Justement, s’agissant des moulins, la solution pourrait provenir d’un dispositif mis en place par le dernier Gouverneur de l’ex-Katanga. Celui-ci avait, à l’époque, alors que seuls des moulins artisanaux à marteau étaient utilisés, réussi à attirer des investisseurs privés, à l’instar d’African Miling, afin de développer l’industrie de la minoterie dans cette partie du pays, en dépit des difficultés à raccorder les usines au réseau électrique public. « Si aujourd’hui, l’ex-Katanga bénéficie de capacités à moudre importantes, c’est grâce à la vision de l’ex-Gouverneur et à son ambition de permettre à la province d’atteindre le stade de l’autosuffisance alimentaire. Heureusement qu’il y avait pensé ! », s’exclame notre ingénieur agronome.
     
    Les autorités congolaises iront-elles jusqu’à remercier le « Chairman » Katumbi, comme il est surnommé à Lubumbashi et ailleurs dans la province ? Il est permis d’en douter. En attendant, nombreux sont ceux, au sein de la population, à regretter amèrement le départ de celui dont le bilan et l’efficacité de l’action sont vantés bien au-delà des frontières de sa province d’origine. PAR ADRIEN SEYES
     

    RDC l'Avenir politiques des gouverneurs nouvellement installés est il compromis ? Recours en annulation de nouveaux Gouverneurs

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    L’apprentissage de l’État de droit commence par le respect de la Constitution. Or, les dernières élections des Gouverneurs n’ont pas respecté la Loi Fondamentale dans la mesure où ils ont été élus par des députés provinciaux qui fonctionnent sans mandat électif depuis 2012. Ces élections constituent désormais un précédent fâcheux qui doit être rapidement corrigé car elles établissent une illégalité constitutionnelle qui aura des conséquentes négatives que les citoyens-électeurs ne pourront plus corriger, dans la mesure où ces nouveaux Gouverneurs élus illégalement éliront les Sénateurs qui, à leur tour, seront illégaux. Notre République aura ainsi, à tous les niveaux, des institutions dirigées par des « élus » illégaux.
    Pour éviter que la chaîne de l’illégalité ne s’installe définitivement dans le fonctionnement de nos institutions, je demande aux partis politiques de l’opposition d’introduire à la Cour Constitutionnelle un recours en annulation de tous les nouveaux Gouverneurs ainsi que la suppression de la CENI qui n’a pas respecté la Constitution dans l’organisation de ce scrutin.
    Avec les élections provinciales, la CENI a clairement montré sa partialité et son manque de neutralité vis-à-vis de la mouvance présidentielle (PPRD et alliés). Comme elle ne peut plus garantir la transparence nécessaire pour les élections futures, elle doit être dissoute et remplacée par une CENI composée de Congolais qui ont une moralité « saine ». La nouvelle CENI devra fonctionner sur une répartition équitable (égalité de voix) entre la majorité, l’opposition et la société civile.
    Qu’un groupe de juristes chevronnés rédigent un recours en annulation et qu’il l’introduise rapidement à la Cour constitutionnelle. Même si on suppose que la réponse de cette Cour est connue d’avance, il est nécessaire de la pousser au ridicule en montrant publiquement sa partialité et son manque de neutralité, comme dans le cas de la CENI.
    À l’avenir, il sera nécessaire d’initier une loi au Parlement pour que les Gouverneurs de provinces soient élus au suffrage universel direct par les habitants de chaque province afin que chaque Gouverneur gouverne selon les promesses qu’il aura tenues pendant la campagne électorale et afin qu’il ait des comptes à rendre à ses électeurs.
    Agissons positivement pour l’amour de la République.
    2.  
    Fweley Diangitukwa

    C'est la seule solution pour briser le cercle vicieux dans lequel le genie des agents du mal ont fini par plonger ce pays.

    Ntumba Kabisa
    3.

    L’apprentissage de l’État de droit commence par le respect de la Constitution. Or, les dernières élections des Gouverneurs n’ont pas respecté la Loi Fondamentale dans la mesure où ils ont été élus par des députés provinciaux qui fonctionnent sans mandat électif depuis 2012. Ces élections constituent désormais un précédent fâcheux qui doit être rapidement corrigé car elles établissent une illégalité constitutionnelle qui aura des conséquentes négatives que les citoyens-électeurs ne pourront plus corriger, dans la mesure où ces nouveaux Gouverneurs élus illégalement éliront les Sénateurs qui, à leur tour, seront illégaux. Notre République aura ainsi, à tous les niveaux, des institutions dirigées par des « élus » illégaux.
    Pour éviter que la chaîne de l’illégalité ne s’installe définitivement dans le fonctionnement de nos institutions, je demande aux partis politiques de l’opposition d’introduire à la Cour Constitutionnelle un recours en annulation de tous les nouveaux Gouverneurs ainsi que la suppression de la CENI qui n’a pas respecté la Constitution dans l’organisation de ce scrutin.
    Avec les élections provinciales, la CENI a clairement montré sa partialité et son manque de neutralité vis-à-vis de la mouvance présidentielle (PPRD et alliés). Comme elle ne peut plus garantir la transparence nécessaire pour les élections futures, elle doit être dissoute et remplacée par une CENI composée de Congolais qui ont une moralité « saine ». La nouvelle CENI devra fonctionner sur une répartition équitable (égalité de voix) entre la majorité, l’opposition et la société civile.
    Qu’un groupe de juristes chevronnés rédigent un recours en annulation et qu’il l’introduise rapidement à la Cour constitutionnelle. Même si on suppose que la réponse de cette Cour est connue d’avance, il est nécessaire de la pousser au ridicule en montrant publiquement sa partialité et son manque de neutralité, comme dans le cas de la CENI.
    À l’avenir, il sera nécessaire d’initier une loi au Parlement pour que les Gouverneurs de provinces soient élus au suffrage universel direct par les habitants de chaque province afin que chaque Gouverneur gouverne selon les promesses qu’il aura tenues pendant la campagne électorale et afin qu’il ait des comptes à rendre à ses électeurs.
    Agissons positivement pour l’amour de la République.
     
    Fweley Diangitukwa

    4.
    J'approuve.

    De la même manière que l'opposition a introduit le recours auprès de cette même Cour en interprétation de l'art. 70 de la Constitution, elle doit le faire concernant l'élection de nouveaux gouverneurs aux motifs que soutient le prof Fweley D.

    Awazi Kasele El Hadj


    Interprétation de l'article 70 de la Constitution : Faut-il craindre la Cour Constitutionnelle ?

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    Interprétation de l'article 70 de la Constitution : Faut-il craindre la Cour Constitutionnelle ?

    Frédéric BOLA

    En République démocratique du Congo, le site Internet de Radio Okapi a publié le 14 avril 2016 une information selon laquelle les "députés de la Majorité présidentielle comptent déposer ce jeudi 14 avril une pétition au bureau de l'Assemblée nationale pour saisir la Cour constitutionnelle en interprétation de l'article 70 de la Constitution relatif à la fin du mandat du chef de l'Etat (1)".
    Les députés à l'origine de cette pétition, membres des partis politiques qui soutiennent le président Kabila depuis son élection en 2011, voudraient que "la Cour constitutionnelle dise si le président Kabila peut rester au pouvoir tout le temps nécessaire pour que la CENI organise le scrutin présidentiel(2)". En effet, le président de la Commission nationale électorale indépendante, M. Corneille Nangaa, a invoqué en date du 13 février 2016 "des contraintes techniques qui ne permettent pas à la CENI d'organiser les élections dans le délai, notamment l'opération de révision du fichier électoral qui pourra durer au minimum seize ou dix-sept mois".
    Dans un entretien à la Voix de l'Amérique au mois de mars 2016, alors qu'il était en visite à Washington, le président de la CENI, M. Corneille Nangaa, a expliqué qu'il allait "faire une requête à la Cour constitutionnelle pour avoir une petite extension, qui ne sera pas éternelle, limitée dans le temps en tenant compte des exigences", précisant que "cela est arrivé en 2006".
    Le président de la CENI a cependant fait une lecture erronée de la Constitution, s'inspirant probablement du malencontreux précédent qui a donné lieu à l'arrêt R.Const.0089/2015 du 8 septembre 2015, lorsque par une requête signée le 29 juillet 2015, le rapporteur de la CENI a saisi la Cour constitutionnelle en interprétation "des dispositions des articles 10 de la loi de programmation n°15/004 du 28 février 2015 déterminant les modalités d'installation de nouvelles provinces et 168 de la loi n° 06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, telle que modifiée par la loi n° 11/003 du 25 juin 2011 et celle n° 15/001 du 15 février 2015". Le rapporteur de la CENI avait également sollicité, dans une seconde branche, "l'avis de la Cour sur la poursuite du processus électoral tel que planifié par sa décision n° 001/CENI/BUR du 12 février 2015 portant publication du calendrier des élections provinciales, urbaines, municipales et locales de 2015 et des élections présidentielles et législatives de 2016 relativement à l'organisation, dans le délai, des élections provinciales prévues le 25 octobre 2015".
    Cette demande en interprétation a donc donné lieu à un arrêt R.Const.0089/2015 qui, du point de vue de tout juriste averti, reste fort étonnant.
    En effet, sur la première branche de la demande, s'agissant de l'interprétation des lois précitées, il convient tout d'abord de rappeler qu'aucune disposition de la Constitution ne donne qualité à la CENI de saisir la Cour en vue de solliciter l'interprétation de la Constitution, cette saisine n'étant réservée qu'aux organes exécutifs et législatifs centraux et provinciaux, ainsi qu'il est prévu à l'article 161 de la Constitution. On devait donc s'attendre à ce que la Cour rejette la demande de la CENI et la déclare irrecevable pour défaut de droit d'agir, dès lors que la CENI n'était pas habilitée à la saisir.
    Au demeurant, force est de constater que l'arrêt R.Const.0089/2015 de la Cour constitutionnelle ne contient aucune motivation, ni en droit ni en fait, sur la recevabilité de la demande qui lui a été soumise par la CENI, alors que le juge constitutionnel devait relever d'office la fin de non-recevoir tirée du défaut de qualité, conformément à l'article 54 de loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, lequel précise les seules autorités habilitées à introduire devant elle une requête en interprétation de la Constitution.
    Par ailleurs, s'agissant de l'interprétation des dispositions de la loi électorale (n° 06/006 du 9 mars 2006) et de la loi installant les nouvelles provinces (n° 15/004 du 28 février 2015), l'article 161 de la Constitution précise que la Cour constitutionnelle interprète uniquement la Constitution. Elle n'a pas de ce fait la compétence d'interpréter les lois. C'est donc, à bon droit, que la Cour s'était déclarée "incompétente pour interpréter les lois comme [l'avait] sollicité la demanderesse en interprétation".
    En conséquence, nonobstant le reproche formulé supra sur la recevabilité de la requête, nous sommes d'avis que le motif de l'arrêt R.Const.0089/2015 relatif à l'incompétence de la Cour pour interpréter les lois précitées était suffisant pour conclure définitivement au rejet de la requête de la CENI du 29 juillet 2015.
    Au contraire, la Cour "s'était déclarée compétente pour connaître du deuxième chef de la demande et [l'avait] dit partiellement fondé" en ordonnant des mesures provisoires à la CENI et au gouvernement, notamment celui pour le gouvernement "de prendre sans tarder les dispositions transitoires exceptionnelles".
    Il convient de relever que cette seconde branche de la requête de la CENI du 29 juillet 2015 pose la question de savoir si la Cour constitutionnelle a une compétence pour donner des avis ou pour se prononcer sur les calendriers électoraux qui sont élaborés par la CENI.
    En l'espèce, dans sa requête, la CENI "[avait estimé] se trouver devant un cas de force majeure qui ne lui [permettait] pas d'appliquer son calendrier électoral réaménagé par la décision n° 014/CENI/BUR/15 du 28 juillet 2015 portant organisation de l'élection des Gouverneurs et Vice-gouverneurs des provinces".
    A la lecture de la Constitution, seul l'article 76, alinéa 4, attribue une compétence à la Cour constitutionnelle pour se prononcer sur le calendrier électoral de la CENI. En effet, la CENI peut, en cas de force majeure survenue à l'occasion de la convocation de l'élection du nouveau Président de la République pour vacance ou empêchement définitif du Président sortant, saisir la Cour constitutionnelle pour solliciter la prolongation du délai fixé dans le calendrier électoral.
    En dehors de l'article 76, alinéa 4, de la Constitution, aucune autre disposition constitutionnelle ni légale ne donne le droit à la CENI de saisir la Cour constitutionnelle en matière de calendrier électoral, de sorte que l'on devait également s'attendre à ce que la Cour, dans son arrêt R.Const.0089/2015, rejette la demande de la CENI et la déclare irrecevable pour défaut de droit d'agir, dès lors que la CENI n'était pas habilitée à la saisir pour solliciter un avis sur l'application de son calendrier électoral réaménagé.
    De même, la Cour ne pouvait se déclarer compétente pour connaître du deuxième chef de la demande, dès lors qu'aucune disposition de la Constitution, en dehors du cas prévu à l'article 76, alinéa 4, ne lui donne la compétence de connaître des demandes en matière des calendriers électoraux de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
    Dans son arrêt R.Const.0089/2015, la Cour a justifié sa compétence pour connaître du deuxième chef de la demande de la CENI, à savoir la matière du calendrier électoral, en invoquant "[l'usage] de son pouvoir de régulation de la vie politique, du fonctionnement des institutions et de l'activité des pouvoirs publics".
    A cet égard, observons que cette formulation s'apparente à celle contenue dans l'article 69, alinéa 3, de la Constitution qui stipule que le Président de la République "assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que la continuité de l'Etat". L'article 69, alinéas 2 et 3, de la Constitution de la République démocratique du Congo est une copie de l'article 5 de la Constitution de la République française du 4 octobre 1958. C'est le Chef de l'Etat français qui veille au respect de la Constitution et qui assume la fonction régulatrice et protectrice du jeu institutionnel. Le Conseil constitutionnel français, lui, veille au respect des libertés publiques.
    Dès lors, à la lecture de l'article 69 de la Constitution, force est de constater que la compétence dont s'est prévalu la Cour constitutionnelle dans son arrêt R.Const.0089/2015, ne lui est nullement reconnue par la Constitution, laquelle au contraire accorde ladite compétence au Président de la République, de sorte qu'en affirmant détenir un "pouvoir de régulation du fonctionnement des institutions et de l'activité des pouvoirs publics", la Cour constitutionnelle s'est arrogée des prérogatives et des compétences qu'elle n'a pas.
    Plusieurs Cours constitutionnelles de l'Afrique francophone invoquent cette compétence "d'organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l'activité des pouvoirs publics". Cependant, toutes ces Cours tiennent cette compétence de leurs Constitutions ou des lois particulières.
    Il en est par exemple de la Cour constitutionnelle de la République centrafricaine qui dans sa décision n° 004/CC.P. du 09 mars 1999 (3), s'estime compétente pour vérifier la régularité des élections du bureau de l'Assemblée nationale en se fondant sur la loi organique n° 95.006 du 15 août 1995 qui lui donne compétence pour assurer la régulation du fonctionnement des institutions et de l'activité des pouvoirs publics. Dans sa décision n° 011/06/CC du 25 août 2006 (4), la même Cour constitutionnelle de la République centrafricaine a indiqué sa compétence en invoquant l'article 2, alinéa 3, de la loi n° 05.014 du 29 décembre 2005 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, lequel dispose que la Cour "est l'organe qui assure la régulation du fonctionnement des institutions et de l'activité des pouvoirs publics, conformément aux dispositions de la Constitution et des lois particulières".
    Dans son arrêt n° 06-173 du 15 Septembre 2006 (5), la Cour constitutionnelle du Mali a fait application de l'article 85 de la Constitution en ce qu'il lui confère la compétence de réguler le fonctionnement des Institutions et de l'activité des pouvoirs publics.
    En définitive, la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo ne peut invoquer cette compétence que lorsque celle-ci est expressément prévue par la Constitution et dans des lois particulières. La Cour ne peut donc invoquer cette prérogative ex nihilo pour contourner le respect et l'application stricte de la Constitution dont elle a la charge d'assurer la primauté effective, conformément aux articles 160 et 162 de la Constitution.
    Il faut espérer que la Cour constitutionnelle aura compris l'erreur commise dans son arrêt R.Const.0089/2015 et que sa compétence découlant de son "son pouvoir de régulation de la vie politique, du fonctionnement des institutions et de l'activité des pouvoirs publics" ne fera pas jurisprudence, car elle constitue une violation de la Constitution, notamment son article 69, alinéa 3, qui a expressément reconnu au Président de la République, la compétence d'assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions, ainsi que la continuité de l'Etat.
    Enfin, nous observons que la CENI, dans sa requête, avait sollicité un "avis" de la Cour sur la poursuite du processus électoral. Or, il ne ressort d'aucune disposition de la Constitution, ni de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, que celle-ci a la compétence d'émettre un "avis" sur la constitutionnalité du texte soumis à son examen. En effet, aux termes de l'article 168 de la Constitution, la Cour rend des "arrêts" qui ne sont susceptibles d'aucun recours et sont immédiatement exécutoires, nonobstant les expressions parfois utilisées dans la Constitution, en l'occurrence "déclare" et "juge". En effet, dans le cas où elle prononce une déclaration, la Cour prend un "arrêt de déclaration" (articles 44 et 86 de la loi organique précitée du 15 octobre 2013). Dès lors, l'on peut s'interroger, en plus de développements qui précèdent, sur la compétence de la Cour pour connaître, dans son arrêt R.Const.0089/2015, le deuxième chef de la demande de la CENI et surtout, à formuler des avis et donner des injonctions à la CENI et au Gouvernement.
    Il est probable que ces "ratés" dans l'arrêt R.Const.0089/2015 ont fait reculer le président de la CENI, M. Corneille Nangaa, qui a renoncé à saisir la Cour constitutionnelle dans le but de solliciter, pour cause de force majeure, une extension pour la convocation des élections présidentielle et législatives prévues en 2016.
    Aujourd'hui, ce sont les députés de l'Assemblée nationale, membres des partis politiques soutenant le président Kabila, qui ont décidé de prendre la relève du président de la CENI, concomitamment et probablement en synergie avec les experts de la majorité présidentielle qui vont porter les prétentions de la majorité présidentielle au sein du dialogue national convoqué par le président Kabila, lequel est sous-tendu par le facilitateur de l'Union africaine, monsieur Edem Kodjo.
    La Cour constitutionnelle dont six juges parmi les neuf membres qui la composent, sont totalement acquis au Président Kabila - trois ont été nommés sur la propre initiative de M. Kabila et trois ont été désignés par le Parlement, réuni en Congrès, contrôlé par la majorité présidentielle - va être appelée à se prononcer sur l'interprétation de l'article 70 de la Constitution, mais aussi sur les articles 103 et 105 de la Constitution. L'objectif poursuivis par les députés de la majorité présidentielle, est d'obtenir de la Cour de confirmer l'interprétation des partisans de M. Kabila qui postule le maintien de ce dernier au pouvoir au-delà du délai prévu pour la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Mais, en même temps, au cas où la Cour n'accédait pas positivement à leur requête, la majorité présidentielle vise à écarter toute possibilité de voir s'appliquer les articles 75 et 76 de la Constitution, en empêchant l'exercice provisoire des fonctions présidentielles par le Président du Sénat au profit du Président de l'Assemblée Nationale ou de toute autre personne de leur obédience, laquelle pourrait tout autant sortir du dialogue national.
    Il nous semble que la stratégie de la majorité présidentielle est déjà partagée entre les différents pouvoirs et institutions de l'Etat, et il est fort probable que l'interprétation en leur faveur de l'article 70 de la Constitution par la Cour constitutionnelle ne soit pas sérieusement envisagée.
    En effet, il n'est pas besoin d'être un juriste chevronné pour saisir la signification de l'article 70, alinéa 2, de la Constitution, lequel précise qu'"à la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu'à l'installation effective du nouveau Président élu". En d'autres termes, à l'issue de la durée de son mandat, le Président de la République en exercice assume ses fonctions jusqu'à l'installation du nouveau Président qui aura été élu. L'installation effective de ce nouveau Président élu intervient, conformément à l'article 74 de la Constitution, dans les dix jours qui suivent la proclamation des résultats définitifs de l'élection présidentielle. Quant à l'élection de ce nouveau Président, conformément à l'article 73 de la Constitution, le scrutin devra avoir été convoqué par la CENI, quatre-vingt-dix jours avant la fin du mandat du Président en exercice.
    Quid alors, si le scrutin pour l'élection du nouveau Président n'a pas été convoqué par la CENI dans le délai requis, conformément à l'article 73 de la Constitution ?
    Le Président de la CENI, ayant saisi la pertinence de la question et son ampleur, avait souhaité trouver la solution auprès de la Cour constitutionnelle. Mais, ainsi que nous l'avons démontré supra, la Cour n'a pas compétence pour examiner des demandes des avis introduites par la CENI sur son calendrier électoral.
    De même, les députés de la majorité présidentielle ne peuvent se prévaloir d'aucune base constitutionnelle ou légale pour solliciter de la Cour constitutionnelle l'extension ou la suppression du délai prévu à l'article 73 de la Constitution. En effet, contrairement à l'article 76 de la Constitution qui permet une extension du délai du scrutin pour l'élection du nouveau Président de la République en cas de vacance ou d'empêchement définitif du président en exercice, l'article 73 de la Constitution ne prévoit nullement le "cas de force majeure".
    La Cour constitutionnelle ne peut pas non plus, ainsi que nous l'avons démontré dans les développements qui précèdent, "user de de son pouvoir de régulation de la vie politique, du fonctionnement des institutions et de l'activité des pouvoirs publics" pour reconnaître un "cas de force majeure" dans lequel se trouverait la CENI ou le Gouvernement, qui ne permettrait pas d'organiser le scrutin pour l'élection du Président de la République dans le délai requis.
    En définitive, la seule et l'unique voie reste l'application stricte des articles 75 et 76 de la Constitution, lesquels règlent en l'occurrence la vacance de la présidence de la République, notamment "pour toute autre cause d'empêchement définitif".
    L'article 75 de la Constitution est libellé comme suit : "En cas de vacance pour cause de décès, de démission ou pour toute autre cause d'empêchement définitif, les fonctions de Président de la République, à l'exception de celles mentionnées aux articles 78, 81 et 82 sont provisoirement exercées par le Président du Sénat".
    Le Président Kabila n'étant pas décédé et n'ayant pas démissionné, l'hypothèse applicable à notre cas d'espèce se résume à savoir si M. Kabila pourrait se trouver dans une situation d'empêchement définitif à la date du 20 décembre 2016.
    En droit constitutionnel, l'empêchement est une "impossibilité officiellement constatée pour un gouvernant d'exercer ses fonctions (6)". Cette impossibilité officiellement constatée entraîne la non-intervention de la volonté de la personne, l'absence de choix de sa part.
    L'idée "d'impossibilité" est exprimée en droit positif congolais par l'article 84 de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, lequel dispose comme suit :
    "La Cour déclare la vacance de la Présidence de la République.
    La vacance résulte soit du décès ou de la démission du Président de la République, soit de toute autre cause d'empêchement définitif.
    Il y a empêchement définitif lorsque le Président de la République se trouve dans l'impossibilité absolue d'exercer personnellement les fonctions qui lui sont dévolues par la Constitution et par les Lois de la République".
    Le droit constitutionnel congolais ajoute, en effet, que l'impossibilité du Président de la République à exercer "personnellement" ses fonctions constitutionnelles et légales doit être "absolue", c'est-à-dire, une impossibilité dont l'existence ou la réalisation est indépendante de toute condition de temps, d'espace ou de connaissance. Elle n'est pas l'œuvre de la propre volonté du Président de la République, lequel se trouve devant une situation qui lui est imposée par un évènement ou une cause indépendante de sa volonté.
    Force est de constater que l'article 70, alinéa 1er, de la Constitution, disposition intangible, doit être considéré, en l'espèce, comme la cause d'empêchement définitif qui ouvre la vacance de la présidence de la République en République démocratique du Congo. En effet, selon l'article 70, alinéa 1er, de la Constitution, le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Or, M. Joseph Kabila avait été élu pour un second mandat le 28 novembre 2011 et investi officiellement Président de la République démocratique du Congo, le 20 décembre 2011. Dès lors, force est de constater que le dernier mandat de M. Kabila expire le lundi 19 décembre 2016, à 23 heures 59 minutes.
    En conséquence, conformément à l'article 70, alinéa 1er, de la Constitution, M. Kabila se trouve à partir du 20 décembre 2016 à 24 heures 01 minute, dans l'impossibilité absolue d'exercer personnellement les fonctions qui lui sont dévolues par la Constitution et par les lois de la République. La vacance de la présidence de la République devra ainsi entraîner l'application de l'article 76 de la Constitution, lequel s'inscrit dans une logique de continuité des pouvoirs publics et non dans une logique de succession.
    En saisissant la Cour constitutionnelle pour l'interprétation de l'article 105 de la Constitution, les députés de la majorité présidentielle semblent redouter l'application de l'article 76 précité. Ils espèrent voir la Cour déclarer le Sénat illégitime, ce qui en soi, ne peut empêcher la légalité dont jouit cette institution depuis 2011, même si elle doit être considérée comme une légalité de crise. Car, méconnaître toute légalité au Sénat revient à considérer comme entachés de nullité absolue tous les textes de lois qui ont été adoptés par cette chambre parlementaire depuis 2011, y compris la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, laquelle organise notamment la procédure et les modes de saisine de la Cour Constitutionnelle ainsi que les effets de ses décisions. La Cour ne pourra scier la branche sur laquelle elle est assise.
    Toutefois, la mise en œuvre de l'article 76 de la Constitution exige la participation directe du Gouvernement et de la Cour constitutionnelle. En effet, l'article 76, alinéas 1 et 3, de la Constitution semble présenter deux hypothèses : la première hypothèse est celle où la Cour constitutionnelle déclare "la vacance de la présidence de la République", tandis que la seconde est celle où la Cour "déclare l'empêchement définitif du Président de la République".
    En l'espèce, si le scrutin prévu à l'article 73 de la Constitution n'est pas convoqué dans le délai requis, le Gouvernement aura à saisir la Cour constitutionnelle pour lui demander : 1) de constater que le second et dernier mandat présidentiel de monsieur Joseph KABILA KABANGE arrive à son terme le 19 décembre 2016 ; 2) de constater que, conformément aux articles 70 et 220 de la Constitution, monsieur Kabila se trouve à partir du 20 décembre 2016, dans l'impossibilité absolue d'exercer personnellement les fonctions qui lui sont dévolues par la Constitution et par les lois de la République et dès lors de déclarer son empêchement définitif ; 3) de déclarer la vacance de la présidence de la République ; 4) de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de veiller au respect scrupuleux des dispositions de l'article 76, alinéa 2, 3 et 4, de la Constitution.
    Cependant, il est probable, voire certain que le Gouvernement ne se soumettra pas à cette procédure constitutionnelle. En effet, totalement inféodé au régime du président Kabila, il s'abstiendra de saisir la Cour constitutionnelle, d'autant plus qu'aucune disposition constitutionnelle ou légale ne l'y oblige. Il en serait bien sûr autrement si le Président Kabila venait à décéder ou à démissionner volontairement. Mais, le mode d'exercice du pouvoir par la majorité présidentielle pousse à conclure que jamais le Gouvernement ne soumettra une requête à la Cour constitutionnelle pour faire déclarer l'empêchement définitif du Président Kabila.
    A notre avis, l'article 76, alinéa 3, de la Constitution apporte une solution à l'inaction du Gouvernement. Cette disposition est libellée comme suit : "En cas de vacance ou lorsque l'empêchement est déclaré définitif par la Cour constitutionnelle, l'élection du nouveau Président de la République a lieu sur convocation de la Commission électorale nationale indépendante, soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus, après l'ouverture de la vacance ou de la déclaration du caractère définitif de l'empêchement".
    Cette disposition se justifie notamment dans le cas où le Gouvernement s'abstient de saisir la Cour constitutionnelle pour faire déclarer la vacance de la présidence de la République, à la suite de l'empêchement définitif de M. Joseph Kabila, celui-ci décidant de se maintenir au pouvoir au-delà de son dernier mandat, en l'espèce après le 19 décembre 2016.
    Il nous semble que le Constituant a pu prévoir cette éventualité en édictant les deux hypothèses précitées, ce qui se traduit par les expressions "en cas de vacance ou lorsque l'empêchement est déclaré définitif" et "après l'ouverture de la vacance ou de la déclaration du caractère définitif de l'empêchement". La conjonction "ou" contenue dans les deux phrases n'indique nullement une expression alternative de la même chose, mais plutôt une disjonction exclusive qui signifie qu'un seul dans la liste est envisageable à la fois. Il en résulte que "la déclaration d'ouverture de la vacance" et "la déclaration du caractère définitif de l'empêchement", prises par la Cour constitutionnelle, peuvent intervenir pour des demandes distinctes, pour des périodes et des situations différentes.
    Il ne peut dès lors être contesté que la saisine de la Cour, s'agissant d'une demande en déclaration du caractère définitif de l'empêchement, peut être faite par une autre autorité que celle qui est prévue à l'article 76, alinéa 1er, de la Constitution, en l'occurrence le Gouvernement.
    Nous considérons que dans l'éventualité où le président Kabila aura décidé de se maintenir au pouvoir au-delà du 19 décembre 2016, rien ne pourra empêcher l'une des autorités citées à l'article 161 de la Constitution, en l'espèce et notamment le Président du Sénat et/ou un dixième des membres de chacune des Chambres parlementaires, de saisir la Cour constitutionnelle en interprétation des articles 75 et 76 de la Constitution, en demandant à la Cour de se prononcer sur lesdites dispositions concernant le caractère définitif de l'empêchement du président Kabila.
    A cet égard, la recommandation du professeur André Mbata faite aux députés et sénateurs de l'opposition des Chambres parlementaires pour introduire auprès de la Cour constitutionnelle des requêtes en interprétation de l'article 73 de la Constitution, nous paraît d'une importance prééminente, car la Cour sera forcément amenée "à déterminer d'ores et déjà la date exacte de la convocation du scrutin pour l'élection présidentielle" (7). En effet, dès lors que, conformément à l'article 168 de la Constitution, les arrêts de la Cour ne sont susceptibles d'aucun recours et sont immédiatement exécutoires, la Cour constitutionnelle qui aura été saisie après le 19 décembre 2016 pour l'interprétation des articles 75 et 76 de la Constitution, serait soumise à son propre arrêt ayant acquis la force de la chose jugée et serait forcément amenée à déclarer le caractère définitif de l'empêchement de monsieur Joseph Kabila.
    Malheureusement, la démonstration juridique ne suffit pas à garantir que la Cour constitutionnelle sera prête à suivre les schémas que nous avons décrits dans cette analyse. Dans une tribune sur la requête en interprétation de l'article 70 de la Constitution que les députés de la majorité présidentielle ont décidé de soumettre à la Cour, M. Olivier KAMITATU, Vice-Président du G7 et Président de l'ARC, fin connaisseur de la politique congolaise a écrit ce qui suit : "Après son arrêt qui a abouti à l'installation des commissaires spéciaux de courte durée et de triste mémoire qui n'ont servi qu'à gagner du temps pour l'organisation d'un simulacre d'élections, la Cour Constitutionnelle a une nouvelle occasion de "briller" en offrant à la République un Super Commissaire Spécial pour la grande Province du Congo !" (8)
    Par ailleurs, dans une interview diffusée le 8 avril 2016 par la RFI, M. Tom Perriello, l'envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs, a déclaré ce qui suit : "Constitutionnellement, son mandat [du président Kabila] se termine le 19 décembre. S'il n'y a pas d'élections ou une façon de sortir de la situation actuelle, d'ici là, il s'agira d'une très grave crise constitutionnelle. Nous savons, par suite de ce qui s'est passé au Burundi, notamment, que cela peut mener à une grande instabilité. Nous sommes portés à croire que nous sommes face, à plusieurs égards, à une crise montée de toutes pièces parce que le pays s'est attelé à la tâche, depuis deux ans, de jeter les bases de la démocratie ; il s'est doté d'une constitution. Alors rien n'empêche la RDC de tenir ce qui pourrait être une transition pacifique et historique. Le principal obstacle est le gouvernement, qui se refuse à faire le nécessaire pour aller en ce sens. Tout porte à croire que ce "glissement" n'est pas fortuit, mais un choix délibéré, une stratégie à très haut risque, dans un pays qui a pourtant déjà beaucoup fait pour passer - grâce aux efforts du président Kabila - de la guerre civile, la plus sanglante de l'ère moderne, à la stabilité. Mais tout cela pourrait mis en péril, mis en péril pour des raisons tout à fait artificielles".(9)
    Dans ces conditions, comment ne pas craindre la Cour constitutionnelle, d'autant plus que les six juges parmi les neuf qui la composent, sont totalement acquis au Président Kabila.
    Heureusement, l'article 64 de la Constitution vient à la rescousse des libertés publiques, sans que la Cour constitutionnelle ne soit appelée à les garantir. En effet, cette disposition est libellée comme suit : "Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la présente Constitution. Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et l'Etat. Elle est punie conformément à la loi."
    Il ne fait l'ombre d'aucun doute que le régime en place multiplie divers stratagèmes pour retarder au-delà du délai constitutionnel le scrutin pour l'élection du Président de la République prévu en 2016, dans le but de proroger le mandat actuel du président Joseph KABILA au-delà du 19 décembre 2016. Il ne peut dès lors être contesté que les "raisons artificielles" et la "crise montée de toutes pièces" par le Gouvernement congolais, ainsi qu'il a été constaté à juste titre par M. Tom Perriello, sont des éléments qui peuvent être considérés comme étant "une tentative de renversement du régime constitutionnel". Par ailleurs, de l'aveu de la CENI, il est certain que l'élection de M. Kabila ne pourra être organisée avant le 19 décembre 2016, de sorte que son maintien au pouvoir au-delà du prescrit constitutionnel semble acquis.
    Or, l'article 64 de la Constitution reconnaît à tout congolais "le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la présente Constitution". Il convient de rappeler que le "devoir" imposé à tout Congolais par la Constitution est celui que Emmanuel Kant (10) définit comme étant "la nécessité d'accomplir une action par respect pour la Loi", laquelle est "un objet de respect et par conséquent […] un commandement", de sorte que toute "action accomplie par devoir exclut complètement l'influence de l'inclination et avec elle tout objet de la volonté".
    En conséquence, dès lors que le devoir de tout Congolais est d'obéir à la Constitution en faisant échec à tout individu qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation de la Constitution, et dans la mesure où il n'est pas besoin, pour obéir à la Constitution, de la volonté d'un être raisonnable, les actions menées par le peuple congolais en "exécution" de l'article 64, alinéa 1er, de la Constitution, ne peuvent en aucun cas être poursuivies par la justice pénale, ni par la justice civile. Au contraire, la Constitution punit l'individu ou le groupe d'individus à la base des actions menées par le peuple, dès lors que cet individu ou groupe d'individus est présumé avoir commis des actes attentatoires au renversement du régime constitutionnel ou qu'il a renversé ledit régime.
    Il appartient donc au Président Kabila, à son Gouvernement, à la CENI et à la Cour constitutionnelle, de respecter l'esprit et la lettre de la Constitution de la République démocratique du Congo, votée à 84% par le Peuple congolais lors du référendum organisé les 18 et 19 décembre 2005 et promulguée le 18 février 2006.
    La Résolution 2277 (2016), adoptée par le Conseil de sécurité le 30 mars 2016 a demandé à toutes les parties prenantes d'engager un dialogue politique ouvert et sans exclusive sur la tenue de l'élection présidentielle, conformément à la Constitution. Le 6 avril 2016, la Présidente de la Commission l'Union africaine a rendu public la nomination de M. Edem Kodjo comme facilitateur pour le dialogue national en République Démocratique du Congo, précisant que cette nomination "vise à aider à la convocation d'un dialogue global en vue de régler les problèmes liés aux prochaines élections" en RDC.
    Nous sommes d'avis que ce dialogue participe à la stratégie de M. Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du mandat constitutionnel et si ce n'est pas le cas, nous adhérons aux déclarations de M. Vital KAMERHE, ancien président de l'Assemblée nationale et président de l'UNC, qui a redit sur les ondes de Radio Okapi, le 11 avril 2016, son opposition au Dialogue politique, mais a promis d'en endosser ses résolutions si elles respectent la Constitution et les délais y prescrits en cas d'élection présidentielle.

    (1)http://www.radiookapi.net/2016/04/14/actualite/politique/rdc-des-deputes-de-la-mp-comptent-saisir-la-cour-constitutionnelle, consulté le 15/04/2016
    (2)Idem
    (3)http://www.codices.coe.int/NXT/gateway.dll?f=templates&fn=default.htm, consulté le 19.03.2016
    (4)http://www.codices.coe.int/NXT/gateway.dll?f=templates&fn=default.htm, consulté le 19.03.2016
    (5)http://www.codices.coe.int/NXT/gateway.dll?f=templates&fn=default.htm, consulté le 19.03.2016
    (6)Lexique des termes juridiques, Serge Guinchard et Thierry Debard, DALLOZ, 23ème édition, 2015-2016, p.428
    (7)http://7sur7.cd/new/recours-en-interpretation-de-larticle-73-prof-andre-mbata-manguadministre-une-gifle-fatale-a-la-kabilie-et-a-la-majorite-presidentielle/, consulté le 17 avril 2016
    (8)http://www.politico.cd/actualite/la-une/2016/04/14/olivier-kamitatu-mp-kabila-succeder-a-kabila.html, consulté le14 avril 2016
    (9)http://www.rfi.fr/emission/20160408-rdc-tom-perriello-monusco-protection-civils-kabila, consulté le 11 avril 2016
    (10)Emmanuel Kant, Fondements de la Métaphysique des mœurs, Première section, Traduction de Victor Delbos (1862-1916) à partir du texte allemand édité en 1792, p. 17
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